Images de page
PDF
ePub

ces de l'empereur, fut exilé dans une ile déserte où il opéra des merveilles. Les pêcheurs et les négociants en ont fait leur patron. On le représente ordinairement sur la cime d'un rocher au bord de la mer, une ligne dans une main et un poisson dans l'autre. JEKIRE. - Selon l'opinion des Japonais, Jékire est un esprit malin qui répand toutes les maladies sur la terre. Le seul moyen de l'éloigner est de répéter souvent la prière éjaculatoire que ces insulaires appellent Namanda, et qui consiste en ces paroles: Bienheureux Amida, sauvez-nous. Quelquefois lorsqu'une ville est affligée de quelque maladie épidémique, tous les citoyens se rassemblent, et poursuivent le malin esprit jusqu'au delà de leur territoire, en poussant de grands cris, et prononçant sans cesse cette prière qui peut seule éloigner Jékire.

JEMMA-O. Xaca, dont la secte est trèsrépandue dans le Japon, enseigne que, dans le lieu du supplice que les méchants vont habiter après la mort, il y a un juge sévère, nommé Jemma-o, qui règle la rigueur et la durée des châtiments selon les crimes de chacun. Il a devant les yeux un grand miroir qui lui représente fidèlement les actions les plus secrètes des hommes. Il n'y a que l'intercession d'Amida qui puisse fléchir ce juge inexorable, et l'on gagne sa bienveillance par des présents. La pagode de Jemma-0 est située dans un bois, à peu de distance de Méaco. Ce dieu redoutable y est représenté ayant à ses côtés deux diables hideux dont l'ensemble dicter les mauvaises actions des hommes à l'autre qui les écrit. Les murs de

pagode sont couverts de tableaux représentant les tourments affreux destinés aux âmes des méchants. On dit ce temple extrêmement riche.

JENE. Divinité des Japonais, particulièrement chargée de veiller sur les âmes des vieillards, et sur celles des personnes mariées. Il semble que ces idolâtres attribuent au dieu Jéne une partie des fonctions de la Providence. On le trouve représenté dans les pagodes avec quatre visages et quatre bras. Dans une de ses mains on voit un sceptre, au bout duquel est un soleil; dans une autre, une couronne de fleurs; dans la troisième, une verge, et dans la dernière, une cassolette remplie de parfums.

JERUSALEM. Cette ville sainte a toujours été un lieu de grande vénération pour les musulmans. Mahomet ordonna dans les premières années de la publication de sa loi, que tous les musulmans se tourneraient vers le temple de Jérusalem en faisant leur prière. Après sa mort ses sectateurs, pour la plupart, furent d'avis qu'on l'enterrát dans l'enceinte de cette ville. Le temple qu'Omar y fit bâtir sur la pierre de Jacob, est censé le premier des pèlerinages et des lieux de dévotion que les musulmans visitent après ceux de la Mecque et de Médine. Les Turcs soutiennent que Jérusalem est située au milieu de la terra habitable.

JESIDES. Nom que les mahométans donnent à quelques hérétiques. On distingue

les Jésides en blancs et en noirs. Les blancs n'ont point le collet de leurs chemises fen ( du; ils n'y laissent qu'une ouverture ronde pour passer la tête, et cela en mémoire d'un cercle d'or et de lumière descendu du ciel dans le cou du chef de leur secte. Les mahométans orthodoxes et les Jésides se portent une haine irréconciliable, et la plus grande injure que l'on puisse proférer contre un musulman, c'est de l'appeler Jéside. Ce dernier aime les Chrétiens, soit parce qu'il est dans la persuasion que Jéside, leur chef, est le même que Jésus-Christ, soit qu'une vieille tradition fui laisse croire que jadis les Chrétiens se sont unis à sa secte contre les musul

mans.

Au reste les Jésides ne font nulle difficulté de boire du vin, et de se nourrir de la chair de porc ils vivent dans la plus grande ignorance, et n'ont aucun livre; cependant ils croient à l'Evangile et aux Livres sacrés des Juifs qu'ils n'ont jamais lus. On les entend chanter des cantiques en l'honneur de JésusChrist, de la Vierge Marie, de Moïse et de Mahomet. Leur culte se réduit à faire des vœux et des pèlerinages; mais on ne leur connaît ni temple, ni mosquée, ni chapelle. Ils n'observent aucune cérémonie religieuse.

Par haine contre les mahométans orthodoxes, quand ils prient, ils se tournent du côté de l'orient, parce que leurs antagonistes regardent le midi pendant leurs prières. Ils ne maudissent pas le diable, parce qu'ils se persuadent qu'un jour il pourra rentrer en grâce auprès de Dieu, dont il est l'exécuteur de la justice dans l'autre monde. Les Jésides noirs passent pour des saints, et par cette raison on ne doit pas pleurer leur mort. I ne leur est pas permis de tuer les animaux ;. mais ils peuvent se nourrir de la chair de ceux que les blancs tuent. Ils vivent tous errants à la mode des Arabes le divorce est permis parmi eux, pourvu que ce soit pour se faire fakir ils ne se coupent jamais la barbe. On a remarqué parmi eux un usage pouvant porter à croire qu'ils descendent de quelque secte chrétienne. Dans leurs festins de cérémonie, l'un d'eux présente une tasse pleine de vin à un autre, et lui dit : « Prenez le calice du sang de Jésus-Christ. »> Celui qui le reçoit baise la main de celui qui lui présente la tasse et boit.

JESUATES ou CLERCS APOSTOLIQUES DE SAINT-JÉRÔME. Ordre religieux fondé en 1633, par saint Colombin qui lui donna la règle de Saint-Augustin. Approuvé par Urbain V, cet ordre fut mis par Pie V au nombre des ordres mendiants, et supprimé par Clément FX en 1668. Les religieuses jésuates ne furent pas comprises dans cette suppression.

[blocks in formation]

écoliers approuvés, qui, après deux ans de noviciat, ont été reçus et ont fait les trois vœux non solennels; les frères lais ou coadjuteurs temporels, qui sont des laïques ne prononçant que des vœux simples et employés à des travaux manuels; les novices, qui subissent un noviciat de deux ans.

Le chef de l'ordre porte le nom de général; il est à la tête d'un conseil dont les membres s'appellent assistants, et il a pour second un officier appelé admoniteur. On nomme provinciaux les membres de l'ordre chargés de gouverner les grandes circonscriptions appelées provinces. Jamais l'Eglise catholique n'a eu un ordre qui lui ait rendu tant de services et lui ait été plus courageusement dévoué. De là la malheureuse impopularité qu'ont toujours cherché à attirer sur cet ordre, non-seulement les ennemis de l'Eglise, mais encore bon nombre d'hommes qui font profession de l'aimer et de la servir, mais se sentent humiliés de voir que d'autres se montrent plus zélés qu'eux pour sa gloire, et savent mieux pratiquer qu'eux les grandes vertus propres à la faire honorer.

JESUMI. A la fin du dernier siècle il restait encore quelques traces du Christianisme dans l'empire du Japon. Aussitôt que le gouvernement soupçonnait quelqu'un d'être Chrétien, il le faisait jeter dans les prisons de Nangasaki, et n'épargnait aucun tourment pour lui faire abjurer sa religion. Aujourd'hui on enferme de même ceux qui sont reconnus pour Chrétiens; mais on ne les fait plus mourir, et ils sont traités avec quelque douceur. Deux fois l'année, on les conduit au palais du gouverneur pour engager à déclarer les autres Chrétiens. Dans leur prison, il leur est permis de se baigner, de jouir de quelques instants de promenade, et d'employer le produit de leur travail à soulager leurs femmes et leurs enfants, qui sont dans une prison séparée.

les

Dans la province de Nangasaki, on forme chaque dernier jour de l'année une liste des noms de tous les habitants, auxquels noms on ajoute la date de leur âge, le lieu de leur demeure, leur profession et leur religion cette liste achevée, le second jour de l'année on commence ce qu'on appelle le jésumi. C'est un acte solennel d'abjuration du Christianisme, dans lequel on foule aux pieds l'image du Sauveur attaché à la croix et celle de la sainte Vierge. Les officiers de police se transportent dans chaque maison de leurs districts, où ils citent hommes, femmes, enfants, domestiques: ils placent les images sur le plancher nu, et chaque personne à son tour doit les toucher du pied. Ensuite ils dressent un procès-verbal de ce qui s'est passé, le signent et y apposent leur sceau. Lorsque quelqu'un meurt dans le cours de l'année, on doit appeler des témoins pour prouver qu'il est mort naturellement, et pour examiner s'il n'a pas sur le corps quelques marques du Christianisme. Ce n'est que sur le certificat de ces témoins qu'on obtient la permission de faire ses funérailles.

JESUS (ORDRE DE). - Nom d'un ordre de

chevalerie, institué à Rome, en 1459, par le pape Pie II, pour s'opposer aux Turcs. Paul V en institua un autre, en 1615, sous le nom de Chevaliers de Jésus et de Marie, qui portaient une croix émaillée de bleu, ornée d'or, au milieu de laquelle il y avait un nom de Jésus d'or.

Les Filles de l'Enfant Jésus sont une société de filles, établies à Rome, en 1661, au nombre de trente-trois, pour honorer les trenteterre. Une autre congrégation de filles, dont trois années que Jésus-Christ a passées sur la on a publié l'histoire, fut instituée à Toulouse sous le même nom, et la même année. Mais elle dura peu de temps.

JEU. Dans tous les temps les hommes ont cherché à se délasser, à s'amuser et à jeux. Les Grecs, pendant le siége de Troie, charmer leur ennui par l'exercice de certains inventèrent plusieurs jeux pour en tromper la longueur, et en adoucir les fatigues : mais les Lacédémoniens bannirent entièreChilon refusa de faire un traité d'alliance ment le jeu de leur république. Le Spartiate les magistrats et les guerriers de ce peuple avec les Corinthiens, parce qu'il avait trouvé fameux occupés à jouer. La passion du jeu devint une espèce de fureur parmi les Robeaucoup de peine à la modérer. Juvénal mains, et les lois les plus sévères eurent (Sat. 1) dit à ce sujet : La frénésie des jeux Car ne vous figurez pas qu'on se contente de de hasard a-t-elle jamais été plus grande? risquer, dans ces académies de jeux, ce qu'on a par occasion d'argent sur soi: on y fait porter exprès des cassettes pleines d'or pour les jouer en un coup de dés.

Les Germains furent aussi passionnés pour les jeux de hasard : dépouillés de toutes leurs richesses par un coup fatal, ils poussaient la fureur jusqu'à se jouer eux-mêmes.

Jusqu'à ces derniers temps le jeu n'avait jamais été pour les Français une passion qui pût leur être reprochée comme une honte; mais il n'en est plus ainsi aujourd'hui. Les ravages immenses qu'ont déjà faits dans nos époque toutes les flétrissures que l'histoire mœurs les jeux de Bourse mériteront à notre puisse faire entendre sa voix indignée, prions lui réserve à ce titre. En attendant qu'elle

Dieu d'accroître au milieu de nous les vigoureux mépris que la conscience publique jette aux fortunes si déplorablement improvisées qui scandalisent aujourd'hui tout homme capable de comprendre que les impunités dont jouissent ces fortunes tendent à décourager également les travailleurs des bras et ceux de l'intelligence.

JEUX PUBLICS.-L'institution des jeux publics eut toujours chez les anciens la religion pour motif apparent ils commençaient ordínairement par des sacrifices et autres cérémonies religieuses. Les Grecs avaient leurs jeux gymniques et leurs jeux scéniques. Les jeux gymniques comprenaient tous les exercices du corps, la course à pied, à cheval, en char, la lutte, le saut, le javelot, le disque, le pugilat et le pentathle. Les jeux scèniques se

[merged small][ocr errors][merged small]

représentaient sur un théâtre. Il y avait aussi des jeux de musique et de poésie. Des juges étaient toujours préposés pour décider de la victoire dans les combats dangereux et violents ils prononçaient debout; dans ceux où il ne s'agissait que des ouvrages d'esprit, de musique ou de chant, ils étaient assis. Les plus remarquables de ces jeux étaient les Olympiques, les Pythiens, les Néméens et les Isthmiens, dont on peut consulter les articles. Indépendamment de ces grands jeux il y en avait de particuliers, où l'on distribuait aux vainqueurs des cuirasses, des boucliers, des épées, des casques, des vases, des coupes d'or et des esclaves; mais les couronnes d'ache, d'olivier et de laurier, étaient réservées pour les triomphateurs dans les grands jeux.

Les Romains avaient leurs jeux circenses et leurs jeux scéniques: les premiers se célébraient dans le cirque, les seconds sur la scène. Les jeux consacrés aux dieux se divisaient en jeux sacrés et en jeux votifs, parce qu'ils se donnaient toujours pour demander quelque grâce, en jeux funèbres et en jeux divertissants.

Tant que le trône subsista dans Rome, les rois réglèrent les jeux romains; après leur expulsion, les consuls et les préteurs présidèrent aux jeux circenses, apollinaires et sécu laires; les édiles plébéiens, aux jeux plébéiens, et le préteur ou les édiles curules, aux jeux dédiés à Cérès, à Apollon, à Jupiter, à Cybèle, et autres grands dieux.

Les jeux, spécialement appelés romains, étaient divisés en grands et petits jeux. Les grands jeux furent institués l'an de Rome 387, en mémoire de ce que Camille avait su par son habileté réconcilier le sénat et le peuple. Il fut ordonné qu'au lieu de trois jours que duraient précédemment les jeux publics, cette réconciliation serait célébrée pendant quatre jours consécutifs. Les jeux institués en l'honneur des dieux infernaux étaient con

nus sous le nom de Taurilia, Compitalia et Tarentini ludi. Les jeux scéniques consistaient en tragédies, comédies et satires, représentées sur les théâtres en l'honneur de Bacchus, de Vénus et d'Apollon. Ils étaient précédés par les exercices des danseurs de corde, des voltigeurs, des mimes et des pantomimes, dont les Romains devinrent idolâtres. JEUX DES ENFANTS DE ROME. - Notre tendre jeunesse s'occupe des jeux de la toupie, de cligne-musette, de colin-maillard; les enfants des Romains représentaient dans leurs jeux des tournois sacrés, des campements d'armées, des batailles et des triomphes. Un de ces jeux était ce qu'ils appelaient judicia ludere : ils nommaient des juges, des accusateurs, des défenseurs et des licteurs qui conduisaient en prison ceux qui venaient d'être condamnés. Un jour un de ces enfants, après avoir entendu son jugement, fut livré à un de ses camarades plus grand que lui, qui l'enferma dans une petite chambre l'enfant eut peur, et appela à son secours Caton, si fameux dans la suite, qui était du jeu. Caton se fait jour à travers tous ses compagnons, il délivre son client.

l'emmène chez lui, où tous les autres enfants le suivirent. Quelque temps après, Sylla, voulant donner à Rome le tournoi sacré des enfants à cheval, nomma Sextus, neveu du grand Pompée, pour capitaine d'une des deux bandes : les enfants crièrent qu'ils ne courraient pas s'ils n'avaient Caton à leur tête; Sextus lui céda cet honneur. Caton, depuis, le premier des Romains, était déjà le premier entre les enfants de son âge. Rien n'est indifférent pour connaître les mœurs d'un peuple aussi fameux.

-

JEUX JUVENAUX ou NÉRONIENS. Lorsque l'empereur Néron se fit faire la barbe pour la première fois, il institua des jeux mêlés d'exercices et de danses. Ils furent d'abord particuliers, mais bientôt il les rendit publics et solennels, et l'on y disputa des prix de poésie. Néron, comme on se le persuade bien, fut couronné souvent, quoiqu'il eût pour concurrents les plus beaux génies de Rome.

JEUNE. Toutes les nations du monde se sont rencontrées dans l'observation du jeûne: toutes les religions l'ont prescrit en certaines occasions. Les Egyptiens, les Phéniciens, les Assyriens, ont eu leurs jeûnes sacrés. Les Athéniens jeûnaient dans leurs fêtes d'Eleusine et des Thesmophories: les femmes passaient un jour entier sans prendre de nourriture. Les prêtres de Jupiter et de Cérès jeûnaient avant de rendre les oracles, et ceux qui les consultaient devaient se préparer par le jeûne. Il y a apparence que ce fut Numa Pompilius qui introduisit le jeûne chez les Romains. Ce prince observait de jeûner avant les sacrifices qu'il offrait chaque année pour les biens de la terre. Il y eut ensuite un jeûne établi en l'honneur de Cérès, et le peuple entier l'observait régulièrement de cinq ans en cinq ans. Jupiter avait aussi des jeunes réglés. On trouve les jeûnes ordonnés chez les Chinois de temps immémorial. Tous les orientaux jeûnent et se macèrent le corps dans les temps des désolations; les musulmans ont leur Ramadan, et l'on sait jusqu'à quel point d'extravagance leurs dervis poussent le jeûne et les mortifications.

Dans les temps de calamités particulières ou générales, il est certain que les hommes ont négligé de prendre de la nourriture; et il est naturel de croire qu'ensuite ils ont regardé cette privation volontaire comme un acte de religion capable d'apaiser la colère des dieux. Jésus-Christ est venu, il a sanctifié le jeûne, et toutes les communions chrétiennes l'ont adopté.

Les mahomé

JEUNE DE L'ASCHOURA. tans font tomber ce jeûne au dixième jour du mois de Moharran: 1° parce qu'avant la naissance du musulmanisme, les anciens Arabes jeûnaient ce jour-là; 2° parce qu'à pareil jour Noé sortit de l'arche; 3° pour conserver la mémoire du jour auquel Dieu pardonna aux Ninivites.

Les Persans, sectateurs d'Aly, apportent une raison de plus pour motiver la célébration de ce jeûne solennel. Ils disent que c'est le jour où fut tué Hussein, fils d'Aly, et

ils le passent dans les lugubres cérémonies d'une pompe funèbre, entremêlées de cris, de plours et de lamentations. Il est probable que Mahomet a emprunté ce jeûne des Juifs; car il répond au jour des expiations, qui, suivant le Levitique, tombe au dixième du mois Tisri. JEUNES DES GRECS. Les Grecs ont quatre grands jeûnes. Le premier commence le quinze novembre, ou quarante jours avant Noël. Le second est notre Carême qui précède immédiatement Pâques. Le troisième est appelé le jeûne des saints apôtres; il commence la semaine d'après la Pentecôte, et dure jusqu'à la fête de saint Pierre et de saint Paul. Le quatrième Carême commence au premier jour du mois d'août, et cesse au jour de la fête de l'Assomption de la Vierge. Pendant ce jeûne, les religieux n'oseraient pas manger de l'huile, excepté la fête de la Transfiguration, où l'on peut manger du poisson et de l'huile. Ils ont, outre ces quatre carêmes, quantité de jeûnes particuliers, dont l'observation est expressément recommandée; car ils croient que ceux qui violent sans nécessité les lois de l'abstinence, se rendent aussi criminels que ceux qui commettent un adultère ou un vol. Ils sont si rigides dans l'observation de ces austérités, qu'ils n'admettent point de cas de nécessité où l'on puisse donner des dispenses.

Selon eux le patriarche ne peut pas permettre l'usage de la viande, lorsque l'Eglise le défend. Ainsi, par une fausse piété, un malade meurt faute du plus léger secours. Il n'y a chez les Grecs qu'environ cent trente jours dans l'année pendant lesquels il soit permis de manger de la viande.

JEUNES DES JUIFS. Ce peuple qui a touCe peuple qui a toujours cru pouvoir racheter ses péchés par des rites extérieurs, des macérations et des jeunes, observe quatre grands jeûnes en mémoire des calamités qu'il a souffertes il a aussi des jeunes prescrits les derniers jours des mois lunaires, et les jours anniversaires de la mort des parents et des amis.

Ces abstinences doivent durer vingt-sept ou vingt-huit heures, c'est-à-dire, commencer avant le coucher du soleil, et ne finir que le lendemain, lorsque les étoiles paraissent. Ce jour-là les anciens Juifs prenaient un habit blanc fait exprès, et se couvraient d'un sac en signe de pénitence. Souvent ils se couchaient sur la cendre; ils en mettaient sur leur tête, et même, dans les grandes désolations, sur l'arche d'alliance le plus grand nombre passait toute la nuit et le jour suivant dans le temple en prières, en lectures, nu-pieds, et se donnant rigoureusement la discipline. Après le jeûne leur souper était souvent du pain trempé dans l'eau, du sel pour tout assaisonnement, et des herbes amères, ou autres légumes.

-

JIAR. Nom du huitième mois de l'année civile des Juifs, et le second de leur année sainte. Ils jeûnent le dix de ce mois à l'occasion de la mort d'Héli, souverain sacrificateur, et de la prise de l'arche sous son pontificat, et aussi pour réparer les fautes commises dans la célébration de la Pâque.

JOACHIMITES. Hérétiques du x sièxII° cle qui reconnaissaient pour chef Joachim, abbé de Flore en Calabre, prétendu prophète, dont les ouvrages furent condamnés avec leur auteur en 1215 par le concile de Latran, et par celui d'Arles en 1260. L'abbé Joachim prétendait que le Père, le Fils et le Saint-Esprit, faisaient un seul être, non parce qu'ils existaient dans une substance commune, mais parce qu'ils étaient aussi étroitement unis de consentement et de volonté, que s'ils n'eussent formé qu'un seul être. D'après cette doctrine, qui n'était qu'un véritable trithéisme, les Joachimites disaient que le Père avait opéré depuis le commencement du monde jusqu'à l'âvénement du Fils, que l'opération du Fils avait duré jusqu'à leur temps, pendant douze cent soixante ans, qu'après cela le Saint-Esprit devait opérer à son tour. Tout, selon eux, ainsi que les trois personnes de la sainte Trinité, était divisé en trois états qui devaient se succéder, ou qui s'étaient déjà succédé les uns aux autres. Le premier ternaire des hommes comprenait trois états ou ordres d'hommes. Le premier était celui des gens mariés, qui, sous l'Ancien Testament, avait duré du temps du Père éternel: le second, celui des clercs, qui du temps de la grâce, avait régné par le Fils: et le troisième, celui des moines, qui devait régner par la plus grande grâce du Saint-Esprit. Le second ternaire de la doctrine comprenait l'Ancien Testament, qui était l'ouvrage du Père; le temps du Nouveau Testament, qui était celui du Fils; et l'Evangile éternel, qui était la production du fanatique abbé Joachim. Le ternaire des temps comprenait celui qui s'était écoulé sous la loi mosaïque; celui qui s'était passé depuis la venue de Jésus-Christ jusqu'à leurs jours, et enfin celui qui se passerait sous le règne du Saint-Esprit qui commencait, et pendant lequel la vérité serait découverte. Ils ajoutaient encore que sous le règne du Père les hommes vivaient selon la chair; que sous le règne du Fils ils vivaient entre la chair et l'esprit, et que sous celui du SaintEsprit ils vivront selon l'esprit. C'est sous ce règne du Saint-Esprit qu'ils annonçaient que les sacrements, toutes les figures et tous les signes devaient cesser, et ils publièrent que l'Evangile éternel de leur abbé Joachim était désormais le seul qu'on devait observer; et qu'au lieu de Jésus-Christ, il fallait prendre ce saint homme pour modèle.

JOB DES ARABES.-Ce célèbre patriarche est appelé Aiu'b par les Arabes qui le font descendre d'Ais (Esau), lui donnent la qualité de prophète et disent qu'il fut affligé pendant sept ans d'une affreuse maladie, dont il ne se trouva délivré qu'à l'âge de quatre-vingts ans. Job, disent-ils, eut cinq fils, qui l'aidèrent à exterminer un parti d'Arabes, appelé Dhùl Kefel, lequel avait reçu ce nom, parce que tous ceux qui le composaient étaient tellement débanchés que, par les cuisses et les jambes, ils ressemblaient au train de derrière d'un cheval. Il ne resta aucun homme de cette race infidèle qui n'avait pas voulu reconnaitre le vrai Dieu que Job était venu leur

annoncer.L'historien Khondemir, qui donne à ce patriarche le titre de patient, emprunte pour écrire sa vie une partie du texte hébreu; mais il le défigure par un grand nombre de fables, dont nous allons donner un précis. Job du côté de son père descendait d'Isaac, par Esau; et de celui de sa mère, il tirait son origine de Lot. Dieu l'envoya prêcher la foi aux habitants de Taniath, province située entre Ramla et Damas, villes de Syrie mais trois personnes seulement profitèrent de ses exhortations. Pour récompenser Job de sa piété et de son zèle, l'Etre suprême le combla de biens, et le fit père d'une nombreuse postérité; mais le démon, jaloux de l'état heureux dont jouissait ce saint homme,se présenta devant le trône de l'Eternel et lui dit: Job ne te sert si dévotement qu'à cause des grandes richesses que tu lui a données; si tu les lui retires, tu ne recevras pas de lui une seule adoration par jour. - Eh bien, répondit le souverain maître, je te permets de lui enlever toules ses possessions et ses enfants. Job perdit en un seul instant ce qu'il avait de plus cher; mais souffrant patiemment toutes les calamités qui l'accablaient, il continua à servir Dieu suivant sa coutume. Le malin esprit, désespéré de n'avoir pas réussi dans son projet, se prosterna une seconde fois devant le Très-Haut et lui dit: Seigneur, Job ne persiste à vous adorer, que parce qu'il sait bien que la main qui lui a retiré ses biens, peut les lui rendre au centuple, s'il continue à prier; enroyez-lui quelque grande maladie, il vous méconnaîtra bientôt. Eh bien, dit encore le Seigneur, éprouve le patriarche Job; afflige son corps, mais épargne sa bouche, ses yeux et ses oreilles. Aussitôt le démon souffle dans le nez du saint patriarche une vapeur pestilentielle, qui corrompt la masse de son sang, et couvre son corps d'une plaie dont la puanteur oblige les hommes à se retirer de lui et à prendre le parti de le chasser de la ville, dans la crainte d'éprouver le même sort. Job ne perd pas patience; il prie le Seigneur, et se soumet avec humilité aux peines qu'il lui envoie. Rasima, femme de Job, n'abandonna pas son mari dans cette triste situation; elle lui portait journellement tout ce qui était nécessaire pour sa subsistance, mais le démon dérobait aussitôt cette nourriture; et, voyant que cette tendre épouse se livrait à la douleur, il lui apparut sous la figure d'une femme chauve, et lui dit : que si elle voulait se couper les deux tresses de cheveux qui lui pendaient sur le cou, et les lui donner, il lui fournirait tous les jours abondamment de quoi faire subsister son mari. Rasima sacrifia aussitôt ses cheveux, et dans le même instant le démon se présenta à Job, et lui dit que sa femme ayant été surprise dans une action déshonnête, on lui avait incontinent coupé les cheveux. Le mensonge du malin esprit trompa Job; il s'aperçut que sa femme n'avait plus ses tresses, et dans un mouvement de colère, il jura que s'il recouvrait jamais la santé, il la punirait sévèrement de son manque de foi. Ce fut dans cet instant que le diable, content d'avoir fait jurer Job, prit la

50 forme d'un ange de lumière, et annonça au peuple du canton, où cet homme patient souffrait avec tant de constance, qu'il était envoyé de la part du Très-Haut, pour lui annoncer que le saint patriarche, qui jusque-là avait été placé au nombre des prophètes chéris de Dieu, venait d'encourir sa colère et qu'il était déchu du haut rang où il avait été élevé, et il ajouta que les habitants ne devaient plus croire à ses paroles, ni le souffrir parmi eux, dans la crainte que la vengeance qu'il avait provoquée, ne s'étendît sur toute la nation. Job, ayant appris tout ce qui venait de se passer, se prosterna devant Dieu, et prononça ces paroles, qui se trouvent dans un chapitre de l'Alcoran La douleur me serre de tous les côtés: mais, Seigneur, vous êtes plus miséricordieux que tous ceux qui peuvent être touchés de pitié. Cette prière ardente monta jusqu'au trône du Très-Haut. Les souffrances de Job cessèrent : l'ange Gabriel descendit du ciel il prit le patriarche par la main, et le fit lever du lieu où il était couché. Il frappa la terre de son pied, et en fit sortir une fontaine d'eau pure, avec laquelle il lui lava tout le corps. Il la lui fit boire et Job se trouva guéri. Khondemir, de qui nous avons emprunté cette histoire, vraie au fond, mais qu'il a défigurée par des fables absurdes, rapporte, suivant le style oriental, que ce saint personnage, ayant ainsi recouvré la santé, vit multiplier tellement chez lui ses richesses, que la neige et la pluie, qui tombaient sur ses terres, étaient un sel d'or.

:

[ocr errors]

JONGLEURS. Nom que les sauvages de l'Amérique septentrionale donnent à leurs magiciens, qui sont en même temps leurs prêtres et leurs médecins. Pour parvenir à la dignité de jongleur, il faut faire un noviciat de neuf jours, qui consiste à se renfermer pendant ce temps dans une cabane sans manger et n'ayant pour toute boisson que de l'eau.

Le novice, portant dans sa main une gourde remplie de cailloux, dont il fait un bruit continuel, invoque l'esprit, le supplie de se communiquer à lui, enfin de le recevoir médecin, et tout cela avec des cris affreux, des contorsions effrayantes, et des secousses de corps épouvantables qui le mettent hors d'haleine, et le font écumer comme un enragé. Au bout de neuf jours, il sort de sa retraite et se vante que l'esprit avec lequel il a été en conversation lui a donné le pouvoir de guérir les maladies, de chasser les orages et de changer les temps. Ce qu'il y a de singulier, c'est qu'on prétend qu'il se trouve de ces imposteurs de bonne foi, qui croient avoir reçu de l'esprit le don de guérir. Quoi qu'il en soit, lorsqu'un jongleur vient voir un malade, il l'examine avec attention, et reconnaît que c'est un mauvais esprit qui lui est entré dans le corps, et il promet de l'en faire bientôt déloger. Nous ne rendrons pas compte de toutes les grimaces du médecin; nous dirons seulement qu'après beaucoup de danses, de cris, de hurlements, il vient sucer le malade dans quelque partie de son corps, et qu'il feint d'en tirer de petits osselets, que sans doute il avait dans la bouche; ce premier

« PrécédentContinuer »