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Au zele d'un ami laissez le soin du reste;
Vorcestre confondra cette ligue funeste;

Ou, si pour le sauver mes soins sont superflus,
Quand il expirera je n'existerai plus.

SCENE IX.

EUGENIE, ISMENE.

EUGÉNIE.

Allons; puisqu'il le faut, tâchons de voir encore
Celui que je devrois haïr, et que j'adore:

Il me rendra mon pere; oui, son cœur n'est point fait
Pour commander le meurtre et souscrire au forfait.
Mais si pour le fléchir, pour vaincre l'imposture,
Ce n'étoit point assez des pleurs de la nature,
Toi, dont jamais je n'eusse imploré le secours
Si je ne l'implorois pour l'auteur de mes jours,
Amour, viens dans son cœur guider ma voix tremblante,
Et prête ta puissance aux larmes d'une amante!

FIN DU TROISIEME ACTE.

ACTE QUATRIEME.

AS-TU

SCENE PREMIERE.

ALZONDE, AMÉLIE.

ALZONDE.

S-TU servi les vœux d'un cœur désespéré? Au gré de ma fureur tout est-il préparé?

AMÉLIB.

Vos ordres sont remplis.

ALZONDE.

Au milieu de ma haine

Mon cœur frémit du crime où la rage l'entraîne.
Mon sort me veut coupable, il y faut consentir.
Ne laissons plus au roi l'instant d'un repentir.
L'infidele rapport que je viens de lui faire
Vainement a paru redoubler sa colere;
Incertain, furieux, attendri tour-à-tour,
Jusque dans sa fureur j'ai connu son amour;
Il nommoit Eugénie, il partage sa peine:

S'il l'entend, il sait tout; s'il la voit, elle est reine;

La grace de Vorcestre est le prix d'un soupir:
Je connois trop l'amour, il ne sait point punir.
Quoi! ces périls, ces pleurs, n'auroient servi qu'à rendre
Ma rivale plus chere et son amant plus tendre!
Il est temps de frapper: pour combler tes rigueurs
N'étoit-ce point assez d'unir tous les malheurs,
Ciel? falloit-il aussi rassembler tous les crimes,
Et devois-tu m'offrir d'innocentes victimes?
Vengeance, désespoir, vertus des malheureux,
Je n'espere donc plus que ces plaisirs affreux
Que présente à la haine, à la rage assouvie,
L'aspect d'un ennemi qu'on arrache à la vie!

SCENE II.

ALZONDE, VOLFAX, AMÉLIE.

ALZONDE.

Eh bien! qu'attendez-vous? quelle lente fureur!
Un crime sans succès perd toujours son auteur.
Songez que si le roi voit Eugénie én larmes...

VOLFAX.

Madame, épargnez-vous d'inutiles alarmes ;
Aux cris dont sa douleur vient remplir ce palais
Du trône jusqu'ici j'ai su fermer l'accès.
Solitaire et plongé dans un morne silence,
Édouard laisse agir mes soins et ma vengeance,
Et l'on n'interrompra ce silence fatal

Qu'en lui portant l'arrêt qui proscrit mon rival.
Tout nous seconde enfin, sa ruine est certaine:
Jaloux de son crédit, et liés à ma haine,

Ses juges vont hâter son arrêt et sa mort;

Vos vœux seront remplis : je commande en ce port, Madame, et dès demain, cessant d'être captive, Pour revoir vos états vous fuirez cette rive.

ALZONDE.

Perdez votre ennemi; mon funeste courroux
Ne sera point oisif en attendant vos coups.

SCENE III.

VOLFAX.

L'abyme est sous tes pas, ambitieuse reine.
Tu crois que je te sers, je ne sers que ma haine;
Mon rival abattu, je comble tes revers;

Je me suffis ici, je te nomme et te perds.
Mon sort s'affermira par leur chûte commune;
Point de lâches remords; accablons l'infortune.
Mais quel est l'étranger qui s'est offert à moi?
Il prétend voir, dit-il, ou Vorcestre ou le roi;
Peu commune à la cour, sa fermeté m'étonne;
Je n'ai pu m'éclaircir sur ce que je soupçonne:
Pour surprendre un secret qu'il craint de dévoiler
Je veux qu'à mon rival il vienne ici parler.

SCENE IV.

VOLFAX, GLASTON, GARDES.

VOLFAX.

Gardes, faites venir Vorcestre en ma présence.
Vous, fidele Glaston, veillez dans mon absence.
Caché près de ces lieux, tandis que j'entendrai
D'un entretien suspect le secret ignoré,
Que rien ici du roi ne trouble la retraite;
C'est son ordre absolu que ma voix vous répete.

SCENE V.

VORCESTRE, VOLFAX, GARDES.

VORCESTRE.

Que dois-tu m'annoncer? ne faut-il que mourir?

VOLFAX.

Un étranger demande à vous entretenir:

Vous entendrez ici ce qu'il prétend vous dire;
Édouard le permet. Gardes, qu'on se retire.

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