Images de page
PDF
ePub

partie s'est déployée sur les épaulements pour se garantir d'une nouvelle surprise, l'autre s'est élancée, la baïonnette en avant. Le capitaine Herment est à la tête de ces intrépides soldats; il accourt, il culbute l'ennemi, qui se maintient pourtant avec résolution dans l'intérieur des deux batteries. Pendant ce temps, une section de chasseurs à pied du 5 bataillon, enlevée avec élan par le lieutenant Vermot, appuie vigoureusement les voltigeurs du 1er bataillon, dont les autres compagnies se sont portées en avant, se reliant entre elles autour de l'ouvrage envahi (1).

Les Russes se retirèrent, laissant 7 morts et 4 blessés, dont un officier, qui, le lendemain, mourut à l'ambulance de ses blessures (2).

blessure; il déchira le feuillet et remit au brave soldat la médaille militaire.

Malheureusement, la blessure d'Audié nécessita la désarticulation de l'épaule, et il mourut à Constantinople des suites de l'amputation.

(1) Le lieutenant Vermot reçut dans le combat par éclats de bombes deux graves blessures, l'une au bras, l'autre à la jambe; tous deux durent être amputés.

(2) Cet officier fut percé de cinq coups de baïonnette au milieu des canons sur lesquels il s'efforçait, avec une persistance héroïque, de ramener ses soldats; il fut transporté vivant encore à l'ambulance de la tranchée.

« Le lendemain, dit une correspondance très-intéressante que nous avons sous les yeux, cet officier russe, qui s'était attiré toutes nos sympathies par son intrépidité, est mort très-bravement sans avoir voulu donner aucun renseignement : seulement, il a laissé échapper que notre artillerie, les mortiers surtout, leur faisaient beaucoup de mal, et que lui et les hommes qui l'accompagnaient s'étaient dévoués pour enclouer nos pièces.

[ocr errors]

« Cette sortie, dit le rapport russe, coûta la vie à 2 officiers, le

Le lendemain, le général Canrobert, en donnant à l'énergique conduite des compagnies qui lui avaient été signalées les éloges qu'elles méritaient, rappelait dans un ordre du jour « que la vigilance à la guerre, et surtout devant une place assiégée, était le premier des devoirs. »

Les sept pièces furent désenclouées et purent reprendre leur tir, dès le lendemain.

VII. C'est dans la nuit du 21 au 22 octobre que fut commencé le tracé de la deuxième parallèle, aussitôt que les communications sur lesquelles elle devait s'appuyer à droite et à gauche, eurent été exécutées. Par suite de ce nouveau développement des tranchées, nos travaux d'approche contre la place se trouvèrent divisés en deux attaques, dites: attaque de gauche, attaque de droite.

Des compagnies d'infanterie, ayant en avant d'elles 40 chasseurs à pied déployés en tirailleurs, couvrirent ce travail que l'ennemi ne chercha pas, du reste, à inquiéter.

[ocr errors]

Au jour, dit le journal du corps de siége, la gabionnade, couronnée sur presque tout son développement, et protégée par un fort parapet, couvre parfaitement les travailleurs. »

Sur tous les points menacés, les Russes construisent

lieutenant Troitsky et le garde-marine prince Poutiatine. Les autres détachements, ajoute le prince Menschikoff dans son rapport, rencontrèrent partout une vigilance active de la part de l'ennemi, et rentrèrent dans la place, après avoir eu 12 hommes blessés.

à la hâte de nouvelles batteries contre nos ouvrages; ils en ont élevé sur le revers du ravin descendant au port du sud et traversé par notre première parallèle; ils tentent, d'un autre côté, d'établir des batteries volantes contre nos travaux les plus avancés; mais les francstireurs, par leur feu bien soutenu, les forcent à renoncer à ce projet.

[ocr errors]

VIII. Il est utile, pour bien comprendre l'importance et le tracé de nos cheminements, d'entrer dans quelques nouveaux détails topographiques.

Le génie avait compris la nécessité de reporter les attaques vers l'est et de s'avancer sur la capitale du bastion du Mât.

Il fallait cheminer méthodiquement à travers un terrain difficile à manier dans la majorité de ses parties, et sous un feu vif, régulier et parfaitement dirigé; on prolongea donc vers l'est (de manière à enceindre le bastion du Mât) la tranchée ouverte pour la construction des huit premières batteries.

Cette première parallèle se reliait au dépôt de tranchée (maison du Clocheton) par une communication propre à couvrir la marche des gardes de tranchées et des travailleurs, et était elle-même protégée par une tranchée ouverte en arrière, pour soutenir par des batteries de mortiers les nouveaux cheminements qui devaient être entrepris pour marcher à la seconde parallèle.

On commença ces travaux importants, en bordant à

droite un pli de terrain presque parallèle au petit mur crénelé qui relie le bastion du Mât au fond du port militaire. A gauche, on avança sur une autre ondulation du sol qui traverse la courtine et va se jeter dans la baie de l'artillerie.

C'est sur ces deux cheminements que s'assoit la seconde parallèle. Elle se trouve solidement appuyée sur l'escarpement du ravin, dit des Anglais, qui descend vers le fond du port et se rattache par son extrême gauche au front bastionné de la première attaque.

[ocr errors]

IX. L'activité que déployaient de leur côté les Russes était un avertissement qui répétait chaque jour de se hâter.

L'ennemi, dit le journal du corps de siége, en abandonnant les batteries soumises à l'action de nos pièces, se hâte d'en ouvrir d'autres dans les bas-fonds, et de là, sous des inclinaisons convenables, tourmente nos travaux en les inondant d'obus, de boulets et de mitraille; il amène des pièces partout où elles peuvent être à l'abri des carabines des francs-tireurs, et tire des points les plus éloignés de la place.

[ocr errors]

Nul parmi les esprits sérieux et sensés ne pouvait méconnaître les difficultés matérielles qui naissaient à chaque pas, et contre lesquelles on s'était heurté de front dans la journée du 17 octobre.

Aussi le général Canrobert écrivait-il au ministre de la guerre, en date du 22 : « Les difficultés que nous rencontrons sont de deux sortes: celles qui résultent de

la nature du sol, dont la couche de terre, déjà très-insuffisante, diminue au fur et à mesure que nous approchons de la place, et celles qui résultent du nombre et du calibre des pièces d'artillerie que l'ennemi nous offre, sur un front à peu près en ligne droite et très-étendu. Sous ce rapport, les ressources qu'il tire de ses vaisseaux immobilisés dans le port, tant comme personnel que comme matériel, sont presque inépuisables, tandis que les nôtres sont nécessairement limitées.

[ocr errors]

Ces quelques lignes résumaient clairement la situation, non-seulement pour le présent, mais aussi pour l'avenir; elles expliquaient les efforts nombreux et puissants qu'il fallait développer contre la place, ainsi que les lenteurs qui devaient conséquemment en résulter.

A cette époque, le général en chef écrivait encore au ministre de la guerre : « Cette situation fait du siége de Sébastopol une des opérations les plus laborieuses qui se soient rencontrées depuis longtemps; et il devait ajouter plus tard : « une des œuvres les plus gigantesques qui aient jamais été inscrites dans les annales de la guerre. »

Toutefois, malgré l'énergie de la place à multiplier ses défenses et à réparer les dommages que lui causait notre artillerie, nous pouvions constater chaque jour des détériorations notables; souvent nos bombes allumaient des incendies qui répandaient un long voile rougeâtre à l'horizon et semblaient envelopper Sébas topol de leurs ailes de feu

« PrécédentContinuer »