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Nos petits-maîtres sont l'espèce la plus ridicule qui rampe avec orgueil sur la surface de la terre. VOLTAIRE.-Vainement l'homme élève des palais et des arcs-de-triomphe, le temps les use en silence. AIMÉ-MARTIN.-Vous pouvez donner aux enfants le spectacle étonnant de l'électricité atmosphérique par un cerf-volant, dont la ficelle est filée avec un fil de laiton, qui attire le feu électrique, et terminée par un cordon de soie qui en arrête le cours, dans la main de celui qui le tient. B. DE ST.-PIERRE.

DES AUGMENTATIFS ET DES DIMINUTIFS.

539. Il y a en français quelques mots dont la terminaison possède une propriété augmentative :

EXEMPLES.

AIGUILLE, aiguillon, dard.

COUTEAU, Coutelas, grand couteau, épée large et plate. MÉDAILLE, médaillon, médaille qui surpasse en poids et en volume les médailles ordinaires.

CROISÉ, croisade, réunion de croisés.

FUSIL,

CEIL,

fusillade, plusieurs coups de fusil tirés à la fois. aillade, coup d'œil.

540. Il y a d'autres mots dont la terminaison possède une propriété diminutive, exprime une idée de petitesse :

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caveau, petite cave.
dindonneau, petit dindon.
faisandeau, jeune faisan.

lapereau, jeune lapin.

lionceau, petit lion.

louveteau, petit loup.

MONT,

monceau, amas, tas en forme de petit mont.

PLAT,

plateau, petit plat.

SOLIVE,

soliveau, petite solive.

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541. Il y a aussi d'autres mots dont la désinence exprime une idée de mépris, de compassion, de pauvreté, en un mot d'une mauvaise qualification:

MARMOT,

RACE,

VALET,

marmaille, nombre de petits marmots.

racaille, méchante race, rebut du peuple.
valetaille, troupe de valets.

PAPIER, paperasse, amas de papiers, d'écrits inutiles.

PEUPLE,

populace, le bas, le menu peuple.

CRIEUR,

GUEUX,
CRIERIE,

RIS,

CRIEUR,

RIEUR,

RIMEUR,

POËTE,

MÈRE,

LOURD,

criard, qui crie souvent, se plaint, gronde

sans sujet.

gueusard, un gueux fieffé.

criaillerie, crieries répétées.

ricanerie, ris malin, moqueur, injurieux. criailleur, qui crie à plusieurs reprises, et pour rien.

ricaneur, qui rit à demi par malice, ironie, ou bêtise.

rimailleur, mauvais poëte.

poétereau, fort mauvais poëte.

marâtre, mauvaise mère.

lourdaud, homme grossier.

RUSTRE, rustaud, grossier.

Nous avons aussi des diminutifs d'adjectifs en âtre: BLEUATRE, bluish; BLANCHÂTRE, whitish; etc.

542. C'est principalement de la langue italienne que nous avons pris nos augmentatifs et nos diminutifs *; nous n'en faisons usage pourtant que dans le style familier. Il faut avouer que les auteurs du siècle de Louis XIV ont eu grand tort de négliger ces désinences qui donnent à la langue tant d'énergie, de grâce et de concision.

Que peut-on citer de plus gracieux que ces vers de Clotilde de Surville (poëte célèbre du 15ème siècle)?

O cher enfantelet, vray pourtraict de ton père,
Dors sur le seyn que ta bousche a pressé!
Dors, petiot; cloz, amy, sur le seyn de ta mère,
Tien doulx œillet par le somme oppressé!

* Les diminutifs italiens se terminent ordinairement en ino, etto, ettino. Nous disons ordinairement, car ils revêtent une dizaine de formes. En voici un exemple sur le mot casa (maison): casetta, casina, casettina, casuccia, caserella, casellina, casinina, casuccina, caserellina, casipola. Chacune de ces formes exprime une nuance de sentiment ou d'idée. En voici un autre exemple, CAPPELLO, un chapeau; CAPPELLETTO, un petit chapeau; CAPPELLINO, un joli petit chapeau qu'on aime; CAPPELLETTINO, un très-petit chapeau. Pour ce qui est des augmentatifs, celui du nom ci-dessus serait CAPPELLACCIO, un grand vilain chapeau; ou simplement CAPPELLONE, UN grand chapeau.

Nous n'avons guère imité que dans les sciences les diminutifs latins: zinsi la botanique voit dans les jeunes plantes la plumule et la radicule; la physique a ses corpuscules.

C'est de l'italien que les peintres ont naturalisé le diminutif figurine, et les médecins cette série nécessaire pour les divisions des doigts: phalange, phalangine, phalangette.

PLACE DE L'ADJECTIF.-Page 50, Règle 66.

543. Les participes passés employés comme adjectifs, se placent après les substantifs :

Un homme instruit, une action défendue.

On dit cependant, un juré menteur, un renommé buveur.

544. On place généralement après leurs substantifs, les adjectifs qui désignent des qualités physiques, des qualités extérieures ou accidentelles :

Une table ronde, un ruban vert, une surface lisse, un instrument sonore, une odeur infecte, etc.

545. NOTA. Si l'on dit, les VERTES prairies, les BLONDS épis, la BLANCHE aubépine, les NOIRS soucis, la SOMBRE jalousie, etc., c'est pour obéir à cette autre règle (citée par le grammairien Boniface), que l'adjectif précède le substantif quand il en exprime une qualité habituelle, inhérente; c'est plus alors une épithète qu'un adjectif. Aussi dit-on, un FIDÈLE ami, et non un FIDÈLE homme; une BASSE intrigue, et non une BASSE action; un ADROIT fripon, et non un ADROIT voleur.

546. Quand on emploie un substantif et un adjectif qualificatif, celui des deux mots qui est le plus long se place généralement le dernier: Une HAUTE montagne, une montagne INACCESSIBLE; à moins que la construction de la phrase ne s'y oppose, comme dans, l'IMMORTEL auteur de Télémaque.

547. Nous avons vu (page 51) qu'il y a des adjectifs dont la signification change selon la place qu'ils occupent. En voici quelques exemples:

Un bon homme a de la simplicité. Un homme bon a de la bonté.

Le galant homme est un homme qui a de la probité, des manières civiles, une conversation agréable; l'homme galant est celui qui cherche à plaire aux dames. Un homme galant n'est pas toujours un galant homme, et un galant homme n'est pas toujours un homme galant.

Un pauvre auteur est un auteur de peu de mérite; un auteur pauvre est un auteur qui n'a point de fortune.

Un homme plaisant est un homme enjoué; un plaisant homme est un homme ridicule.

Autres exemples que l'usage fera connaître :

Un seul mot.
Un vilain homme.
Un petit homme.

Un mot seul.

Un homme vilain.

Un homme petit.

Une pauvre langue.
Une méchante épigramme.
Un mauvais air.
Un nouvel habit.

Les propres termes.
Le haut ton.

Un unique tableau.
Une fausse clef.
Une sage-femme.

Un furieux animal.

Une langue pauvre.
Une épigramme méchante.
L'air mauvais.
Un habit nouveau.
Des termes propres.
Le ton haut.
Un tableau unique.
Une clef fausse.
Une femme sage.
Un animal furieux.

DU TUTOIEMENT.-Page 64.

548. "On ne se sert ordinairement des pronoms tu, toi, te ainsi que de l'adjectif possessif ton, et du relatif le tien, que quand on parle à des personnes fort inférieures, ou avec qui on est en très-grande familiarité. Quelquefois, au contraire, on les emploie dans le style oratoire ou poétique, en s'adressant aux personnes qu'on respecte le plus, aux rois, aux princes, à Dieu même. On s'en sert encore en faisant parler certaines nations, et principalement les Orientaux, lorsqu'on veut leur conserver un caractère étranger; et quelquefois aussi dans la poésie. Hors de là, on emploie le pronom pluriel vous, l'adjectif possessif votre, et le relatif le vôtre."-ACADÉMIE.

"Il est à présumer que le vous à la place du toi a commencé, dans toutes les langues qui l'ont adopté, par être un mode d'urbanité, une marque de déférence sociale, de respect volontaire, qui de la cour aura passé dans toutes les conditions; et ce genre de politesse a produit successivement une foule de nuances si sensibles et si diverses, que le langage en a été modifié, de manière à ne pouvoir s'en passer. sans devenir méconnaissable et sans heurter violemment toutes les idées sociales. Ainsi d'abord le vous étant une marque d'éducation, a dû être d'usage entre tous les hommes bien élevés, et qui se piquaient de bien parler. Le tutoiement habituel étant demeuré à ceux qui n'avaient reçu aucune instruction, aura pris un caractère de grossièreté: et dès lors on l'aura proscrit généralement d'un sexe à l'autre, chez toutes les nations polies, lorsque l'esprit de chevalerie établit en loi le respect pour les femmes, auparavant traitées en esclaves. Le tutoiement aura été généralement interdit des enfants à leurs parents, des

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