Qui ne veut point souffrir que votre cœur s'explique, Et je ne sais quel fruit peut prétendre un amour Qui fuit tous les moyens de se produire au jour. EURIALE. Et que ferai-je, Arbate, en déclarant ma peine, Ce rebut de leurs soins, sous un triste silence, ARBATE. Et c'est dans ce mépris, et dans cette humeur fière, N'a rien dont ne triomphe un peu de patience. Du rebut de leurs vœux enflez l'espoir des vôtres. Ne vous fait éprouver un destin plus propice, EURIAL E. J'aime à te voir presser cet aveu de ma flamme; ARRATE. Moron, seigneur? EURIALE. Ce choix t'étonne un peu, Par son titre de fou tu crois le bien connoître; Et peut, dans cet accès, dire et persuader Ce d'autres que que Je le vois propre, enfin, à ce que j'en souhaite; Il a pour moi, dit-il, une amitié parfaite, lui n'oseroient hasarder; Et veut, dans mes états ayant reçu le jour, SCÈNE II. EURIALE, ARBATE, MORON. MORON, derrière le théâtre. EURIALE. Je pense ouïr sa voix. MORON, derrière le théâtre. A moi! de grâce, à moi! EURIALE. C'est lui-même. Où court-il avec un tel effroi? MORON, entrant sans voir personne. Où pourrai-je éviter ce sanglier redoutable? Grands dieux! préservez-moi de sa dent effroyable! Je vous promets, pourvu qu'il ne m'attrape pas, Quatre livres d'encens, et deux veaux des plus gras. rencontrant Euriale, que dans sa frayeur il prend pour le sanglier qu'il évite.) Ah! je suis mort. EURIALE. Qu'as-tu ? MORON. Je vous croyois la bête Dont à me diffamer j'ai vu la gueule prête, Seigneur, et je ne puis revenir de ma peur. Qu'est-ce? EURIALE. MORON. Oh! que la princesse est d'une étrange humeur! Et qu'à suivre la chasse et ses extravagances, Il nous faut essuyer de sottes complaisances! Quel diable de plaisir trouvent tous les chasseurs De se voir exposés à mille et mille peurs? Encore si c'étoit qu'on ne fût qu'à la chasse Des lièvres, des lapins, et des jeunes dains, passe: Ce sont des animaux d'un naturel fort doux, Et qui prennent toujours la fuite devant nous; Mais aller attaquer de ces bêtes vilaines, Qui n'ont aucun respect pour les faces humaines, Et qui courent les gens qui les veulent courir, C'est un sot passe-temps que je ne puis souffrir. Le pénible exercice J'en aurois bien juré qu'elle auroit fait le tour; EURIALE. Tu parlois d'exercice pénible. MORON. Ah! oui. Succombant donc à ce travail horrible; EURIALE. Qu'est-ce? MORON. Ce n'est rien. N'ayez point de frayeur; Mais laissez-moi passer entre vous deux, pour cause; Je serai mieux en main pour vous conter la chose, J'ai donc vu ce sanglier qui, par nos gens chassé, Avoit, d'un air affreux, tout son poil hérissé; Ses deux yeux flamboyans ne lançoient que menace, Et sa gueule faisoit une laide grimace, Qui, parmi de l'écume, à qui l'osoit presser Montroit de certains crocs.... Je vous laisse à A ce terrible aspect j'ai ramassé mes armes; Mais le faux animal, sans en prendre d'alarmes, Est venu droit à moi, qui ne lui disois mot, penser. |