Qui ne veut point souffrir que votre cour s'explique, Et je ne sais quel fruit peut prétendre un amour Qui fuit tous les moyens de se produire au jour. EURIAL E. Et que ferai-je, Arbate, en déclarant ma peine, Qu'attirer les dédains de cette âme hautaine, Et me jeter au rang de ces princes soumis, Que le titre d'amans lui peint en ennemis? Tu vois les souverains de Messène et de Pyle , Lui faire de leur cæur un hommage inutile, Et de l'éclat pompeux des plus hautes vertus En appuyer en vain les respects assidus : Ce rebut de leurs soins, sous un triste silence, Retient de mon amour toute la violence: Je me tiens condamné dans ces rivaux fameux, Et je lis mon arrêt au mépris qu'on fait d'eux. · ARBA TE. Et c'est dans ce mépris, et dans cette humeur fière, Que votre âme à ses voeux doit voir plus de lumière, Puisque le sort vous donne à conquérir un caur Que défend seulement une simple froideur, Et qui n'oppose point à l'ardeur qui vous presse De quelque attachement l'invincible tendresse. Un caur préoccupé résiste puissamment; Mais quand une âme est libre, on la force aisément; Et toute la fierté de son indifférence N'a rien dont ne triomphe un peu de patience. Ne lui cachez donc plus le pouvoir de ses yeux, Faites de votre flamme un éclat glorieux; Et, bien loin de trembler de l'exemple des autres, esse ve M0 Du rebut de leurs voeux enflez l'espoir des vôtres. EURIAL E. ARBATE. EURIAL E. Ce choix t'étonne un peu, Par son titre de fou tu crois le bien connoître; . Mais sache qu'il l'est moins qu'il ne le veut paroître, Et que, malgré l'emploi qu'il exerce aujourd'hui, Il a plus de bon sens que tel qui rit de lui. La princesse se plaît à ses bouffonneries: Il s'en est fait aimer par cent plaisanteries, Et peut, dans cet accès, dire et persuader SCÈNE II. MORON, derrière le théâtre. EURIA LE. MO ntrant sa nne. Je pense ouïr sa voix. MORON, derrière le théâtre. A moi ! de grâce, à moi! EURIALE. MORON, entrant sans voir personne, qu'il évite. ) Ah! je suis mort. E U'RIALE. Je vous croyois la bête Dont à me diffamer j'ai vu la gueule prête, EURIALE. MORON. EURIALE. MORON. Le pénible exercice .* EURIA LE. MORON. EURIALE. MORON. Ce n'est rien. N'ayez point de frayeur; Mais laissez-moi passer entre vous deux, pour cause; Je serai mieux en main pour vous conter la chose, J'ai donc vu ce sanglier qui, par nos gens chassé, Avoit, d'un air affreux, tout son poil hérissé; Ses deux yeux flamboyans ne lançoient que menace, Et sa gueule faisoit une laide grimace, Qui, parmi de l'écume, à qui l'osoit presser Montroit de certains crocs.... Je vous laisse à penser, A ce terrible aspect j'ai ramassé mes armes; Mais le faux animal, sans en prendre d'alarmes, Est venu droit à moi, qui ne lui disois mot, |