ARBATE. Et tu l'as de pied ferme attendu? - MORON. Quelque sot.... ARBATE.:) MORON. J'y consens, Il n'est pas généreux; mais il est de bon sens. ARBATE. Mais, par quelques exploits, si l'on ne s'éternise.... MORON. . - EURIAL E. Fort bien. · MORON. Oui, jaime mieux, n'en déplaise à la gloire, Vivre au monde deux jours, que mille ans dans l'histoire. EURIALE. alives; MORON. . . Il ne faut pas, seigneur, que je vous dissimule; Je n'ai rien fait encore, et n'ai point rencontré De temps pour lui parler qui fût selon mon gré. L'office de bouffon a des prérogatives; Mais souvent on rabat nos libres tentatives. Le discours de vos feux est un peu délicat, Et c'est, chez la princesse , une affaire d’état. Vous savez de quel titre elle se glorifie, Et qu'elle a dans la tête une philosophie Qui déclare la guerre au conjugal lien, Et vous traite l'amour de déité de rien. Pour n'effaroucher point son humeur de tigresse, Il me faut manier la chose avec adresse; Car on doit regarder comme l'on parle aux grands, Et vous êtes parfois d'assez fâcheuses gens. Laissez-moi doucement conduire cette trame. Je me sens là pour vous un zèle tout de flamme; Vous êtes né mon prince, et quelques autres næuds Pourroient contribuer au bien que je vous veux. Ma mère, dans son temps, passoit pour assez belle, Et naturellement n'étoit pas fort cruelle; ' Feu votre père alors, ce prince généreux, Sur la galanterie étoit fort dangereux; Et je sais qu'Elpénor, qu'on appeloit mon père, A cause qu'il étoit le mari de ma mère, Comptoit pour grand honneur aux pasteurs d'aujourd'hui, Que le prince autrefois étoit venu chez lui, Et que, durant ce temps, il avoit l'avantage De se voir salué de tous ceux du village. Baste. Quoi qu'il en soit, je veux par mes travaux.... Mais voici la princesse et deux de nos rivaux. SCÈNE III. xa ons LA PRINCESSE, AGLANTE, CINTHIE, ARISTO MÈNE,THÉOCLE, EURIALE, PHILIS, ARBATE, MORON. ARISTOMÈNE. REPROCHEZ-VOUS, madame, à nos justes alarmes. Ce péril dont tous deux avons sauvé vos charmes? J'aurois pensé, pour moi, qu’abattre sous nos coups Ce sanglier qui portoit sa fureur jusqu'à vous, Étoit une aventure , ignorant votre chasse, Dont à nos bons destins nous dussions rendre grâce; Mais à cette froideur, je connois clairement Que je dois concevoir un autre sentiment, Et quereller du sort la fatale puissance Qui me fait avoir part à ce qui vous offense. THÉOGLE. Pour moi, je tiens, madame, à sensible bonheur, L'action où pour vous a volé tout mon cour, Et ne puis consentir, malgré votre murmure, A quereller le sort d'une telle aventure. D'un objet odieux je sais que tout déplaît; Mais, dût votre courroux être plus grand qu'il n'est, C'est extrême plaisir, quand l'amour est extrême, De pouvoir d'un péril affranchir ce qu'on aime. LA PRINCESSE. Et pensez-vous, seigneur, puisqu'il me faut parler, nce Qu'il eût eu, ce péril, de quoi tant m'ébranler ? THÉOCLE. LA PRINCESSE. Eh bien ! soit. Je vois que votre envie Est de persuader que je vous dois la vie; J'y consens. Oui, sans vous, c'étoit fait de mes jours. Je rends de tout mon coeur grâce à ce grand secours; Et je vais de ce pas au prince, pour lui dire Les bontés que pour moi votre amour vous inspire. SCÈNE IV. EURIALE, ARBATE, MORON. mm MORON. ARBATE, à Eariale. MORON. Il faut qu'avant la course elle apprenne vos feux; Et je.... EURIALE. Non, ce n'est plus, Moron, ce que je veux; Garde-toi de rien dire, et me laisse un peu faire ; J'ai résolu de prendre un chemin tout contraire. Je vois trop que son coeur s'obstine à dédaigner Tous ces profonds respects qui pensent le gagner; Et le dieu qui m'engage à soupirer pour elle M'inspire pour la vaincre une adresse nouvelle. Oui, c'est lui d'où me vient ce soudain mouvement, Et j'en attends de lui l'heureux événement. |