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SCÈNE VI.

LA STATUE DU COMMANDEUR, DON JUAN, SGANARELLE.

LA STATUE.

ARRÊTEZ, don Juan. Vous m'avez hier donné parole de venir manger avec moi.

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Don Juan, l'endurcissement au péché traîne une mort funeste; et les grâces du ciel que l'on renvoie ouvrent un chemin à sa foudre.

D. JUAN.

O ciel! que sens-je? Un feu invisible me brûle, je n'en puis plus, et tout mon corps devient un brasier ardent. Ah!

(Le tonnerre tombe, avec un grand bruit et de grands éclairs, sur don Juan. La terre s'ouvre et l'abîme; et il sort de grands feux de l'endroit où il est tombé.)

SCÈNE VII.

SGANARELLE, seul.

VOILA, par sa mort, un chacun satisfait. Ciel offensé, lois violées, filles séduites, familles désho

III.

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norées, parens outragés, femmes mises à mal, maris poussés à bout, tout le monde est content. Il n'y a que moi seul de malheureux, qui, après tant d'années de service, n'ai point d'autre récompense que de voir à mes yeux l'impiété de mon maître punie par le plus épouvantable châtiment du monde.

FIN DU FESTIN DE PIERRE.

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AU LECTEUR.

Ce n'est ici qu'un simple crayon, un petit impromptu dont le roi a voulu se faire un divertissement. Il est le plus précipité de tous ceux que sa majesté m'ait commandés ; et, lorsque je dirai qu'il a été proposé, fait, appris et représenté en cinq jours, je ne dirai que ce qui est vrai. Il n'est pas nécessaire de vous avertir qu'il y a beaucoup de choses qui dépendent de l'action. On sait bien que les comédies ne sont faites que pour être jouées, et je ne conseille de lire celle-ci qu'aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre. Ce que je vous dirai, c'est qu'il seroit à souhaiter que ces sortes d'ouvrages pussent toujours se montrer à vous avec les ornemens qui les accompagnent chez le roi. Vous les verriez dans un état beaucoup plus supportable; et les airs et les symphonies de l'incomparable M. Lulli, mêlés à la beauté des voix et à l'adresse des danseurs, leur donnent sans doute des grâces dont ils ont toutes les peines du monde à se passer.

SUR

L'AMOUR MÉDECIN.

CETTE Comédie-ballet en prose et en trois actes, avec un prologue, fut représentée à Versailles, le 15 septembre 1665, et à Paris, sur le théâtre du PalaisRoyal, le 22 du même mois.

Molière, dans son Avis au lecteur, ne conseille de lire cette comédie« qu'aux personnes qui ont des * yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du « théâtre. »

Sa modestie ne lui permettoit pas de croire qu'un ouvrage proposé, fait, appris et représenté en cinq jours, pût être soutenable lorsqu'il seroit dépouillé des avantages de l'action théâtrale; mais Molière, dans cette espèce d'impromptu, étoit dans son véritable genre. Fléau de tous les ridicules, il en avoit saisi un, c'étoit celui de la charlatanerie en médecine; l'attaquer, le détruire, c'étoit servir l'humanité, et Molière, dans ce combat important, n'employa que ses armes, toujours sûres de leurs coups; le rire et la vérité.

On a dit qu'une querelle de la femme de Molière avec celle d'un médecin chez qui elle demeuroit, et qui lui avoit donné congé, avoit été la source de toutes les plaisanteries dont son mari poursuivit sans relâche la faculté de médecine,

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