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Louis XIV n'avoit donné à Molière que très peu de temps pour le spectacle qu'il lui demandoit, et tous les sujets n'étant pas propres à des fêtes aussi augustes, notre auteur chercha des secours ailleurs que dans ses propres idées.

Ce fut d'Agostino Moreto, auteur espagnol très estimé, qu'il emprunta la fable de la Princesse d'Elide, et ce fut une galanterie fine de la part de Molière, de présenter à deux reines, espagnoles de naissance, l'imitation d'un des meilleurs ouvrages du théâtre de leur nation.

Nous avons déjà dit que Molière étoit incapable d'une imitation servile, et ce fut en homme de génie qu'il évita les fautes et qu'il augmenta les beautés de son original. Cependant il faut en convenir, le genre sérieux et galant ne fut jamais bien propre au génie de Molière.

La pièce espagnole qui a pour titre el Desden con el Desden, Dédain pour Dédain, est en trois actes, et Molière porta la sienne à cinq, pour en multiplier les divertissemens.

Il fut si pressé, qu'il ne put mettre en vers que le premier acte, et la moitié de la première, scène du second; le reste fut dialogué rapidement en prose, et il y a quelques scènes dans les derniers actes où l'on s'aperçoit que Molière écrivit avec une précipitation qui ne permet de traiter les choses, ni avec l'étendue, ni avec la délicatesse qu'elles demanderoient.

M. Louis Riccoboni, dans ses Observations sur Molière, au chapitre de l'Imitation, s'étend beaucoup sur la façon ingénieuse dont Molière enchérit sur son

original. Nous croyons devoir y renvoyer le lecteur, pour n'être pas trop long sur un ouvrage qui ne nuisit point à la réputation de Molière, mais qui ne l'augmenta point.

Nous observerons seulement, à l'égard du prologue et des intermèdes, que le génie le plus marqué ne dispense personne de tomber dans l'insipidité de ce genre, et que Molière, égal à cet égard à nos rimeurs lyriques, écrivit dans son prologue que,

Dans l'âge où l'on est aimable,
Rien n'est si beau que d'aimer.

Et dans le cinquième intermède que,

Quelque fort qu'on s'en défende,

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Ce sont ces petites maximes plates, dont un opéra ne peut se garantir, qui donnèrent de l'humeur à Despréaux contre un genre qui, d'ailleurs, offrit par la suite de grandes beautés sous la plume de Quinault. L'exemple de Molière auroit dû, auprès de cet austère censeur, servir d'excuse pour l'auteur d'Alceste et d'Armide.

Quelqu'un a mis en vers les quatre actes en prose de la Princesse d'Elide, mais les ouvrages les plus foibles des grands hommes gagnent bien rarement à passer par d'autres mains.

Au mois de juillet 1718, on joua au théâtre Italien une pièce intitulée les Amours à la chasse, qui étoit une mauvaise imitation de la Princesse d'Elide, à ce que

disent les Lettres historiques sur les Spectacles de Paris, 1719. Cette pièce étoit précédée du Défiant, et l'une et l'autre étoient de M. Coypel.

Cette comédie de Molière, ainsi que sa Psyché, furent traduites au commencement de ce siècle par Riccoboni, qui les fit jouer en Italie avant de venir en France.

L'AURORE.

LYCISCAS, valet de chiens.

TROIS VALETS DE CHIENS, chantans.
VALETS DE CHIENS, dansans.

PERSONNAGES DE LA COMÉDIE.

IPHITAS, prince d'Élide, père de la princesse.
LA PRINCESSE D'ÉLIDE.

EURIALE, prince d'Ithaque.
ARISTOMÈNE, prince de Messène.

THÉOCLE, prince de Pyle.

AGLANTE, cousine de la princesse.

CINTHIE, cousine de la princesse.
ARBATE, gouverneur du prince d'Ithaque.

PHILIS, suivante de la princesse.
MORON, plaisant de la princesse.
LYCAS, suivant d'Iphitas.

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PHILIS.

TROISIÈME INTERMEDE.

TIRCIS, berger chantant.

MORON.

QUATRIÈME INTERMEDE.

LA PRINCESSE.

PHILIS.

CLIMÈNE.

CINQUIÈME INTERMÈDE.

BERGERS et BERGÈRES chantans.
BERGERS et BERGÈRES dansans.

La scène est en Élide.

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