MORON. Ma foi, madame, avouons la dette. Vous voudriez qu'il fût à vous; et, dans toutes vos actions, il est aisé de voir que vous aimez un peu ce jeune prince. LA PRINCESSE. Moi, je l'aime ? O ciel! je l'aime ? Avez-vous l'insolence de prononcer ces paroles ? Sortez de ma vue, impudent , et ne vous présentez jamais devant moi. MORON. Madame.... LA PRINCESS E. Retirez-vous d'ici , vous dis-je, ou je vous en ferai retirer d'une autre manière. MORON, bas, à part. Ma foi, son coeur en a sa provision , et..... (Il rencontre un regard de la Princesse, qui l'oblige à se retirer. ) SCÈNE VII. LA PRINCESSE, seule. De quelle émotion inconnue sens-je mon cœur atteint ? et quelle inquiétude secrète est venue troubler tout d'un coup la tranquillité de mon âme? Ne seroit-ce point aussi ce qu'on vient de me dire ? et sans en rien savoir , n'aimerois-je point ce jeune prince? Ah! si cela étoit, je serois personne à me désespérer ! mais il est impossible que cela soit, et je vois bien que je ne puis pas l'aimer. Quoi! je serois capable de cette lâcheté? J'ai vu toute la terre à mes pieds avec la plus grande insensibilité du monde ; les respects , les hommages et les soumis QUATRIÈME INTERMÈDE. SCÈNE I. LA PRINCESSE, seale. O vous, admirables personnes, qui, par la douceur de vos chants, avez l'art d'adoucir les plus fâcheuses inquiétudes, approchez-vous d'ici , de grâce , et tâchez de charmer, avec votre musique, le chagrin où je suis. SCÈNE II. LA PRINCESSE, CLIMÈNE, PHILIS. CLIMÈN E chante. PHILIS chante. CLIMÈ NE. PHILIS. On m'a dit qu'il n'est point de passion plus belle, CLIMÈNE. PHILIS. TOUTES DEUX ENSEMBLE. Aimons, c'est le vrai moyen PHILIS. CLIMÈNE. 1 . PHILIS. Si de tant de tourmens il accable les coeurs, D'où vient qu'on aime à lui rendre les armes ? CLIMÈNE. PHILIS. CLIMÈNE. TOUTES DEUX ENSEMBLE. Aimons, c'est le vrai moyen 180 LA PRINCESSE. Achevez seules , si vous voulez. Je ne saurois demeurer en repos, et quelque douceur qu'aient vos chants, ils ne font que redoubler mon inquiétude. |