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POUR LE DUC DE FOIX, REPRÉSENTANT RENAUD.

IL porte un nom célèbre, il est jeune, il est sage;
A vous dire le vrai, c'est pour aller bien haut;
Et c'est un grand bonheur que d'avoir, à son âge,
La chaleur nécessaire, et le flegme qu'il faut.

POUR LE DUC DE COASLIN, REPRÉSENTANT DUDON.

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TROP avant dans la gloire on ne peut s'engager.
J'aurai vaincu sept rois, et, par mon grand courage,
Les verrai tous soumis au pouvoir de Roger,

Que je ne serai pas content de mon ouvrage.

Après eux marchoient le comte du Lude et le prince de Marsillac : le premier vêtu d'incarnat et blanc; et l'autre de jaune, blanc et noir, enrichis de broderie d'argent; leur livrée de même, et fort bien montés.

POUR LE COMTE DU LUDE, REPRÉSENTANT ASTOLPHE.

De tous les paladins qui sont dans l'univers,
Aucun n'a pour l'amour l'âme plus échauffée;
Entreprenant toujours mille projets divers,
Et toujours enchanté par quelque jeune fée.

POUR LE PRINCE DE MARSILLAC, REPRÉSENTANT BRANDIMART.

MEs vœux seront contens, mes souhaits accomplis,
Et ma bonne fortune à son comble arrivée,
Quand vous saurez mon zèle, aimable Fleur-de-lis
Au milieu de mon cœur profondément gravée.

Les marquis de Villequier et de Soyecourt marchoient ensuite. L'un portoit le bleu et argent, et l'autre le bleu, blanc et noir, avec or et argent; leurs plumes et les harnois de leurs chevaux étoient de la même couleur, et d'une pareille richesse.

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POUR LE MARQUIS DE VILLEQUIER, REPRÉSENTANT RICHARDET.

PERSONNE, comme moi, n'est sorti galamment

D'une intrigue où, sans doute, il falloit quelque adresse;
Personne, à mon avis, plus agréablement

N'est demeuré fidèle en trompant sa maîtresse.

POUR LE MARQUIS DE SOYECOURT,

REPRÉSENTANT OLIVIER.

Voici l'honneur du siècle, auprès de qui nous sommes

Et même les géans, de médiocres hommes;

Et ce franc chevalier, à tout venant tout prêt,

Toujours pour quelque joûte a la lance en arrêt.

Les marquis d'Humières et de La Vallière les suivoient. Ce premier portant le couleur de chair et argent, l'autre le gris de lin, blanc et argent, toute leur livrée étant la plus riche et la mieux assortie du monde.

POUR LE MARQUIS D'HUMIÈRES, REPRÉSENTANT ARIODANT.

JF. tremble dans l'accès de l'amoureuse fièvre,
Ailleurs, sans vanité, je ne tremblai jamais,
Et ce charmant objet, l'adorable Genèvre,
Est l'unique vainqueur à qui je me soumets.

POUR LE MARQUIS DE LA VALLIÈRE, REPRÉSENTANT ZEREIN.

QUELQUES beaux sentimens que la gloire nous donne,
Quand on est amoureux au souverain degré,
Mourir entre les bras d'une belle personne,

Est de toutes les morts la plus douce à mon gré.

M. le Duc marchoit seul, portant pour sa livrée le couleur de feu, blanc et argent. Un grand nombre de diamans étoient attachés sur la magnifique broderie dont sa cuirasse et son bas de soie étoient couverts, son casque et le harnois de son cheval en étant aussi enrichis..

POUR MONSIEUR LE DUC, REPRÉSENTANT ROLAND.

ROLAND fera bien loin son grand nom retentir,
La gloire deviendra sa fidèle compagne.

Il est sorti d'un sang qui brûle de sortir
Quand il est question de se mettre en campagne;

Et pour ne vous en point mentir,

C'est le pur sang de Charlemagne.

Un char de dix-huit pieds de haut, de vingt-quatre de long, et de quinze de large, paroissoit ensuite éclatant d'or et de diverses couleurs. Il représentoit celui d'Apollon, en l'honneur duquel se célébroient autrefois les jeux pythiens, que ces chevaliers s'étoient proposé d'imiter en leurs courses et en leur équipage. Cette divinité brillante de lumière étoit assise au plus haut du char, ayant à ses pieds les quatre Ages ou Siècles, distingués par de riches habits, et par ce qu'ils portoient à la main.

Le Siècle d'or, orné de ce précieux métal, étoit encore paré de diverses fleurs, qui faisoient un des principaux ornemens de cet heureux Age. Ceux d'argent et d'airain avoient aussi leurs marques particulières. Et celui de fer étoit représenté par un guerrier d'un regard terrible, portant d'une main l'épée, et de l'autre le bouclier.

Plusieurs autres grandes figures de relief paroient les côtés du char magnifique. Les monstres célestes, le serpent Python, Daphné, Hyacinte, et les autres figures qui conviennent à Apollon, avec un Atlas portant le globe du monde, y étoient aussi relevés d'une agréable sculpture. Le Temps, représenté par le sieur Millet, avec sa faux, ses ailes et cette vieillesse décrépite dont on le peint toujours accablé, en étoit le conducteur. Quatre chevaux d'une taille et d'une beauté peu communes, couverts de grandes housses semées de soleils d'or, et attelés de front, tiroient cette machine.

Les douze Heures du jour et les douze Signes du zodiaque,

habillés fort superbement, comme les poètes les dépeignent, marchoient en deux files aux deux côtés de ce char.

Tous les pages des chevaliers les suivoient deux à deux après celui de M. le Duc, fort proprement vêtus de leurs livrées, avec quantité de plumes, portant les lances de leurs maîtres et les écus de leurs devises.

Le duc de Guise, représentant Aquilant le noir, ayant pour devise un lion qui dort, avec ces mots :

Et quiescente pavescunt.

Le comte d'Armagnac, représentant Griffon le blanc, ayant pour devise une hermine, avec ces mots :

Ex candore decus.

Le duc de Foix, représentant Renaud, ayant pour devise un vaisseau dans la mer, avec ces mots :

Longè levis aura feret.

Le duc de Coaslin, représentant Dudon, ayant pour devise un soleil, et l'héliotrope ou tournesol, avec ces mots :

Splendor ab obsequio.

Le comte Du Lude, représentant Astolphe, ayant pour devise un chiffre en forme de noeud, avec ces mots :

Non sia mai sciolto.

Le prince de Marsillac, représentant Brandimart, ayant pour devise une montre en relief, dont on voit tous les ressorts, avec ces mots :

Quieto fuor, commoto dentro.

Le marquis de Villequier, représentant Richardet, ayant pour devise un aigle qui plane devant le soleil, avec ces

mots :

Uni militat astro.

Le marquis de Soyecourt, représentant Olivier, ayant pour devise la massue d'Hercule, avec ces mots :

Vix æquat fama labores.

Le marquis d'Humières, représentant Ariodant, ayant pour devise toutes sortes de couronnes, avec ces mots : No quiero menos.

Le marquis de La Vallière, représentant Zerbin, ayant pour devise un phoenix sur un bûcher allumé par le soleil,

avec ces mots :

Hoc juvat uri.

Monsieur le Duc, représentant Roland, ayant pour devise un dard entortillé de lauriers, avec ces mots :

Certè ferit.

Vingt pasteurs chargés de diverses pièces de la barrière qui devoit être dressée pour la course de bague, formoient la dernière troupe qui entra dans la lice. Ils portoient des vestes couleur de feu, enrichies d'argent, et des coiffures de même.

Aussitôt que ces troupes furent entrées dans le camp, elles en firent le tour, et après avoir salué les reines, elles se séparèrent, et prirent chacune leur poste. Les pages à la tête, les trompettes et les timballiers se croisant, s'allèrent poster sur les ailes. Le roi s'avançant au milieu, prit sa place vis-à-vis du haut dais; M. le Duc, proche sa majesté; les ducs de Saint-Aignan et de Noailles, à droite et à gauche; les dix chevaliers, en haie aux deux côtés du char; leurs pages, au même ordre derrière eux; les Signes et les Heures, comme ils étoient entrés.

Lorsqu'on eut fait halte en cet état, un profond silence, causé tout ensemble par l'attention et par le respect, donna le moyen à mademoiselle de Brie, qui représentoit le Siècle

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