d'airain, de commencer ces vers à la louange de la reine, adressés à Apollon, représenté par le sieur La Grange. LE SIÈCLE D'AIRAIN, à Apollon. BRILLANT père du jour, toi, de qui la puissance, Se fait voir et sentir en tous lieux par soi-même, APOLLON.. Si ces lieux fortunés ont tout ce qu'eut la Grèce J'ai toujours pris plaisir à verser sur la France Depuis un si long temps que pour le bien du monde Mille climats divers qu'on vit sous la puissance Se trouveront un jour unis sous son pouvoir. Ce qu'eurent de grandeur et la France et l'Espagne, Rendront tout l'univers à son trône soumis. Un nom qui tient en soi les plus grands noms unis, LE SIÈCLE D'ARGENT. Quel destin fait briller, avec tant d'injustice, LE SIECLE D'OR. Ah! ne murmure point contre l'ordre des dieux. l'exterminer. LE SIÈCLE DE FER. Je sais quels ennemis ont entrepris ma perte; APOLLO N. Contre tant de grandeur, contre tant de vertu, Tous ces récits achèvés, la course de bague commença, en laquelle, après que le roi eut fait admirer l'adresse et la grâce qu'il a en cet exercice, comme en tous les autres, et après plusieurs belles courses de tous les chevaliers, le duc de Guise, les marquis de Soyecourt et de La Vallière demeurèrent à la dispute, dont ce dernier emporta le prix, qui fut une épée d'or enrichie de diamans, avec des boucles de baudrier de grande valeur, que donna la reine mère, et dont elle l'honora de sa main. La nuit vint cependant à la fin des courses, par la justesse qu'on avoit eue à les commencer; et un nombre infini de lumières ayant éclairé tout ce beau lieu, l'on vit entrer dans la même place trente-quatre concertans fort bien vêtus, qui devoient précéder les Saisons, et faisoient le plus agréable concert du monde. Pendant que les Saisons se chargeoient de mets délicieux, qu'elles devoient porter, pour servir devant leurs majestés la magnifique collation qui étoit préparée, les douze Signes du zodiaque et les quatre Saisons dansèrent dans le rond une des plus belles entrées de ballet qu'on eût encore vues. Le Printemps parut ensuite sur un cheval d'Espagne, représenté par mademoiselle Du Parc, qui, avec le sexe et les avantages d'une femme, faisoit voir l'adresse d'un homme. Son habit étoit vert, en broderie d'argent et en fleurs au naturel. L'Été le suivoit, représenté par le sieur Du Parc, sur un éléphant couvert d'une riche housse. L'Automne, aussi avantageusement vêtu, représenté par le sieur La Thorillière, venoit après, monté sur un chameau. L'Hiver, représenté par le sieur Béjart, suivoit sur un ours. Leur suite étoit composée de quarante-huit personnes, qui portoient sur leur tête de grands bassins pour la collation. Les douze premiers, couverts de fleurs, portoient, comme des jardiniers, des corbeilles peintes de vert et d'argent, garnies d'un grand nombre de porcelaines, si remplies de confitures et d'autres choses délicieuses de la saison, qu'ils étoient courbés sous cet agréable faix. Douze autres, comme moissonneurs, vêtus d'habits conformes à cette profession, mais fort riches, portoient des bassins de cette couleur incarnate qu'on remarque au soleil levant, et suivoient l'Été. Douze, vêtus en vendangeurs, étoient couverts de feuilles de vigne, et de grappes de raisins, et portoient dans des paniers feuille-morte, remplis de petits bassins de cette même couleur, divers autres fruits et confitures, à la suite de l'Automne. Les douze derniers étoient des vieillards gelés, dont les fourrures et la démarche marquoient la froidure et la foiblesse, portant dans des bassins couverts d'une glace et d'une neige, si bien contrefaites, qu'on les eût prises pour la chose même, ce qu'ils devoient contribuer à la collation, et suivoient l'Hiver. Quatorze concertans de Pan et de Diane précédoient ces deux divinités, avec une agréable harmonie de flûtes et de musettės. Elles venoient ensuite sur une machine fort ingénieuse, en forme d'une petite montagne ou roche ombragée de plusieurs arbres; mais ce qui étoit plus surprenant, c'est qu'on la voyoit portée en l'air, sans que l'artifice qui la faisoit mouvoir se pût découvrir à la vue. Vingt autres personnes les suivoient, portant des viandes de la ménagerie de Pan et de la chasse de Diane. Dix-huit pages du roi, fort richement vêtus, qui devoient servir les dames à table, faisoient les derniers de cette troupe; laquelle étant rangée, Pan, Diane et les Saisons se présentant devant la reine, le Printemps lui adressa le premier ces vers : *LE PRINTEMPS, A LA REINE. ENTRE toutes les fleurs nouvellement écloses Dont mes jardins sont embellis, Méprisant les jasmins, les œillets et les roses, L'ÉTÉ. Surpris un peu trop promptement, J'apporte à cette fête un léger ornement : Mais avant que ma saison passe, Je ferai faire à vos guerriers L'AUTOMNE. Le Printemps, orgueilleux de la beauté des fleurs Prétend de cette fête avoir tout l'avantage, Et nous croit obscurcir par ses vives couleurs ; Pour faire quelque jour les délices du monde. L'HIVER. La neige, les glaçons que j'apporte en ces lieux, Mais ils sont des plus nécessaires De leurs œillades meurtrières, Font naître tant d'embrasemens. DIANE. Nos bois, nos rochers, nos montagnes, Tous nos chasseurs, et mes compagnes Qui m'ont toujours rendu des honneurs souverains, |