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prend évidemment le parti des innocents. Les audacieux ont annoncé qu'ils étaient venus pour notre sûreté et ils ont été les premiers à fuir lâchement avec les autorités et la milice, en sorte que la ville a été exposée aux plus grands dangers. Grâce soit rendue à la Providence qui veille sur nous! il n'y a eu aucun désordre, ce qui est unique dans l'histoire des peuples et le plus bel épisode dans l'histoire de la Pologne. Polonais ! le moment décisif est arrivé! Réunissez-vous, oubliez toute haine, ainsi que la discorde funeste qui a rendu vains tant d'efforts que vous avez faits. Songez quel triste sort la destruction de l'indépendance politique entraîne, et je suis fermement convaincu que vous serez comme une phalange macédonienne invincible, et que l'esprit national connu de monde entier renaîtra. Les Romains n'avaient que deux milles carrés de territoire et 4000 habitants, et cependant ils sont devenus les maîtres du monde entier.

Pourquoi donc la nation polonaise ne recouvrerait-elle pas son indépendance si elle la désirait énergiquement? Polonais! ne craignez pas vos ennemis; suivez la trace de Léonidas à la tête d'une petite troupe de Spartiates. Mais pourquoi citer des exemples des peuples anciens? Quelle nation compte autant de héros et de martyrs dans la sainte cause de notre régénération? Tous les Slaves se lèveront dès qu'ils apprendront votre soulèvement, et l'Europe entière, qui désire ardemment secouer le joug de ses tyrans, applaudira à votre dévouement et vous appuiera de toutes ses forces; ne désespérez pas.

Mettez toute votre confiance en Dieu qui soutiendra nos armes dans notre juste cause. Bourgeois et habitants de Krakovie, les ombres de vos ancêtres, qui ont habité cet asile antique et donné tant de preuves d'un courage indomptable, se placeront à côté de vous dans le combat, enflammeront vos cœurs, convaincus qu'ils n'ont pas à rougir de leurs fils, qui sont en état de chasser les ravisseurs qui n'ont pas craint de porter une main profane sur leurs cendres sacrées dans leur tombeau. Déposez des offrandes volontaires sur l'autel de la patrie, et vous recueillerez les plus riches fruits de vos efforts.

La postérité admirera et couronnera vos exploits. Dans le cas contraire, vos petits-enfants maudiront à jamais votre apathie et vous-mêmes dans le tombeau. Que dès ce moment notre devise soit : Dieu!

Dépêche diplomatique de lord Westmoreland à lord Aberdeen, sur les événements de Posen, de Krakovie et de Galicie.

Berlin, 25 février 18461.

Mylord, j'apprends que des troubles ont eu lieu dans le voisinage de Krakovie. Le 20 au soir, des bandes armées sont entrées dans la petite ville de Jaworzno, ont ouvert les portes des prisons et commis des meurtres. La malle de Krakovie a été arrêtée près de la frontière prussienne, fouillée et pillée.

Dans le voisinage de la ville d'Oswiecim en Galicie, des groupes tumultueux ont paru en force et ont forcé les officiers de la douane de la frontière autrichienne de chercher un refuge à la douane prussienne de Neu-Berun.

Le 2o régiment de lanciers prussiens, campé dans le voisinage, a reçu l'ordre de se diriger vers la frontière, non-seulement pour protéger les sujets prussiens contre les attaques des insurgés, mais en même temps pour porter au

1. Archives d'Angleterre.

besoin secours à la ville libre de Krakovie. Un détachement de chasseurs et un bataillon d'infanterie ont été envoyés pour le même objet de Breslau par le chemin de fer et ont dû passer le territoire de l'Etat; des troupes autrichiennes, comme je l'ai annoncé dans ma dépêche du 23 février, sont déjà entrées dans Krakovie.

Westmoreland.

Dépêche diplomatique de lord Westmoreland à lord Aberdeen, sur les événements de Posen, de Krakovie et Galicie.

Berlin, le 26 février 1846'.

Mylord, j'ai reçu aujourd'hui l'information que les troupes autrichiennes qui occupaient Krakovie ont évacué la ville et la citadelle à dix heures du soir, le 20 courant, par suite d'un mouvement insurrectionnel considérable dans Krakovie et ses environs.

Le gouvernement prussien envoie une force de 6000 hommes de toutes armes sur Krakovie, avec ordre de reprendre la ville, mais ces troupes arriveront à peine à destination avant la journée de demain, 27.

Le bruit court ici qu'une nouvelle division de troupes autrichiennes avait réoccupé la ville, mais cette nouvelle n'est pas encore confirmée.

Les résidents des trois puissances accréditées près de l'Etat de Krakovie ont quitté la ville.

Les détails des événements qui ont amené l'évacuation des troupes autrichiennes n'ont pas encore été reçus ici par le gouvernement.

Westmoreland.

Circulaire du staroste autrichien, relative aux massacres de la noblesse polonaise et aux récompenses à accorder aux paysans

massacreurs.

Zloczow, 26 février 18462.

Conformément aux ordres du gouvernement suprême, et en vertu de l'art. 50 du Code pénal, il vient d'être formé, pour le cercle de Zloczow, un tribunal spécial qui, dans les vingt-quatre heures, punira de mort tout criminel d'Etat. En conséquence, j'avertis tous les habitants de se tenir tranquilles et de ne prendre aucune part à la rébellion; mais je les autorise à se saisir des rebelles et à les conduire soit au chef-lieu du cercle, soit au commandement militaire. C'est sur les paysans surtout que je me repose, et j'espère qu'ils persévéreront dans leur fidélité au gouvernement, et qu'ils me livreront les ret elles. Je suis expressément autorisé, par l'autorité suprême, de payer au comptant une récompense pécuniaire convenable. Ces paysans fidèles seront assistés des commissaires circulaires et de la force armée, afin qu'ils puissent parcourir efficacement le territoire dans différentes directions. L'assistance des commissaires est d'autant plus urgente aux paysans, que s'ils oubliaient ou ne savaient pas ce qu'ils doivent faire, ils pourraient obtenir immédiatement les instructions nécessaires. Les paysans des cercles occidentaux se distinguent particulièrement par leur fidélité au gouvernement paternel; ils s'arment en masse, poursuivent les rebelles et les livrent aux chefs-lieux.

1. Archives d'Angleterre.

2. Chodzko. Massacres de Galicie en 1846, p. 36.

La présente circulaire sera lue par les mandataires et par les prêtres, sous les peines les plus sévères, aux paysans de toutes les communes.

Andrzeiowski, staroste du cercle de Zloczow.

Bref du pape Grégoire XVI, adressé à Joseph-Gabriel Woytarosz, évêque de Tarnow, en Galicie, en lui ordonnant la soumission et en justifiant le gouvernement autrichien dans les massacres de Galicie.

Rome, le 27 février 1846'.

Au vénérable frère Joseph, évêque de Tarnow. Au milieu des très-graves sollicitudes et chagrins dont nous sommes accablé et affligé dans cette grande perturbation de la république chrétienne et civile, nous avons appris avec beaucoup de peine que, dans le pays soumis à notre très-cher fils l'empereur d'Autriche, roi apostolique de Hongrie et illustre roi de Bohême, on a entrepris une détestable (nefaria) conspiration contre la souveraineté de ce sérénissime prince, conspiration clandestinement tramée par les machinations de ces hommes qui, dans ces tristes temps, n'écoutent que leurs passions, et, toujours agités comme les flots de la mer, méprisent toute domination et blasphèment la majesté du trône; de ces artisans insidieux de mensonge, qui abusent d'une manière impie du prétexte du bien public et de la religion, et s'efforcent de tromper les esprits inexpérimentés de la multitude, de l'induire en erreur et d'exciter des séditions, afin de renverser, s'il était possible, les droits et l'ordre établi de toute puissance.

Cette grave et triste nouvelle nous a, vénérable frère, extrêmement affligé, car il nous est connu et prouvé combien est grande la piété du sérénissime prince qui a bien mérité du saint-siége apostolique, qui soutient la religion catholique dans ses États, qui défend avec soin ceux qui la professent et qui pourvoit de tout son pouvoir au bonheur des populations. Nous en sommes d'autant plus affligé que nous avons entendu dire que plusieurs ecclésiastiques ont été misérablement trompés par de mauvais conseils et par des intrigues, et que même plusieurs curés n'ont pas rougi, dans une affaire de si haute importance, de manquer à leur devoir.

1. Sources précédentes.

Nous sommes persuadé, vénérable frère, que par votre vigilance pastorale vous aurez cherché à préserver vos fidèles des embûches et des séductions, et à les faire persévérer dans l'observance des préceptes de la religion catholique et dans la foi envers leur souverain, en lui restant soumis, non-seulement par crainte, mais aussi par conscience, et en lui prêtant l'obéissance qui lui est due. Nous vous adressons cependant cette lettre évangélique afin que vous enseigniez à vos ouailles, avec un zèle encore plus grand, la sainte doctrine de l'obéissance que tous les sujets doivent absolument aux suprêmes autorités, selon la maxime de saint Paul, et selon le précepte même du divin Prince des pasteurs. N'oubliez pas, surtout, de rappeler à leur devoir ces ecclésiastiques qui, oubliant leurs obligations et leur dignité, osent se mêler à ces mouvements séditieux; ne cessez jamais d'exhorter votre clergé, afin qu'en se rappelant sa vocation et qu'en songeant sérieusement au ministère qu'il a reçu du Seigneur, il fasse tous ses efforts pour éloigner les chrétiens, tant avec les paroles qu'avec l'exemple, des conspirations perfides d'hommes séditieux, et pour leur apprendre que toute puissance vient de Dieu (que, par conséquent, ceux qui résistent aux puissances résistent à l'ordre de Dieu et encourent la condamnation); le précepte d'obéissance ne peut donc être violé sans péché, sauf le cas où l'on commanderait quelque chose de contraire aux lois de Dieu et de l'Église.

Nous ne doutons pas, vénérable frère, du zèle avec lequel vous seconderez nos désirs et nos conseils, et ferez en sorte que les fidèles confiés à vos soins aient en horreur et évitent les délires des esprits égarés, les mouvements impies des hommes turbulents, et qu'ils prêtent, selon la doctrine catholique, tout l'honneur et toute l'obéissance à leur sérénissime prince.

En attendant, nous vous attestons et confirmons par cette lettre familière, la bienveillance particulière que nous avons pour vous, et nous vous donnons la bénédiction apostolique avec toute l'effusion de notre cœur et avec le désir que vous et vos fidèles jouissiez de la véritable félicité.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 27 février 1846, la seizième année de notre pontificat. Grégoire XVI.

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Dépêche diplomatique de lord Westmoreland à lord Aberdeen, sur les événements de Posen, de Krakovie et de Galicie.

Berlin, le 28 février 18461.

Mylord, une copie d'une proclamation publiée à Krakovie par un gouvernement provisoire à des insurgés vient d'être reçue ici par le ministre de l'inté rieur, M. de Bodelschwing. Je ne l'ai point vue, une seule copie étant arrivée, mais le ministre m'a dit qu'elle était signée par trois personnes dont les noms lui étaient inconnus et qui invitaient toute la population polonaise à se soulever et à reconquérir son indépendance nationale.

Le gouvernement prussien croit qu'en ce moment ses troupes sont à Krakovie et ont comprimé le mouvement insurrectionnel.

Westmoreland.

sur la

Circulaires de Milbacher, préfet autrichien en Galicie, annonçant les heureux résultats obtenus par les paysans massacreurs, noblesse Polonaise; et ordonnant, aux nobles survivants, de soigner et de nourrir ces paysans.

N° 130.

Léopol, 2 mars 18461.

Le lieutenant-colonel de Benedek, aide-de-camp du commandant-général, a battu à Gdow les insurgés de Krakovie, réunis à ceux de Galicie; il y a eu plusieurs centaines de tués sur place, un grand nombre de blessés et de prisonniers, le reste s'est réfugié à Krakovie. Pendant cette affaire les paysans aussi ont montré leur fidélité et leur reconnaissance au gouvernement impérial et royal, en combattant courageusement les rebelles. D'après cela, le soulèvement est tout à fait étouffé dans cette contrée; et dans tous les cercles ou d'autres lieux, les braves paysans ont vaillamment attaqué les rebelles de Galicie qui se rassemblaient, et les ont en partie tués, en partie amenés prisonniers. Un zèle pareil anime les paysans dans toute la Galicie, et comme la force militaire augmentée est vigilante partout, comme des troupes nombreuses avec de l'artillerie entrent encore en Galicie, comme les places des insurgés sont déjà découvertes; enfin, comme les communes sont chargées de s'emparer de tous les perturbateurs de la paix et de tous les suspects, et d'employer la force si ceux-ci s'y opposent, il est à espérer que la révolution sera bientôt étouffée. D'ailleurs la loi martiale publiée conserve son action, ainsi que l'armement des paysans. La victoire remportée sur les rebelles, le courage et la fidélité des paysans des cercles occidentaux, doivent être aussi annoncés à Horoszany, au cercle de Sambor.

Milbacher.

1

N° 142.

Léopol, 2 mars 1846.

de

Attendu que la mauvaise administration de la police et des moyens transports de la part des domaines, de la noblesse polonaise et la protection accordée par ceux-ci aux rebelles, ont forcé le général à faire usage des paysans

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