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*BAUDROUSE, s. f. Mot d'exemple unique. - Lanière de cuir ou corde pour la pendaison. On pourrait ici comprendre le fouet, punition fréquemment et publiquement appliquée aux malfaiteurs.

Plus n'y vault que tost ne happez

La baudrouse de quatte talle.

Ball. IV.

Cette signification est attribuée au mot baudru dans plusieurs dictionnaires d'argot. « Tu as eu la tapette et l'baudru. Le déjeuné de la Râpée, p. 6.

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Baudrouse, comme baudru, se rattache visiblement à bauldrier et bauldroye, qui, en vieux français, désignent d'une manière générale les objets quelconques faits de cuir baudroyé. Mes souliers de baudrier», dit la chanson d'un barbier de Paris (Chansons nouvelles, Jehan Bonfons, 1548). Ailleurs le baudrier est une ceinture de cuir à usage de bourse. Bien faschés d'avoir si mal employé l'argent de leur baudrier ». Brant., Cap. fr., t. IV, p. 315. La partie du corps sur laquelle porte le baudrier en recevait aussi le nom par extension: Nuz du baudrez, de la ceinture, du milieu du corps. Benoît, III, p. 206, v. 37433. Il suit de là que la baudrouse peut se traduire par fouet, lanière de cuir ou baudrier. (V. ci-après, vo Talle.) Mais il se peut que la baudrose désigne ici soit un baudrier de cuir où se rattachait la corde qui servait à pendre, soit cette corde elle-même. Voyez les mots Quatte et Talle.

Molt ot longe le barbe dusqu'al neu del baudré.

Aiol., v. $737.

Une troisième version se présente, qui changerait l'as

pect de la figure sans modifier le sens du vers. Un ancien instrument à cordes s'appelait la baudose (probablement la joyeuse, de bauld et baulde, hardi, joyeux, libertin); il y aurait, en ce cas, comparaison entre les piliers du gibet et une guitare à quatre ou plusieurs cordes, donnant ⚫ la belle mélodie qui célèbre, dans la ballade VII, les noces des befleurs avec la potence. A cette acception se rattache la baldosa, qui est une danse ainsi désignée par N. Duez dans son dict. italien. Il est clair que le nom de l'instrument et celui de la danse ne font qu'un.

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Baudrouse, si on lisait baudose ou baudouse, comme cidessus, suggérerait aussi l'idée d'un mot hybride, bald-house, la maison de débauche, par antiphrase, pour le gibet. L'emploi du mot gauldouse (v. ci-après), c'est-à-dire la maison de joie ou la bonne maison, donne quelque crédit à cette hypothèse. On trouve dans Palsgrave bordel-house, qui est bien autrement anormal.

BAY, s. m. Je crois que c'est le mot bec écrit comme on le prononçait avec la finale muette.

Brouant au bay à tous deux walcquerins.

Ball. IX.

Quant il trait le bai sans le marc.

Le Jus de sainct Nicholai.

Dans le premier de ces deux exemples, le rétablissement du mot bec ferait disparaître l'hiatus; bai, en ce lieu, n'est donc qu'une faute de copiste.

La prononciation bé est affirmée par ce quatrain que cite Littré:

Quand il pleut à la Saint Medard,
Il pleut quarante jours plus tard;
A moins que saint Barnabé
Ne lui tape sur le bé.

Dans le deuxième exemple, il faut lire le brai, c'està-dire l'orge broyée pour la bière. Troys molins, dont l'ung nommé le Molin Braseret, n'estoit qu'à modre braie, grain à brasser cervoise ou goudalle. » Du Cange sous Brace.

BEC, s. m. Dans une des acceptions ordinaires du mot, par lesquelles on assimile le nez et la figure d'un homme au bec d'un oiseau, telles que clore le bec à quelqu'un, se prendre de bec, etc. (V. ci-après Rebecquer.)

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Tournez toudis le bec par devers France.

EUST. DESCH. ms. fo 106, col. 1.

«Ils avoient le bec au vent pour tirer à leur païs. » Le Jouvencel, ms. p. 567. – Machaut, ms. fo 230.

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• Crestien penront par le bech. »

Que le maulubec vous trousque!

Rabelais, I, p. 7.

Quand la neige est sus les montaignes : la fouldre, l'esclair, les lanciz, le mau lubec, le rouge grenat, le tonnoirre, la tempeste, tous les diables sont par les vallées. Ibid., II, 136.

« Maulubec ou mauloubet, ulcère ou chancre fort dange

reux; malaubec dit le Rabelaesiana, éd. Louis Janet, Paris, 1823, t. III, p. 656. Je traduirais plutôt, par décomposition, mau lu bec, mauvaise lumière à la figure (voyez Luer).

BEFFLEUR, s. m. Trompeur, escroc; spécialement celui qui trompe avec la parole, et, à ce titre, supérieur aux voleurs vulgaires qui se bornent à dérober avec la main.

Là sont beffleurs au plus hault bout assis.

Ball. I et VII.

Le vendengeur beffleur comme une choue.

Ball. X.

C'est Barrabas

Qui se dit le roi des beffleurs.

Mist. de la Passion, 4e journée.

Par tous nos dieux, maistre beffleur,
Vous venez à la befflerie...

Je suis Gournay, où beffleurs vont d'aguet.

Mist. du V. Testament.

Car je maintiendrai par les dieux
Devant tous que tu l'as besflée.

Mir. des Enfans ingratz.

... Tous gens flateurs sont diaboliques,

Je les maintiens pour beffleurs impudiques.

ROGER DE COLLERYE.

Gueux mitouflez, frapars escorniflez,
Befflez, enflez, fagɔteurs de tabus.

RABELAIS, I, 195.

Je vous prie de croire que j'ay le cœur trop bon, pour me laisser beffler et nasarder de la façon. Les après disnées du seigneur de Cholieres. Le maréchal de Villeroy s'en servait encore: « Il ne contoit à Sa Majesté touchant

les affaires d'Espagne que des niaiseries et balivernes, afin de le beffler et l'amuser. Villeroy, Mém., t. II, p. 84. — Sully, dans La Curne, t. VII, 192.

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Beffler. To deceive, mocke or gull, with fair words. » Cotgrave. Oudin, dans ses Recherches italiennes et françaises (2o partie, p. 52, c. 2), traduit besfler par beffare, c'est-à-dire gausser, railler, beffler. Beffler, mener un homme par le bout du nez, le tourner en ridicule, le tromper. Dict. de Trévoux.

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On a voulu le dériver de l'anglais befool, qui a la même signification; c'est une confusion. On dit en anglais baffler, ce qui est le mot exact et la prononciation française, écrits avec les caractères anglais.

Littré, sous Bafouer, donne anc. fr. baffe et beffle; provençal et esp., bafa ; ital., beffa, moquerie; esp., befar, railler; befa, lèvre du cheval; befar, remuer les lèvres. On trouve bufeor dans les anc. poés. av. 1300, citées par La Curne. Ital., Beffe, moqueries :

N' ho' I danno e le beffe.

Prov. ital. 1555.

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Du Cange a recueilli les éléments d'une étymologie plus rationnelle que befa; « Bifax, mendax, befarius, bilinguis, fallax. Papias. Bifarius, vel duas linguas habens. Vet. Gloss. S.-Germ., n. 501. Le beffleur serait celui qui a la langue double, c'est-à-dire qui a deux pensées et qui trompe.

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Scherz enregistre befferen, v. a., species delicti», d'après une phrase d'Ulrich de Hutten ainsi conçue: «Sie betrigen, sie befferen, sie stelen, sie lingen, sie fels

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