AVERTISSEMENT. Il est un fait certain, incontestable, c'est qu'aujourd'hui, chez nous, les livres les plus répandus parmi la jeunesse qui aspire au grade de bachelier sont ce qu'on appelle les Manuels. Un autre fait non moins certain, non moins incontestable, c'est que les aspirans ne puisent à ces sources si maigres qu'une instruction superficielle, mal digérée, et qui, le plus souvent, manque le but auquel elle promettait de conduire. La plupart des candidats que la Faculté de Caen ajourne (et c'est à peu près le tiers de ceux qui se présentent) n'ont pas été préparés autrement. Interdirons-nous donc l'usage des Manuels? mais, d'abord, il le faudrait pouvoir. L'interdiction morale, la seule qui nous soit permise, et nous ne nous en faisons pas faute, ne profite pas beaucoup, à ce qu'il paraît. En second lieu, il faudrait qu'un Manuel fut un mal nécessaire en soi et sous quelque forme qu'il pût se présenter : or nous concevons parfaitement le contraire; tout ce que nous blâmons et reprenons dans un pareil livre, c'est son exécution. y L'usage des Manuels est universel en Allemagne, et il produit les plus heureux résultats. Pourquoi? c'est que le handbuch est ce qu'il doit être, c'est à dire un résumé substantiel des leçons de tel ou tel professeur, fait par le professeur lui-même, destiné à diriger l'élève dans ses études, et non à les suppléer entièrement, renvoyant à chaque instant |