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→→ dicis, qui voulant donner une fcene divertiffante à la Cour, fit accroire à la Reine que »fa femme étoit fourde, & à fa femme que la » Reine l'étoit auffi, afin qu'on vît l'une & » l'autre crier de toutes leurs forces dans la con→ verfation. L'hiftoriette finie, l'Archevêque s'en alla dîner.

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M. de Péré

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Je ne continuerai pas en détail le récit de II. chaque entretien du Prélat avec chaque Reli- fixe fait la viieuse. 11 feroit très aifé de le faire à l'égard de fite du Conplufieurs cinq de ces Religieufes ayant fait vent, & prochacune leur relation. Mais c'est un ennui nonce une j'épargnerai au Lecteur; & ce que j'ai rapporté terdiction des de la féance de l'Archevêque vis-à-vis de la Sacremens Prieure, fervira d'échantillon pour les autres. &c. Il fuffira de dire que c'étoit toujours le même rollet, les mêmes phrafes qu'il débitoit; » Il » n'agiffoit que pour l'acquit de fa confcience: » Ce n'eft pas un menfonge de figner, quand on >> auroit quelque doute : Les inférieurs ne font » pas en droit de demander compte aux fupérieurs ni des raifons de leur commandement, ni de ce que renferme le commandement : On » condamneroit bien Calvin, pourquoi ne pas » condamner Janfénius? Le Pape eft votre Su»périeur à qui il faut obéir: tous les Docteurs, > tout le monde figne le Formulaire ; êtes-vous → plus habiles que toute l'Eglife?

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Ce fcrutin ou entrevue de chaque Religieufe ne finit pas le 16. l'Archevêque l'acheva le lendemain 17. au matin. Et quand il l'eut terminé, il s'entretint avec M. Paulon le Confeffeur, fe lamentant de ce que les chofes tournoient fi mal: puis il l'attaqua en particulier, & voulut fçavoir enfin qu'elles étoient fes difpofitions touchant le Formulaire. Le Confeffeur fe retrancha d'abord à dire que s'il fignoit, il

ne pouvoit plus être utile aux Religieufes qui n'auroient plus de confiance en lui. L'Archevêque ne fe contenta pas de cette réponse & voulut qu'il s'expliquât. Il le fit, & offrit de figner pour le Droit: ce qui fâcha fort le Prélat. La chofe en demeura là pour le préfent. L'aprèsmidi l'Archevêque entra dans la maison avec fa compagnie & fit la vifite de la clôture: laquelle étant faite, il alla au Chapitre où la Communauté étoit déja affembée. Il s'affit, & après deux ou trois phrases, » Je vous commande, ɔɔ dit-il d'un ton de législateur, par toute l'auto> rité que Dieu m'a donnée fur vous, de figner »le Formulaire qui eft au bas de mon Mande

ment. Puis il interpella la Mere Prieure. Elle fe mit à genoux, & lui dit qu'elle ne le pouvoit pas. Les altercations recommencérent. Il argumente, on lui réplique: enfin il conclut par les exhorter beaucoup à prier Dieu qu'il lui faffe connoître ce qu'il doit mettre dans l'Ordonnance qu'il va dreffer ; il les affure qu'il n'y aura rien qui ne procéde de l'affection paternelle qu'il a pour elles toutes. Ces belles proteftations ne répondoient guéres à ce qui devoit partir enfuite de fa main. Il fe retira, après avoir donné fa bénédiction à la Communauté. Cependant M. de la Brunetiere fon Grand-Vicaire leur dit tout de fuite qu'il falloit fe tranfporter au parloir. Il s'y rendit lui-même, & fe mit à faire la lecture de l'Ordonnance qui étoit fans doute toute dreffée avant la cérémonie. Le difpofitif de l'Ordonnance confifte à déclarer les Religieufes défobéiffantes, leur interdire les Sacremens, les priver de voix active & passive, leur faire défenfe d'avoir communication avec les perfonnes fufpectes du dehors, ni de s'entretenir ensemble fur ces matiéres, enfin leur en

joindre de prier Dieu fans ceffe pour obtenir la docilité.

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Après la lecture, la Mere Prieure lui dit qu'elle fe portoit appellante de cette Ordonnance toutes les Religieufes dirent de même. » Eh! devant qui appellez-vous ? dit le Grand» Vicaire. L'appel comme d'abus au Parlement » vous eft interdit par l'Arrêt du Confeil, qui » défend au Parlement de connoître de votre » affaire. Voulez-vous appeller devant le Pri» mat de Lion, ou à Rome? Vous le pouvez ; » les chemins font libres : vous n'avez qu'à y aller, » On tint ferme, & on persista à lui répondre qu'on appelleroit par tout où il appartiendroit. On lui en demanda acte: ce qu'il refufa, Les Religieufes allérent de ce Le propas fterner devant le S. Sacrement, où elles récitérent le Pfeaume 16. Exaudi, Domine, juftitiam meam, le Symbole des Apôtres, & le Pater. Le lendemain après le départ de l'Archevêque, elics drefférent dans une Affemblée capitulaireleuracte d'appel, avec procuration à N. pour le pourfuiyre en leur nom. Toutes les Religieuses le figuérent. Il eft daté du 18. Novembre.

III.

Les Confef

Hamon s'é

Dix ou douze jours après, il vint à ? R. un Officier porteur d'une Lettre de cachet pour feur, Chape charger le maître de la Ferme, nommé Charles, lain & Sacri& l'homme-d'affaires nommé Hilaire, de con- ftain chaffés tinuer à prendre foin l'un du jardin, & l'autre par Lettre de de l'economie. Il demanda Meffieurs Floriot cachet. M. Chapelain, Paulon Confeffeur, & Giroût Sacriftain, étant obligé, difoit-il, de faire figner l'ordre de la Cour de ces trois Meffieurs , pour fa décharge. Les deux premiers étoient abfens : l'un s'étoit éclipfé, l'autre étoit allé à Paris. Il ne reftoit que le Sacriftain. Celui à qui l'Officier s'étoit adreffé dans la maifon, étoit M.

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Hamon, Médecin de la maifon, homme d'une fimplicité auffi grande que fa piété & fon fçavoir étoient éminens. Comme fon air de fimplicité frappa l'Officier, celui-ci ne se méfia point du tout de lui: ce qui profita beaucoup M. Hamon qui ne fut pas arrêté, & par ce moyen échappa aux ordres de la Cour, qui felon les apparences le regardoient auffi bien que les autres. M. Hamon fait defcendre M. Giroût pour parler à l'Officier qui étoit alors accompagné d'un fecond qui étoit furvenu: Il fait déjeûner ces Meffieurs, & va auffi avertir la Mere Prieure de ce qui fe paffe. Dans l'entre-tems quelqu'un apperçut quatre ou cinq archers le fufil fur l'épaule qui fe poftoient en différens endroits, de maniére qu'ils étoient à portée de voir tous ceux qui pafferoient dans les cours. On jugea qu'il étoit à propos que M. Hamon prît fes fûretés : & il trouva moyen de fe retirer fans être apperçu. Pour M. Giroût, on lui fignifia un ordre de fe retirer fur le champ de la maison, de forte que les Religieufes fe trouvérent tout-à-coup fans Confeffeur, fans Chapelain, fans Sacriftain, fans Médecin. M. Giroût alla voir quelques jours après M. l'Archevêque, & le conjura de le renvoyer à P. R. lui proteftant qu'il ne fe mêleroit que de fa Sacriftie. Le Prélat lui parla avec beaucoup de bonté; mais il lui dit qu'il falloit atten dre; que lui (Archevêque ) avoit des ennnemis qui épioient fa conduite. Ainfi il n'y eut rien de décidé pour lors, fi ce n'eft que l'Archevêque lui dit de ne pas fe preffer d'enlever fes meubles de P. R. Quelque tems après, M. Giroût eut la liberté de revenir & de reprendre fon pofte de Sacriftain. C'eft M. Hamon luimême qui fait le récit de cette descente à P.`

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R. dans une lettre qu'il écrivit à un ami quatre jours après, & qu'il finit avec une naïveté toute pleine d'efprit. » Ces bonnes gens-là, » dit-il parlant des gens envoyés par la Cour, » n'ont été trompés que parce qu'ils m'avoient » trompé. Car me trouvant de fi facile compo>> fition, & donnant de moi-même dans le piége, » ils me prirent pour un gros niais, & ils ne fe » trompoient pas en cela. Mais ils fe trompé→ rent en ce qu'ils ne firent pas affez réflexion qu'une perfonne trompée peut le détromper, » & qu'il ne falloit pas fe fier à mon peu d'efသ prit, parce qu'il y en avoit d'autres qui en » avoient pour moi.

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IV.

Les filles de P. R. des Champs ne furent pas Lettres & moins attentives que celles de Paris à faire tout Requêtes des ce qui étoit faifable pour le bien de leur caufe: Religieufes elles ne négligérent rien. De diftance à diftan- envoyées àM. ce elles écrivoient à l'Archevêque & lui pré- de Péréfixe. Lentoient desRequêtes, foit pour lui redemander les Sacremens, foit pour le prier de s'expliquer & de leur déclarer nettement ce qu'il demandoit d'elles ; s'il entendoit renfermer dans les termes de foumiffion & d'acquiefcement la créance intérieure. La premiére lettre & la premiére Requête libellée qui y étoit jointe, font du s. Décembre. Cette Requête eft parfaitement bien dictée', & roule toute fur ce raifonnement qui eft fimple, mais preffant. » Jufqu'ici nous nous fommes excufées de figner; parce que pendant qu'on exigeoit de nous de croire un Fait que cependant nous ne croyons »ni ne fçavons pas, nous aurions cru pécher » contre la fincérité en le fignant. On a voulu nous faire entendre, Monfeigneur, que vous » n'exigez pas la créance & la perfuafion intérieure, comme en effet l'Eglife elle-même

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