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ne peut pas l'exiger dans ces matiéres de Fair, » dans lesquelles elle n'eft point infaillible. »Nous fçavons en outre que le P. Elprit de l'Oratoire parlant à nos fœurs de Paris en » votre nom, les a affurées que la créance que » vous demandez n'a pas pour objet le Fait de » Janfénius, mais le fait de fa condamnation par le Pape; c'est-à-dire qu'il faut croire non pas que les cinq Propofitions font dans Janfenius, mais feulement que le Pape l'a ainfi jugé. Cela fuppofé, nous demeurons dans l'incertitude, & nous ignorons abfolument quelle eft la chofe qu'on nous commande ce que fignifie, ce que renferme, à quoi >> nous oblige la foumiffion & Facquiefce>ment dont on nous fait un commande»ment. » Voilà fur quoi elles fupplient le PréFat d'avoir la charité de s'expliquer par un acte public & authentique d'une maniére claire, précife & proportionnée à leur efprit.

Le 23 Décembre elles écrivirent une feconde lettre à l'Archevêque dans laquelle elles lui marquent que comme elles n'ont pas reçu de réponfe de fa part à leur Requête du 5. elles prennent en bonne part fon filence, & le regardent comme un aveu tacite qu'il eft content, & qu'il ne leur demande pas d'autre fignature que celle qu'elles lui ont préfentée, » dans laquelle elles promettent le filence ref pectueux pour le Fait. » Elles redemandent

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encore

les Sacremens pour la grande Fête qui approche. L'Archevêque fit réponse à la M. Prieure, & lui marqua féchement, qu'if fuffit d'entendre le françois pour fçavoir ce que veut dire foumiflion & acquiefcement; que c'eft pour lui faire injure qu'on lui préfente des Requêtes. C'est toute la lumière que ces filles.

reçurent de lui fans le moindre mot de confolation. Troifiéme lettre des Religieufes à laquelle étoit jointe une feconde Requête. Elles repréfentent à l'Archevêque que par fa Lettre du 23. elles fe croient juftifiées dans fon efprit du grief d'orgueil & de fuffifance, puifque fi les termes de foumiffion & d'acquiefcement font clairs à quiconque entend le françois, c'eft tout au plus ignorance & ftupidité de leur part, de ne les pas entendre, & non pas orgueil & préfomption. Elles obfervent enfuite qu'elles ont vu dans fa Lettre à M. d'Angers qu'il accufe ceux qui lui attribuent d'exiger la foi humaine du Fait, de le faire par une critique malicieufe, ce qui fuppoferoit qu'il ne demande que le filence refpectueux: d'où il réfulte qu'on demeure toujours incertain fur le fens du commandement qu'il fait. Elles finiffent par les foumiffions, les conjurations, les humiliations accoutumées aux pieds de l'inflexible Prélat. La Requête eft datée du 30. Décembre.

V.

M. de Péré

Il fit réponse le lendemain, & leur dit qu'il veut bien pour leur derniére fatisfaction cou- Réponse de cher fes pensées par écrit fur ce fujet, mais fixe, & répli qu'il lui faut un peu de tems pour cela. Pen- que des Reli dant cet intervalle les Religieufes des deux gieuses. maifons s'écrivoient quelquefois & s'entr'exhortoient à attendre & à recevoir l'excommunication en forme dont elles étoient menacées, & toutes les triftes fuites. » Je parle de l'ex> communication, dit la Prieure des Champs qui eft en effet une figure de la damnation éternelle. Mais que nous ferous heureufes » de fouffrir pour un peu de tems cette figure, » pour jouir dans l'éternité du véritable falut! C'eft peut-être en cette maniére que nous pou¬

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vons expliquer à notre avantage l'Evangile où N. S. dit: Celui qui perd fon ame pour l'a mour de lui, la gardera dans la vie éternelle. » Cette excommunication dont on veut nous පා épouvanter, nous fera perdre notre ame de cette heureuse perte qui la confervera dans toute l'éternité... Qu'ils nous excommunient, qu'ils nous mettent en prifon, qu'ils nous faffent fouffrir la faim, la foif, &c. tout » cela n'aura qu'un tems; mais la fignature nous peut faire un mal éternel.

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La Réponse de l'Archevêque à la Requête des Religieufes arriva enfin. Elle n'étoit ni écrite de fa main, ni fignée de lui. Après les reproches qui ne pouvoient pas manquer de couler de fa plume,il vient à fon fujet,& dit que l'Eglife, le Pape & les Evêques ont droit de condamner les erreurs leurs auteurs & les écrits où elles fe trouvent ; que c'est une vérité bien établie par la pratique & par les exemples des Conciles les plus faints; qu'ainfi ils ont droit d'exiger des fidéles qu'ils fe foumettent à la condamnation qui s'en fait qu'à la vérité l'Eglife n'eft pas infaillible pour juger quel fentiment l'auteur aura cu intérieurement, mais qu'elle l'eft pour juger qu'un Ecrit préfente une telle erreur.

:

Les Religieufes répondirent à ce billet qui leur avoit été rendu de la part de M. l'Archevêque. La Lettre eft longue & bien raifonnée. Elle fe réduit à dire que fi le principe de la fignature eft, felon lui, l'infaillibilité de l'Eglife dans l'intelligence des Ecrits nouveaux infaillibilité donnée à l'Eglife par J. C. elles fe trouvent dans l'impoffibilité de figner fans bleffer leur confcience, tant qu'elles n'auront pas de certitude du principe ; & qu'en effet elles

n'ont point du tout cette certitude, 10. parce
qu'il eft clair que l'Eglife n'eft divinement in-
faillible que pour les chofes révélées dans l'E-
criture & dans la Tradition; du nombre def-
quelles n'eft
pas
affurément le fens d'un nou-
veau Livre. 20. Parce qu'elles voient de grands
Evêques qui penfent le contraire, tels que M.
Godeau Evêque de Vence dans fon Hift. Eccléf.
M. d'Angers dans fa réponse à la Lettre deM.de
Paris, &c. lefquels n'avancent pas leur opinion
comme une chofe douteufe, mais prétendent
que c'eft la doctrine de l'Eglife, ce qui eft
clairement enfeigné par le plus grand nombre
des Théologiens catholiques, & même avoué
par un nouvel Auteur défenfeur du Formulai-
re dont elles lui envoient l'Ecrit. Elles con-
cluent itérativement à demander la levée de l'in
terdiction des Sacremens, dont on ne peut pri→
ver perfonne que pour une faute claire, ma-
nifefte & indubitable: ce qui n'a pas lieu
lorfque la prétendue faute fe réduit à douter
d'une doctrine que de grands Evêques repré-
fentent comme contraire au fentiment générat
de l'Eglife. La préfente Lettre, difent-elles
nous fervira de Requête, Monfeigneur, pour
vous demander, &c. Elle eft fignée de toutes
les Religieufes, datée du 4. Avril 1665. Elle
ne produifit aucun effet, & les Religieufes
pafférent encore la Fête de Pâques fans com-
munion. Nous aurons lieu de parler dans la
fuite de quelques autres Lettres refpectives de
l'Archevêque & des Religieufes de P. R. des.
Champs dans le cours de cette année 1665.

VT.

Grande u

Revenons à Paris, & reprenons les affaires des Religieufes de cette maifon de Paris, que nion des filles nous avons quittées à la fin de l'année 1664. de i'. R. de & au commencement de 1665. Elles fe joigni- Paris avec

avec les Evê

les amis de la maifon.

celles de P. R. rent à leurs fœurs des Champs le 28. Décem des Chambre par une Requête qu'elles préfentérent à M. ques oppotés l'Archevêque pour le prier de les recevoir interau Formulai- venantes dans celle que P. R. des Champs lui re, & avec avoit préfentée le 5. Décembre pour le fommer de s'expliquer touchant le fens de la fignature. Ce fut en ce même tems qu'elles écrivirent en commun à M. l'Evêque d'Alet, pour fe confoler en quelque forte en répandant leurs cœurs dans fon fein paternel, fe voyant rejettées par leur propre Pafteur & leur propre pere. Elles lui expofent furtout l'état affligeant où elles font par l'interdiction des Sacremens; comment Dieu les foutient par l'onction de fa grace, par les miracles qu'il opére au milieu d'elles, & auffi par les exemples que leur donne ce généreux Prélat. Enfin elles recommandent de la maniére la plus affectueuse à fon charitable fouvenir dans le faint Sacrifice toutes les Religieufes vivantes des deux maifons. Au défaut des fignatures de chaque Reliligieufe qu'il n'étoit pas poffible de ramaffer en entier; elles envoient à ce faint Prélat la lifte de toutes au nombre de 69. Elles fe recommandérent de même à M. d'Angers, pour qui elles étoient pleines de vénération, & qui prenoit hautement leur défense.

Elles avoient auffi grand foin de fe tenir fort unies ensemble, tant celles de Paris que celles des Champs, pour être plus fermes par cette union dans l'amour conftant de la vérité. Elles s'écrivoient réciproquement, comme je l'ai déja dit, pour s'inftruire de part & d'au tre de tout ce qui fe paffoit, & pour concerter enfemble autant qu'il étoit poffible les opérations que demandoit la défenfe de la vérité & de leur innocence. On conferve un gros volu

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