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féparer de fa tante. Elle en écrivit à l'Arche vêque. Enfin le trois de Mars il vint & dit à la four qu'il lui accordoit fa demande, & que fa fœur Claire demeureroit avec elle auprès de la Mere Agnès. En effet dès l'après-midi on avertit la four Thérèse que fa fœur Claire étoit arrivée. Elle alla à la porte au-devant d'elle. Les deux fours s'embrafférent tendrement avec beaucoup de larmes. La fœur Claire demanda à faire fa prière à la Chapelle de S. François de Sales pour remercier Dieu de la grace qu'elle avoit obtenue par fon_interceffion. Elle fit bien fa cour par-là aux filles fainte Marie, qui s'intéreflent beaucoup à l'honneur de leur Saint Fondateur. Enfuite elle alla fe jetter aux pieds de la Mere Agnès: elle y étoit fans pouvoir parler. La Mere la reçut avec une bonté finguliére, & ne lui dit pas un mot de fa fignature. Après l'entrée faite, ies trois parentes s'entretinrent fur leur maison. La fœur Claire apprit aux deux autres bien des chofes qu'elles ignoroient, & leur donna matiére & de gémir & de fe réjouir, le mal étant mêlé avec le bien par la fignature des unes & la fermeté des autres. Peu de tems après qu'elle fut arrivée, elle imita fa four Thérèfe, & fit une rétractation fecrete fur un papier écrit & figné de fa main, dans laquelle elle raconte tout ce que nous avons rapporté de l'état où elle étoit avant & après avoir figné, & témoigne le regret qu'elle a de fa faute.

Le 19. de Mai M. Chamillard apporta la M. de Péré nouvelle Bulle. Les deux fours témoignérent fixe rend la leur répugnance à une nouvelle fignature d'autant plus que M. l'Archevêque avoit prola Mere Agnès, à caufe dumis folemnellement à la four Thérèfe qu'elle

communion à

qu'elle ne figneroit plus rien. La Mere Agnès mot d'indiffé dit qu'elle écriroit à M. l'Archevêque, & rence qui lui a qu'elle lui marqueroit que la Bulle donnant échape. trois mois de délai elle s'en tenoit là. Elle le fit, & elle ajouta dans fa lettre qu'en attendant elle demeuroit indifférente & indéterminée, entendant par ces mots, que ce n'étoit pas par opiniâtreté qu'elle refufoit de figner. L'Archevêque fut très-content de retrou ver fon mot chéri de l'indifférence, & lui permit la Communion. Elle fe confeffa au Pere de fainte-Marthe, & communia le jour de la Pentecôte. Vers la S. Jean, elle eut vent que La lettre avoit beaucoup fcandalifé les fœurs de Paris & les amis de la maison. Elle fit fes réflexions, & crut devoir fe punir de fa faute en ne communiant plus. Cependant elle reprit la Communion à la faint Pierre & le jour de la Vifitation, fur d'autres réflexions qui combattoient les premiéres.

Depuis l'apparition de la nouvelle Bulic les filles fainte Marie montroient un zéle fans égal, foit pour porter les trois prifonniéres à figner, foit pour figner elles-mêmes. Le jour que le Mandement fut publié dans les Eglifes, elles fe plaignirent à M. Chamillard de ce qu'on ne le leur avoit pas encore apporté. Dès le lendemain il leur en porta un exemplaire. Sur le champ la Communauté s'affembla, & toutes fignérent. Les fœurs domeftiques mê-me firent une députation pour demander la permiffion de mettre auffi leur nom : ce qui leur fut accordé avec grande joie.

LIV.
M.de Péte
fixe propofe à
Mere de

L'Archevêque ayant remarqué depuis quelque tems qu'une des excufes les plus ordinaires qu'apportoient les Sœurs de P. R. tant la celles de Paris que les exilées › pour

fe dif- réunir toutes

TesReligieufes penfer de la fignature, étoit qu'elles ne vou à P. R. des loient fe décider fur rien tant qu'elles ne feChamps.L'af- roient pas réunies, penfa à les envoyer toutes faire s'exécu- à P. R. des Champs. Il en fit faire l'ouver

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ture à la Mere Agnès par M. Chamillard
vers la S. Jean. L'offre fut acceptée par la Me-`
re qui en écrivit au Prélat pour lui deman-
der la chofe comme une grace. Le Prélat fit
réponse qu'il l'accordoit, pourvu que les Sœurs
de Paris le vouluffent bien: Il arriva que celles-
ei trouvérent beaucoup de difficulté à demander
cette translation, comme nous l'avons vu en
fon lieu, pour les raifons que nous y avons
indiquées. La Mere écrivit à la Communauté
qui perfifta dans fes difficultés. L'Archevêque
vint faire de grandes plaintes à la Mere Agnès
fur le procédé des Soeurs de Paris. Elle tacha
de le radoucir, & lui infinua de s'y prendre au-
trement, favoir, de commander aux Sœurs de
Paris la fortie du Couvent de Paris pour fe
transférer à la maifon des Champs. Elle prit
occafion de cette entrevue pour défavouer de
vive voix en présence de l'Archevêque le mau-
vais fens qu'on donnoit au terme d'indifférence
qu'elle avoit employé dans fa lettre. L'affaire
de la réunion refta indécife jufqu'au jour de
la Vifitation; de forte que la Mere & fes deux
niéces fouffrirent beaucoup par l'appréhenfion
qu'elles avoient qu'une chofe auffi avantageu-
fe, furtout pour la Mere ne manquât. La
Mere de fon côté étoit dans un abbatement
extrême fur la maniére dont on interprétoit fa
lettre à M. l'Archevêque & le fcandale qu'on
en prenoit. La Sœur Thérèse avoit auffi le:
cœur ulcéré des fauffetés qu'elle favoit qu'on
débitoit fur fon compte & fur fon prétendu
changement de conduite envers fa tante depuis
La fignature..

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Le moment de la délivrance arriva enfin. A onze heures du foir, le jour même de la Vifitation, elles entendirent fonner bien fort à la porte du Tour. Un inftant après, une ReHigieufe de fainte Marie vint heurter promptement à leur porte & leur demanda fi elles vouloient bien recevoir la foeur Angélique de S. Jean & la fœur Chriftine Briquet. Les deux fœurs coururent auffitôt vers la porte, & fe jettérent aux pieds de la Soeur Angélique de S. Jean avec les larmes de l'Enfant prodigue: celle-ci les embrassa avec une tendreffe maternelle. Les deux nouvelles venues, Angélique & Chriftine, après avoir adoré le S. Sacrement, allérent fe jetter au cou de leur chere Merc. Enfuite on s'entretint de beaucoup de chofes, qu'ignoroit parfaitement la Sœur Angélique. La nuit fe paffa ainfi d'une maniére très-confolante; & dès cinq heures du matin, on vint les avertir toutes que le caroffe les attendoit. La Mere Supérieure embrassa la Mere Agnès, lui faisant excuse de la maniére dont elle l'avoit traitée. La Mere la remercia de toute la charité qu'elle avoit eue pour elle, & lui donna un avis charitable fur l'obligation où elle étoit de rétracter tout le mal qu'elle avoit dit de P. R. Enfuite on partit.

Captivité de la Mere Magdelaine de fainte
Agnès de Ligny, Abbeffe, aux Filles fainte
Marie de Meaux.

LV..

La Mere Ab

La Mere Abbeffe déclare au commencement de fa Rélation, qu'elle ne l'a écrite que pour beffe eft mise déférer à ce que la Communauté a exigé d'elle, en dépôt chez dans la penfée qu'il y auroit plufieurs chofes les Urfulines. qui pourroient fervir à la juftification de la Elle y eft bien

traitée...

maifon de P. R. La raifon qui l'auroit déterminée au filence, eft qu'il en eft des souffrances qu'on endure pour l'amour de Dieu, comme de toutes les bonnes œuvres qu'on fait, que toute ame chrétienne doit défirer qu'elles ne foient connues que de Dieu feul.

L'Archevêque ayant nommé la Mere Abbeffe parmi les profcrites, & voyant un petit frémiffement des Soeurs au tour d'elle, l'appella réfolument ; & comme elle fe fut appro chée, il la prit par fon fcapulaire, comme pour la traîner après lui, & pour l'aller enfermer dans le Choeur avec les autres. Puis, lorfqu'il fallut fortir de la maifon, les filles s'empreffant de lui baifer fes habits & de lui dire adieu de toutes les maniéres qu'elles pouvoient, il la pouffa dehors par l'épaule. On la fit monter dans un caroffe avec la Mere Agnès & deux autres Sœurs, & on la fit defcendre chez les Urfulines du Fauxbourg faint Jacques. C'étoit la maifon qu'elle redoutoit le plus, à caufe de ce qu'elle en connoifsoit. L'Eccléfiaftique qui conduifoit la marche, remit fou obedience à la Supérieure au parloir. Elle la reçut d'un air très-froid. Enfuite la porte du Couvent étant ouverte, la Mere Abbeffe fe mit à genoux devant la Supérieure qui dans ce moment lui fit quelque démonstration de politeffe & de charité. On la mena adorer le S. Sacrement, & de-là on la conduifit à fa chambre où on l'entretint pendant quelque tems. Elle ne put retenir davantage fes larmes; ce qui attendrit auffi les Meres. La Supérieure lui donna pour garde une Religieufe, ancienne, & une Soeur pour avoir foin d'elle & lui apporter fes befoins. Toutes les deux couchérent dans fa chambre.

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