Apeine fut-il parti, qu'on vit arriver fix ca- III. Le Samedi 4. l'Archevêque alla à P. R. de Le relle des Paris; il vifita différens endroits de la maiReligieufes fon, , que la Sœur Flavie lui montra, par où transféré à P. elle prétendoit qu'on avoit eu des communi- R.desChamps cations fecretes au-dehors. On trouva un trou à une muraille couvert par une caffette, & une fente à une porte, dont l'un rendoit dans l'appartement de la Princeffe de Guimenée, & l'autre dans celui de la Marquife de Sablé. Cela fait, l'Archevêque fit affembler ce qui restoit de la Communauté, & fonda celles qui étoient demeurées, pour voir en quelle difpofition elles étoient. La plus ancienne répondit au nom de toutes, qu'elles n'entendroient à aucune propofition, jufqu'à ce qu'elles fuffent réunies à leurs Meres & à leurs Soeurs. Les Poftulantes même & les Novices déclaroient qu'elles ne prétendoient point faire profeffion fous celles qui tenoient la maison de Paris. L'Archevêque nomma alors les Religieufes qu'il vouloit faire partir, & quelques Converfes. Il en laiffa encore huit de Choeur & fept Converses. Celles qui étoient nommées montérent en caroffe. Elles rencontrérent dans la campagne un autre caroffe où étoient la Mere Prieure de Paris, les Sœurs Gertrude, Anne-Eugénie, Euftoquie & trois autres. Nous avons vu qu'elles avoient été transférées le 3. du lieu de leur exil au Couvent de la Vifitation du Fauxbourg où elles avoient paffé la nuit. Les caroffes fe joignirent pour le refte du voyage. C'étoit un M. le Madre Aumônier de l'Archevêque, & un M. Biord Prêtre de S. Nicolas du Chardonnet qui conduifoient la marche. Le dernier étoit un jeune eccléfiaftique de 28. ans, qui étoit envoyé par le Grand-Vicaire pour fervir de fecond Eccléfiaftique. Il étoit Savoyard, comme le Sieur du Saugey, qui s'étoit établi la veille à P. R. Ce M. Biord reconnut bientôt l'injuftice que l'on faifoit aux Religieufes, & ayant ofé le repréfenter à M. l'Archevêque il fut chaffé & remplacé par un M. Pou piche. Les Sœurs qui arrivoient de Paris furent fort étonnées, lorfqu'à la defcente du caroffe elles fe virent environnées de gardes, qui avec leurs cafaques bleues & l'épée au côté les con duifoient à l'Eglife. Elles ne s'étoient nulle ment attendues à une telle réception," n'ayant rien fçu de ce qui fe paffoit. Le Sieur le Madre congédia M. Girouft qui étoit Sacriftain de la maifon depuis 16. ans, & prit lui-même congé de la Mere Prieure pour s'en retourner à Paris. La Mere le chargea de repréfenter à M. l'Archevêque de quelle indécence il étoit, que des gardes euffent l'entrée libre de leur clôture, & paffaffent les nuits dans leurs jardins. IV. Vifite de la Lieutenant Après qu'il fut parti, on alla chanter les premieres Vêpres de la Dédicace. Jamais le clôture par le Choeur ne s'étoit vu auffi rempli. Elles étoient 73. Religieufes & 12. Converfes. Il ne man-Civil. Vigi¬ quoit que la Mere Abbeffe & la Sœur Anne- lance des garCécile qui n'étoient pas encore revenues de des. Meaux, où elles étoient exilées, les huit que M. l'Archevêque avoit laiffées à Paris, & une Sœur Héléne qui étoit du nombre des exilées, & qui, après avoir figné, avoit demandé à être renvoyée dans l'Abbaye de l'Eau dont elle étoit profeffe. L'Office fut chanté avec une grande folemnité : mais la journée finit par une nouvelle allarme. A huit heures du foir arriva le Lieutenant - Civil; ce qui étonna fort, parce qu'on ne devinoit pas ce qu'il venoit faire. Il vit la Mere Prieure & lui dit qu'il venoit vifiter la clôture par ordre de la Cour. Il fit la vifite le lendemain Dimanche dans la matinée accompagné de plufieurs Architectes & des gardes qui étoient à la maifon. Il trouva les murs en affez bon état, & prit congé de la Mere Prieure à laquelle il promit, fur la priere qu'elle lui en avoit faite, de repréfenter en Cour l'extrême gêne où les Religieufes étoient réduites, ne pouvant faire ufage de leur jardin, à cause du sejour qu'y faifoient les gardes ; quoiqu'elles euffent befoin d'y entrer continuellement pour prendre de l'eau à la fontaine, pour cueillir les herbes néceffaires à la cuifine, & pour prendre l'air de tems en tems, à caufe de la qualité du pays qui eft fort-mal-sain. Un peu après que le Lieutenant Civil fut parti, les gardes firent dire que l'on n'avoit qu'à les faire avertir quand on voudroit entrer dans le jardin; qu'ils promettoient de le laiffer libre une heure ou deux. Mais pendant ce court efpace de tems que les Religieufes étoient dans le jardin, les gardes faifoient la ronde autour des murs en dehors; ils regardoient de deffus des petites hauteurs, pour voir fi on ne parloit pas aux jardiniers. Car ces Meffieurs étoient d'une attention & d'une ponctualité à fuivre leurs ordres, qui paffe tout ce qu'on peut dire. Durant toute la journée ils le promenoient dans le jardin au deffous des fenêtres des cellules; ce qui empêchoit les Religieufes d'ouvrir leurs fenêtres, quelque chaleur qu'il fit dans leurs chambres. Ils faifoient la patrouille une grande partie de la nuit dans le jardin ; & lorfqu'ils étoient las, ils fe mettoient fur une paillaffe placée vis-à-vis les dortoirs. Ils menaçoient les jardiniers de la corde, fi on les voyoit s'approcher des Religieufes pour leur donner ou recevoir d'elles quelques lettres; & dès qu'ils appercevoient qu'un jardinier avoit parlé à la porte du jardin à quelque Sœur, ils s'informoient auffitôt de ce qu'on avoit dit. Ils ne laiffoient jamais fortir ces gens, fans les faire accompagner, même pour aller à la Meffe les Dimanches & Fêtes. Ils fouilloient tous les ouvriers qui entroient & fortoient, les faifoient même quelquefois déchauffer. Ils vifitoient exacte ment tout ce qu'on faifoit entrer, V. Touriére é Le 9. Juillet arriva une femme de Paris que le Sieur du Saugey mena à la Mere Prieure, & qu'il lui ordonna de la part de M. l'Arche-trangere. vêque de recevoir pour Touriére du dehors. La Mere représenta audit Sieur & à l'Exempt qui étoit préfent, qu'elle ne pouvoit point dé férer à un tel ordre, & qu'on ne pouvoit forcer perfonne de prendre à fon fervice des domeftiques inconnus. Quelques jours après, vint un nouvel ordre à la Communauté de recevoir ladite Touriére. Il étoit vraiment curieux de voir arriver pour un objet auffi mince une Ordonnance archiepifcopale dans toutes les formes: Hardouin de Péréfixe par la grace de Dieu, &c, La Mere obtint cependant de PExempt, non fans grande peine, un court délai pour écrire au Prélat & avoir réponfe. Mais tout cela fut inutile. L'Archevêque lui écrivit une Lettre par laquelle il lui faifoit un commandement itératif d'obéir. La Mere fe rendit déclarant comme à fon ordinaire, qu'elle appelloit de la nouvelle violence qu'on exerçoit contre la Communauté. Le 23. l'Archevêque envoya encore à la maifon des Champs deux Sœurs de Chœur & deux Converfes ; & le 25. la Mere Abbeffe & la Sœur Anne-Cécile arrivérent de Meaux. Elle avoi |