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dans l'espace de so. ans; fur fept cent filles qu'Arius autrefois avoit féduites, dont S. Epiphane, dit-il, fait mention, &c. Enfuite fe reffouvenant que l'affaire preffoit, & qu'il falloit partir promptement : » Allez, lui dit-il,par» tez tout à l'heure, & travaillez bien à cette "affaire» Il ne vouloit lui donner le tems nide prendre un habit court, ni même de dire ou d'entendre la Meffe, quoique ce fût un jour de Dimanche, difant qu'il arriveroit affez à tems à P. R. pour la Meffe. Il le chargea d'un de fes Mandemens, afin de recevoir des fignatures, s'il s'en trouvoit quelqu'une qui confentît à figner. Le Vicaire monta à cheval, après avoir entendu la Meffe, & partit accompagné d'un des Gardes du Corps qui étoient de la garnison de P. R. Il arriva à une heure après midi, & fut conduit à la chambre de la malade qui étoit hors d'état d'entendre. Tout ce qu'elle répondoit à fes demandes, c'étoit : » M. de la Bru» netiere, point de fignature. » Le Vicaire ne pouvant rien tirer d'elle, fe retira. Les Meres le firent entrer dans une chambre voisine où il trouva un fauteuil. On le pria de s'affeoir, & douze ou treize Religieufes fe mirent autour. de lui fur leurs genoux. Voyant cette compagnie formée, il leur dit qu'il étoit venu chez elles pour faire deux perfonnages; l'un d'envoyé de M. l'Archevêque, & le fecond d'ami de ces Dames; qu'en la premiére qualité il leur difoit qu'il falloit figner, qu'autrement dans peu elles feroient excommuniées & il tira de fa poche le Mandement de l'Archevêque pour la fignature que fous la feconde qualité, il les exhortoit à avoir bon courage; que leur caufe leur faifoit beaucoup d'honneur dans le monde ; ¡qu'elle étoit défendue par de beaux

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écrits ; que
la Bulle du Pape étoit accrochée
au Parlement & même en Sorbonne. Après quel-
ques autres nouvelles qu'il leur rapporta,
reprit fon premier perfonnage, mais fur un ton
un peu railleur: Signez,mes Sœurs, fignez; car
» il ne faut pas qu'on puiffe dire dans la fuite
» du tems que votre Archevêque auroit eu le
» deffous. On pourroit vous laiffer comme
» vous êtes; mais fi on ne vous faifoit point
figner, on diroit
on diroit que les Religieufes ont eu
» le deffus de leur Archevêque, & dès le len-
sɔdemain on ne manqueroit pas de l'imprimer.»
Puis reprenant le ton ferieux, il les exhorta
à donner leur fignature, les affurant qu'affu-
rément elle ne tomboit pas fur le Fait. Les
Religieufes le remerciérent de fon bon cœur
& des ouvertures qu'il leur avoit faites, & le
priérent de fe charger de quelque papier de
conféquence; ce qu'il refufa, craignant d'être
fouillé par les gardes.

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X.

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La Communauté écrivit une lettre à l'ArActe capitu chevêque pour fe plaindre du traitement rilaire de défagoureux dont il ufoit envers les Sœurs malaveu anticipé des, qu'il devoit avouer lui-même ne le pas de toute mériter; parce que fon Mandement ayant don- gnature né le terme de trois mois la fignature pour torquée. on ne devoit pas être cenfé défobéiffant avant que le terme fût expiré, & qu'en effet la malade étoit tombée dans la maladie présente & avoit perdu la liberté de fon efprit avant l'expiration du terme que par conféquent on ne voyoit pas en quelle juftice on pouvoit lui refufer l'Extrême-Onction. Trois jours après, M. le Madre Aumônier de M. l'Archevêque amena fix des Sœurs de Paris. On lui demanda s'il apportoit quelque réponse à la lettre qu'on avoit écrite à M. l'Archevêque au fujet de la

XI.

malade. Il dit qu'il étoit chargé de dire que lui Archevêque ne répondoit point à des lettres où on lui faifoit la leçon, & où l'on s'ingéroit de lui donner des inftructions. Les Meres le priérent de représenter de nouveau à M. de Paris, combien il étoit dur d'avoir des gardes jour & nuit dans la clôture: qu'il étoit auffi facile de garder la maifon par le dehors, qu'en faifant fentinelle en dedans. Le même jour M. Hamon arriva avec la permiffion verbale de M. l'Archevêque de demeurer à P. R. en qualité de Médecin, à caufe des malades dont le nombre croifloit beaucoup. L'Exempt ne voyant point de permiffion par écrit, refufa de le laiffer entrer, & le fit garder à vue jufqu'à ce qu'on cut pu avoir des nouvelles de la Cour.

La rencontre des maladies courantes donna lieu aux Religieufes de faire un acte pareil à celui qu'elles avoient fait à Paris au mois de Mai, qui étoit comme un teftament spirituel où elles expofoient leurs difpofitions, & révoquoient par avance tout ce qu'on pourroit leur faire faire,ou dans la captivité, ou à l'article de la mort, qui feroit contraire à leur présente déclaration. L'Acte eft bien dicté & fort touchant mais d'ailleurs il ne dit rien de nouveau, & ne fait que répéter les mêmes raisons pour le refus de la fignature, & les mêmes vues capables de confoler dans la privation de tous les fecours fpirituels. Il eft daté du 28. d'Août & figné de toute la Communauté.

M. de la Brunetiere vint au commencement Vifite de M. de Septembre à P. R. pour renouer la controde Péréfixe. Il verfe avec les Religieufes & préparer les voies ce en chant. à la vifite de l'Archevêque. Les Religieufes après avoir écouté & répliqué toujours fur le

interdit l'offi

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même ton, lui préfentérent l'acte dont je viens de parler,& le fuppliérent de vouloir bien le remettre à M. l'Archevêque. Il le leur promit & s'en alla. Trois jours après, l'Archevêque vint lui-même avec fon grand cortege, Grand-Vicaire, Aumônier Porte-croix Secretaire. Après avoir protefté aux Soeurs qu'il les aimoit tendrement comme le meilleur des peres, qu'il donneroit volontiers de fon fang pour leur fervice, qu'il n'avoit en vue que leur falut & l'acquit de fa confcience en exigeant d'elles la fignature du Formulaire, il fomma la Mere Abbeffe de lui déclarer fa derniere difpofition. Elle lui répondit qu'il avoit pu voir par le dernier écrit qui lui avoit été présenté que leur confcience ne leur permettoit pas de figner. Puis il interpella toute la Communauté qui dit la même chofe d'une voix unanime & par acclamation. Il y eut enfuite une petite controverfe; des demandes & des réponses, dans le même gout, de part & d'autre, qu'auparavant. La conversation finie, il fe retira, difant qu'il alloit prier Dieu de lui infpirer ce qu'il avoit à faire. Deux heures après, fon Secretaire accompagné des deux Eccléfiaftiques de la maison, vint à la grille, & la Communauté affemblée, il fit lecture d'une Sentence par laquelle l'Archevêque interdifoit l'office public aux Religieufes en punition de leur défobéiffance perfévérante. Elles élevérent toutes leurs voix & fe déclarérent appellantes de cette nouvelle vexation, pendant que Secretaire s'enfuyoit courant de toutes fes forces.

le

Les Religieufes fe tranfportérent fur le champ à l'Eglife, & récitérent le Pfeaume 93. Deus ultionum Dominus, comme pour porter

XII.

leur appel au trône du Très-Haut. Elles demandérent à M. de la Brunetiere l'explication de la fentence au fujet de l'office, favoir fi l'entrée du Choeur étoit interdite abfolument. Le Grand-Vicaire répondit qu'il n'étoit pas inftruit des intentions de M. de Paris: mais que c'étoit une régle de Droit, que dans les chofes de rigueur on n'alloit pas plus loin que la lettre ; qu'ainfi il croyoit qu'elles pourroient réciter l'office au Chœur, mais à voix basse. Les Religieufes prirent ce parti, & le mirent en pratique dès l'heure même, en récitant Vêpres au Chœur fans chant. Le Sieur du Saugey y trouva fort à redire ; il empêcha qu'on ne fonnât la groffe cloche pour l'office, & permit feulement de tinter; il ne donna point la paix à la Meffe, & déclara qu'il ne feroit ni eaubénite, ni pain-beni ; enfin il écrivit à l'Archevêque pour avoir des ordres précis à ce fujet.

Il les reçut le jour de la Nativité de la Ste Scandale Vierge, & il vouloit en faire lecture à la Comdonné inno-munauté. On exigea, avant que de l'entendre, cemment par qu'il y eût des témoins. Comme il n'y confenles Religieu- tit pas, on fe retira. L'après-midi il prit le

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moment que Nones finiffoient; il approcha de la grille, & d'une voix étonnante & avec une force extraordinaire il prononça quelque cho fe qu'on ne put entendre diftinctement. L'effroi s'empara de toutes les Soeurs qui crurent que c'étoit une fentence d'excommunication : ce qui donna occafion à un fâcheux incident. Toutes les Sœurs ayant pris la fuite, quelques-unes en fortant avec précipitation firent tomber quelques ftalles par mégarde. Une Sœur croyant que ce bruit fe faifoit par commandement des Meres, renverfa plufieurs

le

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