Paris, & ce qu'elles ont laiffé à Paris, tant en linges qu'en meubles. Le voici : Laiffé à Paris.

Reçu.

Beaucoup de lits, d'habits & d'étoffes pour les Penfionnaires,

Beaucoup de batterie de cuifine & d'uftenciles pour les obéiffances,

Beaucoup de vaiffelle d'étain pout les infirmeries,

כך

Après ce long bordereau, la Religieufe continue ainfi : » Enfin nous leur avons laiffé ce » que nous avons hérité & théfaurifé depuis so ans, fçavoir toute forte d'inftructions & d'exemples que celles qui nous ont précédées nous ont laiffés du défintéreffement & de » l'union qui doit être dans une Communauté Religieufe: & nous avons reçu de la part de »nos Sœurs des traitemens que les moins équitables perfonnes du monde rougiroient de fai re à qui que ce foit... Elles retiennent en pro→ pre un bien qui eft commun; laiffent de plus

manquer des chofes néceffaires leurs propres » Sœurs, ajoutant l'infulte à l'inhumanité, » comme elles firent hier au foir, en amaffant » dans un panier tout ce qu'elles ont trouvé » de vieilles lampes & lanternes rompues & » toutes en piéces, pour nous en faire un préfent par mocquerie... Après une telle conduite > nous avouerons fans peine que nous avons` emporté, comme elles le difent, tout le plus » beau & le meilleur de notre maison de Paris, n'y ayant point de trésor égal à l'amour de la pauvreté, &c.

La Mere Eugénie fit une réponse à la lettre deux mois après, qui conteftoit l'énoncé de la lettre, & à laquelle étoit joint un autre bordereau contraire. On y difoit entre autres choses, que huit ou dix chariots avoient voituré à P. R. des Champs quantité de nipes qui avoient été détournées de la maison, avant l'exil des Me

res, & mifes en dépôt dans des maifons d'amis, Les Religieufes des Champs ne firent autre réplique que de renvoyer le bordereau qui étoit yenu non figné, afin que quelque Sœur voulût bien le conftater par fa fignature, comme cela fe doit faire dans toute conteftation. Elles avoient au refte démontré à M. l'Exempt qui avoit été porteur de la lettre de Paris, la fausseté de ce qu'il contenoit, en lui faisant remarquer qu'il favoit bien que ces 8. ou 10. chariots prétendus n'étoient jamais entrés à P. R. & que tous les paquets des Soeurs des Champs ayant été vifités par celles de Paris avant le départ, en préfence des Gardes, celles-ci ne pouvoient pas fuppoferqu'on eut emporté tout ce qu'elles difoient. La chose en demeura là. Il étoit notoire au refte que c'étoient les Sœurs de Paris qui avoient détourné & envoyé dehors quantité de nipes. La Sour Flavie avoit été furprife fouvent emportant & faifant emporter par des hommes de gros paquets.

Année 1666.

mettent en

mouvement

pour adoucir

Au commencement de cette année, des per- XX. fonnes de confidération affectionnées à P. R. Plufieurs per fe mirent en mouvement auprès de l'Archevê- fonnes de confidération fe que pour négocier quelque adouciffement envers les Religieufes. M. Lancelot étoit le mobile de tout cela, & c'eft fur fes Mémoires Journaux de ce tems-là que je rapporterai ce l'état des Re qui va fuivre. M. Bignon Avocat Général s'a- ligieuses, boucha dans le mois de Janvier avec l'Archevêque. Celui-ci lui fit un grand étalage des chofes fcandaleufes, felon lui, découvertes à P. R. C'étoient des Reliquaires de Saints nou.veaux, & des livrets de prières à ces Saints ;

XXI.

c'étoit un déterrement fait la nuit du corps de M. de Bagnols ; c'étoit une prétendue assemblée de plufieurs Meffieurs faite avec les Religieu fes pendant la nuit au-dedans de la maison, & ainfi du refte. Tous ces contes, ou rapports malins partoient de la Sœur Flavie & d'une autre petite fripone, niéce pourtant de M. Singlin. L'Archevêque avoua tenir de cette derniere les faits qu'il racontoit. M. Lancelot en donna les explications à M. Bignon: il lui dit par rapport aux nouveaux Saints, que jamais à P. R. on ne leur avoit donné la qualité de Saints; que pour les Reliquaires & les priéres en particulier, il n'y avoit rien en cela d'irrégulier, qu'il avoit toujours été permis de révérer en particulier des perfonnes mortes en odeur de fainteté ; il lui cita les filles de Sainte Marie pour la Mere de Chantal & le B. François de Sales, les PP. de l'Oratoire pour le Cardinal de Berulle & pour M. Gault mort Evêque de Marfeille. Il lui raconta enfuite le fait de M. de Bagnols, & lui dit que le déterrement s'étoit fait fuivant les intentions du défunt & avec les permiffions requifes; que pour l'affemblée nocturne des Meffieurs & des Religieufes dans l'intérieur du Couvent, il n'y avoit pas ombre

de vérité.

On ne fera pas fâché de fçavoir quelques L'Archevê anecdotes de cette petite niéce de M. Singlin, que écoute les Elles ferviront à faire connoître le perfonnage rapports d'une & à faire voir à qui l'Archevêque de Paris s'ajeune fille dreffoit & donnoit fa créance au préjudice des profélite dusr Defmarefts. faintes filles de P. R. Cette fille qui avoit de grandes obligations à la maifon de P. R. fe tourna d'un autre côté. Elle entra dans le nouvel établiffement du fieur de S. Sorlin Defmarets, vrai fanatique de l'aven même de M. de

Péréfixe, & dont les impertinences ont été fi bien relevées par M, Nicole dans les Vifionnai res. C'étoit une Communauté de filles qu'il formoit derrière la place Royale, qu'il prétendoit mener à la plus haute fpiritualité, & qu'il deftinoit à être victimes, c'est-à-dire, des hofties fi agréables au Seigneur, que la prof périté du Royaume & le fuccès des entreprifes du Roi étoit affuré en vertu de ces holocauftes,La jeune profélite fut jugée en moins de huit jours déja digne d'être victime, ayant dès-lors atteint cette haute & fublime fpiritualité. On avoir tant de confiance en elle, qu'on ne regardoit plus à ce qu'elle faifoit. Si elle découchoit deux ou trois jours de fuite, on n'en avoit nulle inquiétude. Quand elle fortoit, elle difoit qu'elle alloit voir fa mere ou quelque autre perfonne, ce qui n'étoit pas vrai. Mais les menfonges s'accordoient avec la fpiritualité de cette maison où on ne faifoit pas difficulté d'en user, fans croire que cela fit la moindre tache à la confcience. Toutes les fois que la mere venoit pour voir fille, il y avoit toujours quelque défaite pour la renvoyer; jamais la fille n'y étoit. La mere fe laffa de tous ces procédés, & fort mécontente furtout de cette conduite libre de fa fille qui pouvoit avoir des fuites trèsfàcheufes, voulut à quelque prix que ce fut la ravoir. Elle prit un Huiflier, deux Bourgeois de fes amis & une Bourgeoife, avec qui elle fe pofta à dix pas de la maifon pour attendre fa fille lorfqu'elle rentreroit, ou fortiroit. Elle ne manqua pas fon coup. Quoique la fille eût changé d'habits & qu'elle fortît toujours malquée, fuivant la mode de ce tems-là parmi un certain monde, la mere la reconnut à fa taille & à fon port, Un de la compagnie alla