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l'interdit. Di

par

l'office & le Chapitre chanter les Vêpres. Elles le firent avec chant aux la plus grande folemnité. Mais l'après-midi grandes fêtes la Communauté étant affemblée pour faire la nonobftant lecture du billet de M. l'Archevêque, les Meverfes difpu- res propoférent de chanter tout l'office de Pâtes avec l'E- ques dans le Chœur, nonobftant l'efpéce d'inxempt& avec terdit où elles étoient. Leur raifon étoit, que le Sieur du le Sieur du Saugey avoit une fois laiffé échaSaugey Chapelain. per dans la conversation que la Régle du Droit permet aux perfonnes interdites de chanter aux fêtes annuelles. Elles s'en étoient abftenues à Noël, ignorant leur droit. Elles ne crurent pas devoir plus longtems fe priver de cet avantage, & elles conclurent à célébrer la fête la folemnité du chant dans l'Eglife. Elles prévinrent là-deffus M. l'Exempt & Meffieurs les Eccléfiaftiques, afin qu'ils ne fuffent pas furpris lorfqu'ils entendroient chanter. On cut foin de s'appuyer auprès d'eux de la loi qui étoit favorable; & fur les repréfentations que firent l'Exempt & M. Hilaire que cela pourroit faire un mauvais effet auprès de M. l'Archevêque, elles demandérent aux Eccléfiaftiques s'il y avoit quelque ordre contraire de la part du Prélat. Ils répondirent qu'il n'y en avoit pas. Ainfi on alla tout de ce pas chanter les Complies dans le Chœur. Il en fut de même de l'Office du lendemain qui fut tout chanté très-folemnellement. Le pauvre Chapelain du Saugey en étoit tout ému & tout hors de lui; il eut toute la journée un air fort déconcerté.

A la fête de la Pentecôte & à celle du S. Sacrement on chanta tout l'office au choeur, comme à Pâques. Il fallut feulement à la fête du S. Sacrement s'abftenir de chanter pendant que le Prêtre donnoit la Bénédiction, parce qu'autrement il n'auroit pas voulu la donner,

ni même faire l'expofition. Mais il confentoit qu'après l'expofition & la bénédiction les Religieufes chantaffent ce qui auroit du être chanté dans le tems. Le fecond jour de l'Octave il arriva par une méprife qu'on entonna une Antienne, comme il alloit donner la bénédiction: c'en fut affez au Chapelain pour ne plus expofer le S. Sacrement pendant toute l'Octave, & jamais il ne voulut recevoir les excufes qu'on lui en fit. Les Religieufes firent le jour de la Fête & le jour de l'Octave la proceffion avec le chant & les cérémonies accoutumées, quoique le S. Sacrement ne fût pas porté. La Dédicace tombant le Dimanche après l'octave de la Fête-Dieu, l'office fe fit encore avec une égale folemnité. La veille & le jour on ajouta à l'office une Antienne propre pour l'anniverfaire de la réunion de toutes les Sœurs dans la maifon des Champs, qui s'étoit faite l'année précédente à pareil jour.

l'en

Entre Pâque & Pentecôte il fe pafla deux difputes aflez vives, l'une avec l'Exempt, & l'autre avec le Sieur du Saugey. L'Archevêque ayant fçu qu'un bâtiment de P. R. menaçoit ruine, envoya un Architecte pour vifiter les lieux, avec ordre à l'Exempt d'accompagner l'Architecte. La Mere Abbeffe déclara que trée de M, l'Exempt n'étant pas néceffaire, elle n'y confentiroit jamais; qu'il fuffifoit que la Touriére fut préfente avec l'Architecte comme cela fe pratiquoit à l'égard du Médecin. La conteftation fut longue & foutenue fortement ; l'Abbeffe fe retranchant fur les Canons qui défendent toute entrée de féculiers; l'Exempt alléguant l'obligation où il étoit d'exécuter les ordres du Roi. Perfonne ne fe relâchant, l'Architecte s'en retourna comme il

XXX.

Mort de la

Sœur Gertru

étoit venu, fans avoir rien fait. L'Abbeffe par l'événement eut gain de caufe; car quinze jours après le même Architecte fut renvoyé à P. R. avec ordre, non à l'Exempt, mais à la Touriére de l'accompagner dans la maison. Ce ne fera pas la derniére difpute avec les Gar des; nous en allons voir plus bas une autre bien plus férieule.

La feconde contestation fut avec le Sieur du Saugey, au fujet des malades. Une poftulante Converfe étant dangereufement malade, on pria M. Poupiche de la confeffer. Il le fit. Enfuite on le pria de l'adminiftrer. Il fit difficulté fur ce que cela appartenoit à M. du Saugey, lequel en effet prétendit que M. Poupiche n'étoit qu'en fecond, & qu'il ne devoit faire les fonctions qu'à fon défaut. Les Meres tinrent ferme le plus longtems qu'elles purent, ne voulant jamais fe fervir du Sieur du Saugey qui fe déclaroit leur partie en toute rencontre. Il fallut cependant céder pour le befoin preffant de la malade. Ledit Sieur fit donc la cérémonie où il donna un trait de fa façon. Il fit dire à la malade le Domine non fum dignus de cette façon Seigneur je ne fuis pas digne que vous entriez dans mon corps, mais par votre fainte parole mon ame fera fauvée. Le gain de la caufe fut cependant pour la maison. Car on obtint permiffion de M. l'Archevêque dans la. fuite de faire entrer M. Poupiche dans le befoin, au lieu de M. du Saugey.

Dans le mois de Juillet mourut une des Sœurs qui avoient rétracté leur fignature. Cette de fans Sacre- mort donna lieu à plufieurs fcenes. La Sour mens Au re- Margueritte de Ste Gertrude Dupré malade defus du Clergé, puis plufieurs jours, fe trouva tout d'un coup la Commu- réduite à l'extrémité. M. Hamon alla fur le nauté fait

champ avertir M. Poupiche de venir affifter l'enterrement la Sœur mourante. Il refusa, disant qu'il n'a- en chaut, voit de pouvoir que pour les Sœurs Converses. Les Religieufes s'affemblérent dans la cham bre de la malade pour l'affifter dans ce dernier moment, & lui procurer ce qu'elles pourroient des fecours qui lui étoient refufés par les hommes. La malade eut toujours une pleine connoiffance, & elle en fit ufage pour pratiquer la patience dans les douleurs d'une violente agonie, & l'humilité de la pénitence à la vue de la faute qu'elle avoit faite en fignant, Elle avoit une très-grande peine à parler, & elle fit effort pour témoigner qu'ayant mérité plus que perfonne la privation des Sacremens, il étoit jufte qu'elle mourût la premiére dans cette humiliation qu'au refte elle n'avoit pas même reffenti le moindre mouvement d'aigreur contre ceux qui les traitoient avec tant de dureté. Elle expira tenant en main le Crucifix qu'elle ado roit dans une grande paix, & fuivant avec une attention marquée les priéres que la Commu nauté récitoit pour elle.

Lorfqu'elle eut rendu le dernier foupir, la Communauté alla chanter au chœur les Vêpres des morts & un Nocturne ; puis les Meres prié, rent M, de St Laurent d'envoyer prompte ment M. Hilaire à Fontainebleau où étoit M, de Paris, pour lui demander un Confeffeur pour une autre Sœur malade, lequel feroit en même, tems l'inhumation de la défunte, parce qu'on fuppofoit que les fieurs du Saugey & Poupiche refuferoient leur miniftere. On dit qu'on attendroit la réponse, & qu'on garderoit le corps autant de tems qu'il feroit néceffaire. Cependant la M. Abbeffe pria M. P'oupiche de dire la Meffe le lendemain pour la Scur. Il répondit que

cela lui étoit défendu. On fe retrancha à lui demander une oraifon pour elle; il le refufa en core. Les Religieufes y fuppléérent en chantant après la Meffe baffe du jour, la profe & l'offertoire des morts, & en Tonnant les cloches. Le Sieur Hilaire arriva deux jours après,& rapporta pour toute réponse, que M. l'Archevêque n'avoit voulu rien accorder ni pour la Sœur défunni pour la Sœur malade; qu'il donnoit au Sieur Poupiche tout le pouvoir qu'il avoit luimême.

te,

L'Exempt qui avoit envoyé un Garde à Fontainebleau avec M. Hilaire dit que M. du Sangey avoit reçu un billet de M. l'Archevêque qui contenoit fes intentions. On le fit venir, tant pour le rendre témoin de l'appel qu'on interjettoit d'un traitement auffi étrange que pour voir ce que portoit ce billet. Il ne voulut jamais le montrer, & dit que M. l'Archevêque par un excès de condefcendance vouloit bien leur permettre d'enterrer entre elles la défunte, mais qu'il défendoit abfolument qu'il y eût du chant, fous la peine de l'ipfo facto qui étoit dans la fentence de l'interdiction. La M. Abbeffe lui répondit que de tels ordres valoient bien la peine qu'on les montrât par écrit ; qu'on n'étoit nullement obligé de s'en rapporter à ce qu'il difoit de vive voix ; & que quand même il montreroit des ordres écrits, on en appelleroit, comme de tout le refte. Ledit-Sieur infifta beaucoup fur la défenfe de chanter, & le rifque auquel on s'expofoit d'encourir l'excommunication. On lui répliqua que c'étoit fe jouer du monde, & qu'on les prenoit donc pour des enfans, de leur faire peur d'une excommunication ipfo facto, pendant que rien ne leur manque dès à préfent de toutes les peines de l'excommunication; comme

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