s'il y avoit encore quelque autre peine eccléfiafti- Auffitôt après cette converfation on alla pré- XXXI. Requête à la défunte , en. Je rapporterai ici deux piéces très-édifiantes qui furent faites à l'occafion de cette mort. La premiére eft une proteftation en forme de lettre adreffée à la Sœur défunte, pour la char-le, Tome II. terrée avec el Lettre de M. d'Alet fur celte mort. de ger porter elle-même au tribunal du Souve rain Juge les juftes plaintes de fes fervantes de l'injuftice & de l'inhumanité avec laquelle. on les traitoit. Ladite proteftation fut mife dans le cercueil de la défunte en présence de toute la Communauté, dans le moment qu'on defcendit le corps dans la fofle. J'ai difcuté dilleurs ces fortes de dévotions des Religieufes de P. R. qui préfentent une forte d'affectation & de fingularité, & j'ai propofé différentes vues par lefquelles il convient de les envifager pour n'en être qu'édifié. Après avoir félicité la défunte de ce qu'elle eft échapée » heureusement des filets des chaffeurs qui » cherchoient fon ame, elles déclarent qu'elles fouhaitent une fin pareille à la fienne dans une fainte perfévérance, dans une fer» me confiance en Dieu, dans un humble fen-" timent de pénitence, dans une fincére charité pour leurs ennemis, & dans un amour conftant de la vérité & de la justice. Elles chargent leur Soeur de prendre leurs intérêts auprès de Dieu contre l'injuftice de l'oppreffion qu'elles fouffrent, puifque c'eft en fa perfonne que l'iniquité eft montée à fon comble, & qu'elle eft en état de demander innocemment avec tous les Saints la vengeance du traitement inhumain qu'on fait a fon corps qui eft le temple du S. Efprit, en lui refufant la fépulture eccléfiaftique, » &c. » Le 30. jour après la mort, autre acte à peu près femblable fur déposé de nouveau dans la foffe de la défunte, L'autre piéce édifiante eft une lettre de M. l'Evêque d'Alet écrite à une tierce perfonne au fujet de la mort de cette même Sœur, &' de l'état violent où eft le Monaftére de P. R.' 11 marque au commencement qu'il souhai teroit que fa lettre pût pénétrer les murailles دو 3 , XXXII. Quelque tems auparavant la trifte fcène de Autre con la mort & de l'enterrement de la bonne Sœur testation entre Gertrude, il en étoit furvenu une autre entre les Meres & les Meres & les Gardes. Voici quel en fut le les Gardes. fujet. La veille de l'Afcenfion il étoit arrive Jardin fermé fne chofe finguliére. Comme on avoit befoin fes. aux Religieu de Nicolas le menuifier, on le fit chercher. On ne le trouva point à la menuiferie. On alla a fa chambre qu'on trouva fermée. Enfin Ni colas ne fe rencontrant nulle pa força fa porte & l'on s'apperçut qu'il avoit emporté fon habit neuf. Certe fuite étonna beaucoup & les Gardes & les Religieufes. Le Garde ayant les clefs de la porte de la Maifon dans fa poche, comprit qu'il falloit qu'il fût forti par la fenêtre. Les foupçons ne manquérent pas de fe former fur les Religieufes, comme ayant peut-être part à cette évafion pour quelque communication au dehors. Ce fut bien un autre bruit le lendemain, quand l'Exempt revint de Paris & apprit l'événement. Il fit appeller la Mere à huit heures du foir, & vint T'attendre au parloir accompagné de fes quatre Gardes. Il lui fit de grands reproches fur ce qu'on lui avoit manqué de parole, & qu'on avoit paffé beaucoup de papiers malgré les promeffes qu'on lui avoit faites. Il ajouta que tous ces papiers avoient été faifis, qu'ils étoient entre les mains du Lieutenant-Civil, que les gens de la maifon étoient pris & menés à la Baftille, qu'en un mot toutes leurs intelligences étoient découvertes, & que cela leur avoit fait (aux Gardes) une af faire férieufe en Cour. La Mere Abbeffe lui répondit que jamais elle lui avoit donné aucune parole, & qu'en effet il n'eft point d'ufage d'en demander aucune à des prifonniers. L'Exempt fit auffi grand bruit de ce qu'à fon retour il trouvoit Nicolas de manque parmi les domeftiques de la maifon, & dit qu'apparemment on l'avoit fait évader pour quel que communication au dehors. Il se répandit pendant un quart d'heure en invectives. Les Meres affurérent pofitivement qu'elles ne favoient ce que c'étoit que l'évafion de Nicolas ; que pour les papiers dont il parloit & qu'il e difoit être fortis de la maifon; que ce pouvoit 'être des papiers du vieux tems, avant que les Gardes fuffent venus à P. R. Cette réflexion parut faire plaifir aux Gardes qui dans cette fuppofition avoient leur décharge toute trouvée auprès de la Cour. Cependant ils fe retirérent fort animés & très-mécontens. Comme ils foupçonnoient le Sieur Hilaire d'avoir part rà toutes ces communications du dehors, ils fe faifirent de lui & le tinrent prifonnier dans leur chambre jufqu'à ce que ledit Sicur fe fût juftifié par un billet auprès de M. l'Archevêque. Trois femaines après, l'Exempt refufa l'entrée du jardin aux Religieufes, affurant -qu'il en avoit reçu un ordre exprès, & cette enouvelle captivité dura un mois depuis le 25. -Juin jufqu'au 35. Juillet. XXXIII. - Le 9 de Juillet les Gardes voulurent ten-dre un piége aux Meres. Un d'entre eux avoit Piége tendu fait un message à Fontainebleau au fujet des par les Gardes aux Religieu-enterremens dont on portoit des plaintes à M. fes pour leur -l'Archevêque. Ils firent l'hiftoire du voyage & faire prometdes aventures du voyage pour engager la tre de ne point converfation. Enfuite faifant montre de compaffer de billets au de paffion du grand nombre de malades qui hors. étoient dans la maifon, ils obfervérent que 7 le mal venoit peut être de ce qu'on n'avoit plus la liberté du jardin & qu'on ne prenoit -point l'air. Enfuite ils dirent qu'il ténoit à peu de chofe que le jardin ne fût rendu, & que fi on vouloit faire quelque petite avance, M. l'Exempt en feroit peut-être de fon côté. L'avance qu'il falloit faire étoit qu'on promettroit de ne jetter jamais rien par deffus le 2 mur, & qu'après cette parole donnée, M. l'Exempt ne feroit pas de difficulté de leur rendre la liberté du jardin à certaines heu |