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7342.221 THIS TORTE OJ res. Ces Mrs, fe regardoient eux-mêmes plus que les Religieufes. Ils s'épargnoient par-là l'embarras & la peine que leur caufoit l'obligation d'être toujours au guet autour de la maifon, parce qu'ils étoient bien perfuadés que fi une fois les Religieufes avoient engagé leur parole, elles la tiendroient. Les Meres firent la même réponse que la première fois : qu'il étoit contre tout ufage & toute raifon de demander des paroles à des prisonniers; qu'elles n'avoient garde de fe lier elles-mêmes par aucun engagement, parce qu'après avoir promis quelque chofe, elles fe croiroient obligées de garder leur parole inviolablement, & qu'alors elles feroient encore plus captives qu'auparavant. M. Hilaire fe joignit aux Gardes pour tâcher de perfuader les Meres: il remontra que c'étoit l'avantage des uns & des autres: que les Meres auroient la liberté de la promenade, & que les gens qui fervent la maifon cefferoient dèsfors d'être fufpects d'intelligence avec les Réligieufes. On repliqua qu'on n'avoit pas deffein de compromettre jamais perfonne, & que s'il étoit forti quelque papier on s'était fervi fans doute de voies innocentes qui ne pouvoient expofer qui que ce fût. Pour leur en donner un exemple on leur rapporta que la Sœur derniére morte avoit fouvent dit qu'elle feroit tant de copies de fa rétractation, & qu'elle en jetteroit, en tant d'endroits, qu'il y en auroit quelqu'une qui tomberoit dans les mains qu'elle souhaitoit. Enfin comme ces Meffieurs preffoient, encore davantage, on leur dit qu'on ne pouvoit pas en confcience le captiver par un tel engage, ment; que pour le préfent on ne voyoit au

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cune occafion de chercher à faire paffer rien au dehors mais qu'enfin vu l'abandonnement étrange où on étoit & l'entier dénuement de fecours tant pour le fpirituel que pour le temporel, il pourroit arriver telle rencontre où une fille auroit nécessairement befoin de confeil, & où elle pourroit, fe le procurer fans commettre perfonne; ce qui lui deviendroit impoffible, fi on avoit donné les paroles qu'on demandoit. Ainfi il n'y eut rien de

conclu, fi ce n'eft que les chofes refteroient

:

comme elles étoient, & que le jardin demeureroit fermé de quoi les Religieufes fe confolérent facilement par l'extrême fatisfaction qu'elles curent d'avoir tenu ferme dans une chofe de cette importance. La fatisfaction fur bien plus grande, lorfque le 30. Juillet M. l'Exempt annonça à la Mere Abbeffe qu'il venoit de recevoir une lettre de M. l'Archevêque qui lui marquoit que le Roi rendoit le jardin aux Religieufes en confidération de l'extrême chaleur & des maladies qui commençoient à s'étendre dans la maison. Dès le foir même les Religieufes allérent après Complies prendre l'air dans le jardin, & pour cette premiére fois elles y entrérent en proceffion & avec le chant des Pfeaumes pour remercier Dieu de ce trait marqué de fa Providence.

Trois jours auparavant il étoit arrivé encore une autre hiftoire. C'étoit une nouvelle Touriére qu'on envoyoit à la place de la Demoifelle Veillac qui difoit avoir befoin de s'abfenter pour huit jours. Les Meres firent les mêmes difficultés, ne voyant point d'ordres de M. l'Archevêque. L'Exempt voulut bien envoyer à Paris pour avoir un ordre à ce fujet. Il revint une lettre, non de l'Archevêque,

XXXIV.

mais de M. de la Brunetiere qui marquoi que ce voyage de huit jours lui étoit fufpect, qu'il ne falloit pas que la Demoiselle revînt, que celle qu'on envoyoit étoit une bonne femme, qu'ils pouvoient la recevoir

fus de Sacremens à la

les Gardes) & qu'elle les aideroit dans la veille qu'ils étoient obligés de faire pour le fervice du Roi. Cette lettre fut lue aux Meres lefquelles dirent qu'il étoit furprenant que M. de la Brunetiere qui ne vouloit jamais recevoir aucune fupplique des Religieufes, proteftant qu'il ne fe mêloit point de leurs affaires & que M. l'Archevêque s'étoit tout réfervé, fe mêlât aujourd'hui de leur envoyer une Touriére de fon autorité, & qu'il portât même la dureté plus loin que M. l'Archevêque. puifque jufqu'ici le Prélat ne leur avoit envoyé des Touriéres que pour les fervir, au lieu que ce Grand-Vicaire envoyoit celle-ci pour veiller avec les Gardes du Roi fur la maifon; elles ajoutérent que cela n'étoit pas ført honorable pour ces Meffieurs d'avoir avec eux une femme pour fixiéme Garde du Roi. Les Meres déclarérent donc que n'ayant point d'ordre de M. Archevêque, elles ne recevroient point cette femme pour entrer dans la maifon, qu'elles la toléreroient feulement à la porte, fai, pour re le fervice du dehors. On interrogea cette femme, & on apprit d'elle qu'elle étoit veuve, & qu'elle n'avoit qu'une fille, qui étoit auprès d'une bonne Dame qui mène la dévotion, dit-elle, fous la régle des RR. PP. Jéfuites.

Les maladies qui régnoient dans la maison Plufieurs re-attaquérent pendant le mois d'Août deux des plus confidérables de la Communauté, la Mere Agnès & la Soeur Euftoquie, M. Hamon fouhaita d'avoir une confultation. C1 envoya

mort.

demander à M. l'Archevêque fon agrément pour M. Renauld qui étoit déja venu à P. R. en fa qualité de Médecin. Le Prélat donna fon confentement, & les deux Médecins ayant jugé l'état de la maladie dangereux pour toutes fes deux, il fallut faire un nouveau message auprès de l'Archevêque pour lui demander un Confeffeur. On lui en propofoit plufieurs, le Vicaire de S. Médard & quelques Curés voifins qui n'étoient pas fufpects à l'Archevêché. Le Sieur Hilaire, meffager perpétuel des Religieufes, rapporta de Paris que le Vicaire de S. Médard avoit refufé de venir, quoique fortement follicité par le Prélat, & que celui-ci avoit rendu pour toute réponfe, qu'il y penferoit. Le Sieur du Saugey s'offrit à entrer. On lui demanda quelle étoit fon intention, & s'il étoit difpofé à donner les Sacremens. Il répondit qu'il les donneroit, fi on étoit dans la difpofition qui convenoit. On lui répondit qu'il n'étoit donc pas néceffaire qu'il fe donnât la peine d'aller voir les malades qui fouhaitoient qu'on ne les tourmentât point, & dont il fçavoit déja par avance tout ce qu'elles lui diroient touchant la fignature.

Une autre Sœur, nommée Françoife-Lutgarde Robert, tomba auffi malade dangereufement au commencement de Septembre. Celle-ci d'ailleurs bien décidée & fort réfignée fur le refus des Sacremens à la mort, fouhaita ce pendant qu'on fît entrer M. Poupiche, pour avoir, difoit-elle, un témoin de fa difpofition, & pour déclarer à l'Eglife en la perfonne de fon miniftre qu'elle mouroit dans fon union, dans fa foi, & dans la ferme réfolution de préférer la crainte de Dieu à celle des hommes. » On fir 'donc entrer M.

Ps

Poupiche mais dans l'intervalle la Seur avoit perdu la connoiffance, & il la trouva dans cet état. La Mere Abbeffe le pria de lui donner l'Extrême-Onction: mais elle n'obtint rien. On le mena enfuite voir deux autres malades, la SourEuftoquie & une autre nommée Apolline, à qui il refufa les Sacremens n'ayant pu les déterminer à la fignature.

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Le lendemain la Soeur Lutgarde étant revenue de fon affoupiffement, on fe hâta de faire entrer M. Poupiche pour fatisfaire au défir qu'avoit la malade de rendre témoignage à la vérité entre fes mains. L'Eccléfiaftique étant entré, les dialogues ordinaires, commencérent. On demande la fignature: on la refufe. On fe cite réciproquement l'un l'autre au tribunal de J. C. On fe retranche de part & d'autre, l'un fur la confcience, l'autre fur l'obligation d'obéir, &c. La Sœur Angélique entreprend le Prêtre & le met dans le lâs fon par argument favori: elle lui fait avouer d'abord qu'on ne commande pas aux Religieufes de figner fans croire: elle lui fait, avouer en second lieu qu'on ne leur fait pas un comman, dement de croire, que cela en effet n'eft pas de nature à être commandé; d'où elle conclut que les filles de P. R. ne font point dans le cas de la défobéiffance, puifqu'il ne fe trouve pas de commandement, & qu'ainfi on leur refufe les Sacremens pour caufe de défobéiffance pendant qu'elles ne font pas défobéiffan tes. Toute la folution du docte Chapelain fut que fi elles vouloient figner fans croire, on ne laifferoit pas de recevoir leur fignature & qu'on leur donneroit les Sacremens. On le conduifit enfuite, chez la Mere Agnès qui avoit fouhaité lui parler. L'entrevue fut cour,

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