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» Efther fe préfenta devant Affuérus, fans avoir » été appellée...S'il n'y avoit pas eu néceffité, il yauroit eu beaucoup de témérité. Mais la » néceffité étant évidente, & ayant le confeit » de Mardochée, elle fit faintement de s'expofer... Avec cela je craindrois que les Religieufes n'euffent tort, fi elles ne fuivoient en » cela le confeil de leurs. Meres... En le fui» vant, elles trouveroient en leurs perfonnes » l'autorité de Mardochée. Mais pour approfondir davantage ce fujet fi important, continue M. Hamon, il me femble qu'il n'y a point de meilleure régle pour juger s'il eft à » propos de communier ou de ne pas communier, que celle de l'obéiffance... L'Eglife a > reçu de J. C. la puiffance de lier ou de délier, » pour nous éloigner du Sacrement où pour nous en faire approcher... Quand elle nous dit: Recevez-le ; il nous eft utile de le rece» voir. Quand elle nous dit : Ne le recevez point; il nous eft de même utile de ne le pas recevoir. Mais comme il y a des rencontres où les enfans étant éloignés de leur mere, » n'ont aucune berté de lui parler, & que » d'ailleurs ils fe trouvent dans un état extra» ordinaire où les régles ordinaires n'ont plus » lieu, Dieu fupplée à l'obéiffance qu'ils ne peuvent plus rendre à l'Eglife, par l'obéiffance qu'il veut qu'ils lui rendent immédia» tement, en fuivant fes ordres & la conduite » de fa Providence. Le feul péril qu'il y auroit, » feroit de ne pas bien comprendre ce que Dieu

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nous ordonne. Mais il n'y a rien de fi aifé. 20 Quand il y a des impoflibilités de communier, » il eft indubitable qu'il nous dit de ne point communier... 11 nous invite à ce banquet », royal, lorsqu'il fait.ceffer l'impoffibilité qu’A.

» y avoit mife... Si c'eft J. C. qui parle, quand
» il met des obstacles infurmontables entre nous
» & fon corps, c'eft auffi lui qui parle, quand
» il les leve. » C'est surtout en faveur des ames
foibles qui peuvent avoir besoin de ce grand
reméde,
, que M. Hamon conclut qu'on a pu
fe préfenter à la fainte Table malgré la défen-
fe; & il ajoute : : » Quand nous voyons le pain
» proche de nous, & que nous avons beau-
coup de chemin à faire, il femble que ce
» feroit tenter Dieu, que de ne pas manger.
Quand il a voulu nous nourrir fans pain, afin
de nous faire paroître fa puiffance, nous ne
devions point avoir d'inquiétude de nous
voir fans pain: car fa volonté en étoit un
excellent qui nous nourriffoit. A préfent
qu'il veut nous nourrir d'une autre maniére,
» & qu'il veut nous faire pleuvoir la manne pen-
→ dant la nuit, nous aurións tort de ne la pas
> recueillir. 2

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XII.

Ce fut dans le même mois de Juin que M. du Saugey fe retira. Ce ne fut pas tout-à-fait Changement de fa bonne volonté. Car l'Archevêque fut obli- & de Gardes.. de Chapelaing gé de le renvoyer, fur les plaintes réitérées qu'il en recevoit, pour une conduite tout-àfait indécente en bien des points, comme de fe baigner en plein jour avec les Gardes dans l'étang qui étoit proche la maifon. Il laiffa en s'en allant un monument de fon grand zéle. 11 écrivit fur l'écorce d'un hêtre : Du Saugey de Savoie, Anti-Janfenifte. Il eut une converfation avec M. Hamon à qui il témoigna qu'il étoit mortifié d'avoir été obligé de faire de la peine aux Religieufes; qu'il avoit été très-édifié de leur vertu. Il fit venir les Domeftiques & leur demanda pardon. La derniére: Meife qu'il dit, fut pour toutes les Religieu

XIII.

maladies mul

tipliées on

fes mortes pendant son séjour à P. R. Peut-être avoit-il du fcrupule de n'avoir jamais voulu prier pour celles qui mouroient. En prenant congé de la Mere Abbesse, il lui fit, ou par pur compliment, ou dans la fincérité de fon cœur, quelques excufes de la conduite qu'il avoit tenue. Le fieur Clerfon qui étoit venu pour le remplacer, fit auffi fon compliment, priant qu'on demandât pour lui au Seigneur la grace de fe bien acquitter de fa commission. La Mere lui dit qu'on avoit prévenu fa demande, & que quelques jours auparavant la Communauté avoit invoqué le S. Efprit à ce fujet. On fit un peu parler le nouvel Eccléfiaftique, afin de le fonder & de voir fi ce n'étoit pas M. Chamillard qui s'ingéroit de l'envoyer de fon autorité. Il affura qu'il n'avoit jamais ni vu ni connu M. Chamillard, & dit que c'étoit M. l'Archevêque qui l'avoit envoyé, avec ordre d'adminiftrer les Sacremens à toutes celles qui rendroient leur foumiffion. On l'exhorta pour fon bien propre à s'instruire de toute cette affaire que fans doute il ne poffédoit point; & l'entretien finit. Ledit fieur ne refta pas longtems à la maison ; car un mois après il prit congé des Meres, & eut pour fucceffeur ce M. Rey dont je viens de parler. Le fieur Bellébat Exempt fe retira auffi & fur remplacé dans fon noble office par le nommé

la Sommerie.

M.

Au commencement du mois d'Août, A caufe des l'Archevêque envoya fur la prière des Meres un Confeffeur pour les Converfes: on fut trèsrend auxReli- furpris quand on vit que c'étoit ce M. Hodencq gienfes la qui étoit déja venu, & que les Meres avoient prié l'Archevêque de ne plus envoyer. Celui-ci voulut fçavoir le fujet de la furprise que fa

jouiflance du jardin.

préfence caufoit aux Meres. Elles lui dirent naïvement ce qui en étoit : que les Sœurs Converfes ne vouloient point absolument se confeffer à lui; & que pour elles, elles ne l'agréoient point du tout, depuis qu'il avoit cu l'indifcrétion de vouloir indifpofer l'efprit des Converfes contre les Meres, & enlever ainfi à la Communauté le feul bien qui lui reftoit, qui étoit l'union & la paix. 11 nia d'abord le fait, mais forcé enfuite d'en convenir, il chande batterie & dit gea que J. C. avoit bien dit qu'il étoit venu pour apporter non la paix, mais le glaive. On le laiffa fur fa belle réponse & on alla confulter la Sœur Candide qui étoit dangéreufement malade, fçavoir fi elle fouhaitoit parler à M. Hodencq. Elle répondit que cela étoit inutile, parce qu'elle ne pouvoit pas faire ce qu'il lui demanderoit. L'Eccléfiaftique débita un peu d'érudition, autant qu'on pouvoit en attendre d'un tel homme; qu'il n'eft rien de fi aifé que de croire le Fait de Janfénius, puifque S. Auguftin dit que la foi eft en notre volonté ; qu'au refte elles n'ont qu'à mettre leur nom au bas du Formulaire, que c'est tout ce qu'on exige d'elles, &c. Enfuite il s'en retourna à Paris.

Cinq Sœurs furent attaquées prefque en mê me tems de maladie affez férieufe, MarieAgathe, Candide, Anne-Cecile, Louife-Eugénie,&Louife-Fare.La Mere Agnès elle-même. n'en fut pas exempte. La réponfe de l'Archevêque à qui on avoit envoyé demander un Confeffeur pour les Sœurs malades, fut courte & féche. Il fit dire qu'il étoit à S. Germain-enlaye, qu'il ne lui étoit pas poffible de trouver là des Confeffeurs pour les envoyer, qu'au furplus il avoit prié Dieu pour la Mere Ágnes

XIV.

& qu'il le feroit encore. Ce fut apparemment ce grand nombre de malades qui détermina les Religieufes à redemander la jouiffance du jardin aux Gardes qui étoient chez elles. Elles prirent pour prétexte la maturité des fruits. Elles propoférent donc au fieur la Ferté l'un d'eux de leur laiffer le jardin libre depuis le matin jufqu'au foir, à cette condition que les Gardes le fermeroient par dehors avec un cadenas. Le Garde n'y voulut pas consentir, mais il offrit de leur donner, comme avoient fait Mrs les Gardes du Roi, la liberté du jardin pour les heures de récréation. Il confentit pourtant à en communiquer avec M. l'Archevêque, & voulut bien même qu'en attendant fa réponse, la chofe fe fit comme les Religieufes le fouhaitoient. Dès le même moment elles entrérent dans le jardin, & y firent cette entrée comme la précédente, marchant proceffionnellement & chantant des Pleaumes. Elles dirent aux Gardes que leur intention dans cette proceffion étoit de faire une efpece de réparation pour le péché qu'ils avoient commis en forçant les portes de quoi ils fe mirent à

rire.

A la fin du mois d'Octobre M. Hilaire deLettres inter- manda à M. l'Archevêque la permiffion de ceptées. Traits s'absenter pour quinze jours, ayant une affaide M. Rey re indifpenfable qui l'appelloit dans fon pays. Chapelain.

Il propofa au Prélat de mettre en fa place, M. Deffaux pour faire fes fonctions jusqu'à fon retour. M. l'Archevêque l'agréa, mais à condition qu'il n'entreroit point dans la maifon. Comme ces ordres n'étoient que verbaux, les Gardes eurent quelque peine à agréer le substitut ;; cependant ils acquiefcérent, car ils étoient plus traitables que tous

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