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niere mala

die.

rien de plus que les autres. Ses vertus dans la Religion furent une grande humilité & une égalité d'efprit admirable. Celle-ci fe montroit furtout par deux endroits; 1o. dans le commerce journalier où il ne parut en elle ni humeur, ni parole féche ou de promptitude; en fecond lieu, dans les épreuves dures qui lui furvinrent, & dans lefquelles la sensibilité naturelle n'altéra jamais la tranquille patience. Ce fut ainfi qu'elle porta la vue affligeante du renversement des affaires de fon fils aîné qui lui faifoit dans une lettre le détail de fes malheurs, & prenoit congé d'elle pour s'en aller inconnu où fa mauvaife fortune le conduiroit. Même force & même magnanimité pour foutenir la violence de la perfecution fufcitée à P. R. dont elle portoit le poids, non feulement avec une parfaite & fincére réfignation, mais même avec le fentiment d'une joie tendre qui fe produifoit au dehors, fur le bonheur ineftimable de la fouffrance. Son éxil & fa captivité aux filles de Ste Marie dont nous avons vu le récit dans le tems, la trouvérent également courageufe & tranquille,

Nous venons de voir qu'en 1667. elle tomSes vertus ba malade au mois de Septembre de la maladans fa der- die dont elle mourut, & qui lui dura trois mois. Cette égalité d'ame & cette patience héroïque qui avoient tant édifié les Sœurs pendant fa vie, les édifiérent encore davantage dans ces trois mois de maladie, & furtout les douze derniers jours qu'elle eut pour furcroît de mal une diffenterie des plus cruelles fur la fin un vomiffement continuel qui étoit un vrai tourment. Elle n'avoit de repos ni jour ni nuit, tant par l'excès de fes maux, que par la continuité des remédes qu'on lui faifoit, &

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qui augmentoient confidérablement fa fouffrance & fa fatigue. Deux autres vertus fe firent alors admirer en elle au deffus de tout : la premiére, une charité tendre & vive qu'elle témoigna pour les perfécuteurs, priant pour eux avec une ferveur qui enlevo it, embraffant de tout fon cœur la Touriére étrangère qui étoit l'efpion de M. l'Archevêque dans la maison, & qui toute ennemie & dure qu'elle étoit, en fut non feulement furprife, mais épouvantée & confondue. » Une charité fi pure, dit M. Hamon, > tenoit bien lieu de la communion qu'on re» fufoit à la mourante la charité eft un bon viatique pour paffer à l'éternité, car il est » dit d'elle que nunquam excidit. C'est avoir » reçu Dieu, , que d'avoir reçu une telle chari

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té; car la charité eft Dieu même. » La feconde vertu qui fe fit admirer alors dans la Sœur, étoit un défir d'aller à Dieu fi ardent & fi plein de confolation, qu'elle n'interrompoit fon filence perpétuel que pour s'élancer vers le Ciel par ces verfets: Latatus fum in his qua dicta funt mihi.... Mifericordias Domini... Quid mihi eft in Calo?.. Veni Domine Jefu. Elle pria même fur la fin qu'on la difpensât de prendre des grains qu'on lui donnoit pour la faire un peu dormir, afin qu'elle pût être toujours éveillée pour s'entretenir avec Dieu pendant ce qui lui reftoit de tems à vivre. M. de S. Ange, fon fils cadet, l'ayant fçue malade, alla prier M. de Péréfixe de permettre à Madame fa mere de recevoir les Sacremens. Le Prélat lui dit que cela ne fe pouvoit ; mais qu'il ne devoit pas être en aucune peine ; que fa Mere étoit une fainte, & qu'il voudroit être à fa place, Quel éloge forti de la bouche du perfécuteur. La malade expira donc, n'ayant pu obtenir,

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tation fur le S. Siége. Cette Princeffe dit d'abord qu'il n'y a que la charité & la compaffion qu'elle doit à de pauvres filles affligées → dont l'innocence & la vertu lui font connues, qui l'engagent à faire la démarche qu'elle fait, puifqu'il feroit, dit-elle, difficile d'imaginer quel autre intérêt une perfonne de a forte pourroit avoir dans l'affaire dont elle veut parler à fa Sainteté. Elle repréfente enfuite au S. Pere que l'on fait paffer les filles de P. R. pour des filles inquiétes, qui → ont nourri leur curiofité des Livres nouveaux de conteftation, qui fe font remplies d'opi➜nions extraordinaires, & qui enfuite les foutiennent opiniâtrement par un entêtement de filles mais que toutes ces idées font ab→ folument fauffes, qu'il n'y a peut-être point de Monaftére en France où on ait moins lu ces fortes d'écrits, & que fi maintenant elles » font forties un peu de l'entiére ignorance où » elles étoient des difputes, elles n'en font in» ftruites que parce qu'on les a forcées d'y prendre part, contre la nature de leur état &

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» la condition de leur fexe. Elle ol ferve enfuite qu'une Compagnie ennemie de cette mai» fon & jaloufe du bien qui s'y fait, n'ayant réuffi depuis 20. ans qu'elle effaie de toutes les calomnies imaginables, à faire per"dre à cette maifon fa réputation, lui a ten»da un piége par l'exaction de la fignature d'un Formulaire qui ne regarde nullement des Religieufes que fi ces filles refufent de figner fans quelque explication, ce n'eft que » l'effet de la confcience timorée de ces Vierges qui craignent d'offenfer Dieu par un parjure, depuis qu'elles n'ont pu ignorer que plufieurs perfonnes graves avoient de grands

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» doutes fur le Fait dont il s'agit; & que d'ail

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leurs prefque tout le monde convient que des "filles ne font point obligées à croire ce Fait ; » d'où elles concluent qu'ayant quelque dou❞ te fur la chofe, elles ne peuvent attefter par » leur fignature & jurer qu'elles la croient. "Elle fait obferver à S. S. que l'Archevêque de » Paris qui exige des filles de P. R. la figna»ture du Formulaire avec tant d'inflexibilité » n'en ufe pas de même envers quantité d'autres Religieufes qu'il laiffe tranquilles, ou » dont il reçoit la fignature avec explication; "que même dans P. R. il n'inquiéte nullement »les Sœurs Converfes qu'il fait bien penser » comme les Meres, & ne leur demande rien : qu'on porte la vexation contre ces faintes >> filles à la derniére rigueur, qu'on les tient depuis plufieurs années fans Sacremens & à » la vie & à la mort : qu'on va jusqu'à leur refufer un Prêtre pour enterrer celles qui meurent; que les Prêtres qu'on envoie au Cou→ vent n'ont que des malédictions à prononcer » contre ces Vierges; que dans leur temporel elles font traitées auffi inhumainement; qu'on » les a chaffées de leur Maifon de Paris, & qu'on les tient prifonniéres dans celle de la » campagne, qu'elles font investies jour & nuit » de gens de guerre, qui fans aucun égard pour la loi de la clôture & pour les bienséances les »plus indispensables, couchent dans leur jar» din & fous leurs fenêtres. Elle conclut que » comme il eft vifible que ce n'eft que par une » fuite de l'engagement pris par M. l'Archevê» que fort mal à propos, que ce Prélat va toujours en avant & ne veut point reculer fera une œuvre digne de la piété du S. Pere » d'ouvrir une porte honnête à M. l'Archevê

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ni Sacremens,ni Priéres des Miniftres del'Eglife; & menacée d'être privée de la fépulture chrétienne. Sur ce dernier article, elle répondit à ceux qui lui en parloient, par cette parole de fang froid » Eh! J. C. a bien été enterré dans un »jardin. » Elle fut cependant enterrée en terre fainte par la Communauté, fans Eccléfiaftiques, avec la folemnite ufitée. M. fon fils pour fuppléer en quelque forte ce qui manquoit, alla commander un Service aux Auguftins; & la veille du jour marqué il fit imprimer cinq ou fix cens billets qu'il fit diftri, · buer dans Paris pour inviter au Service de Madame S. Ange morte Religieufe à P. R. L'Archevêque en fut averti le foir, & envoya aux Auguftins défense de le faire. Le P. Prieur le dit le matin à M. de S. Ange, qui fans s'émou voir, alla faire tendre l'Eglife de S. Yves, où il fit faire le fervice, & mit à la porte desAuguftins deux hommes pour envoyer tous les caroffes à S. Yves, où le Service fe fit magnifiquement.

C'est la cinquiéme & derniére Sœur qui mourut pendant la captivité, en forte qu'elle fut, dit la Mere Agnès dans fa Rélation, la derniére Hoftic pacifique immolée dans la perfécution, pour attirer la miféricorde du Seigneur fur la Communauté, & fon rétablissement dans la paix qui arriva quatorze mois après. Je rapporterai ici la petite priére- que M. Hamon compofa fur le champ pour ces cinq Sœurs mortes fans Sacremens: Deum mortuum, cui mortui vivunt, & qui fufcitas mortuos venite, adoremus. Deus Sororum noftrarum quæ mortua funt in pace tua, & abfque pace tua, & pro pace tua, benedic illis pro maledictione hac. Recordare Margarete, Francifca, Antonia, Catharine & Anne, & regde

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