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réfie, & que d'ailleurs lui-même rend juftice » à leur conduite édifiante; d'où il infére que » le Prélat les traitant auffi mal qu'il fait, ne » fuit en cela ni fes propres lumières, ni l'ins"piration de fa confcience, mais qu'il agit par des impreffions étrangères. Il lui fait fentir l'indécence qu'il y a de livrer ces fain»tes filles au zéle aveugle & paffionné d'un M. » Chamillard, de le laiffer maître d'envoyer à cette maifon affligée des Prêtres fanatiques » à fon gré, dont quelques-uns même après » avoir vu les chofes de près n'y peuvent pas tenir, & malgré leurs préjugés font les premiers à condamner le perfécuteur. Confidédit-il, je vous prie, Monfeigneur, que le mal que ce Docteur a fait à ce Mo>> naftére retombe fur vous, & que Dieu vous > en demandera compte. Il le prend enfuite par >>fon honneur. Tous vos amis, lui dit-il, >> vous plaignent: car il n'y a rien de plus hon» teux que de fervir d'inftrument à la passion de perfonnes vifiblement injuftes. Mettez» vous une bonne fois au deffus du P. Annat » & de M. Chamillard : rien ne peut vous être plus glorieux que de vous tirer de cette fervitude.... Donnez à ces filles des Prêtres rai» fonnables que vous laifferez agir fuivant leurs lumiéres & leur confcience.

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Il ne fait pas difficulté de prêcher le Prélat avec force fur la charge terrible de l'Epifcopat, fur les jugemens fecrets du Seigneur qui éléve quelquefois à de grandes places dans fa colére, & répand enfuite des ténébres pénales fur une injufte cupidité. » Pardonnez-moi, dit-il, Monfeigneur, fi j'ofe vous dire que "c'eft le plus grand malheur qui vous pût arriver, que d'avoir été choisi pour ruiner une

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maifon fainte, pour tourmenter des Religieufes innocentes, & pour être le Miniftre » de la paffion des Jéfuites... Soyez furpris d'avoir été le premier de tous les Evêques, » non feulement de ce tems, mais depuis la » naiffance de l'Eglife, qui ait fait une action » aussi extraordinaire, que de laisser mourir » fans Sacremens plufieurs Religieufes, parce

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qu'elles refufent de figner un Fait de foi hu» maine qui ne fert de rien au falut, & qu'il >> ne tient qu'à vous de ne pas demander. Crai»gnez que ces perfonnes mortes qui font main» tenant auprès de J. C. ne vous accufent de>vant fon trône de la mort de leurs ames › puifqu'encore qu'elles vivent, vous ne laif» fez pas de les avoir tuées autant qu'il a été en vous: & illa vivunt, & tu homicida es. » Je fai bien que pendant qu'on eft tout occupé des affaires du monde, on ne fait gué>> res de réflexions fur l'éternité. Mais la mort > ne laiffe pas de venir bien vite. Ces gran>> deurs, ces dignités, ces affaires, ces flateurs, » ces courtisans nous quittent, & la maladie > nous met enfin en état de nous trouver feuls » avec Dieu..... Je me tiens profterné à vos pieds en vous parlant avec cette liberté, & » je n'ai point d'autre vue en le faifant , que » de vous rendre le plus important fervice que » vous puiffiez recevoir de qui que ce foit.

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Il paffe au prétexte qu'on allégue pour juftifier la conduite du Prélat ; favoir, qu'il n'eft pas raisonnable qu'un Archevêque cede à des filles & en ait le démenti. Il réfute très fenfément ce principe par un principe contraire, qui eft que tout Supérieur chrétien doit favoir condescendre aux foibles & être prêt à céder, non à la force, mais à la foibleffe de

XXV.

Dames amies

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ceux fur qui il a autorité. » Un
pere, dit-it,
céde tous les jours à fes enfans par condef-
»cendance. Si donc vous avez cru que ces Re-
ligieufes méritoient tous ces châtimens, par-
» ce qu'elles ne vous réfiftoient que par opi-
niâtreté, maintenant que vous voyez clai-
rement que ce n'eft que la confcience qui
» les arrête, ce n'eft pas foibleffe de leur céder,
» mais c'eft charité de ceffer de les tenir dans
» un état de fouffrance. » Il relève enfuite for-
tement le scandale qui réfulte dans l'Eglife de
Dieu, de voir la clôture des Religieufes pro-
fanée par des Gardes & des gens de guerre qui
y réfident jour & nuit ; ce qui eft fans exem-
ple. Il conjure l'Archevêque de leur ôter du
moins ce joug qui n'eft pas fupportable. Il em-
ploie, en finiffant fa lettre, le pathétique le
plus capable d'attendrir. I repréfente ces
Religieufes comme le pauvre Lazare atten-
»dant à la porte du riche les miettes qui tom-
o bent de fa table & finit en demandant au
Prélat
pour elles & pour lui fa bénédiction.
>> Pour une bénédiction que vous leur donne-
rez (ce font ces derniéres paroles ) leurs
actions de graces en attireront mille fur vous.
Une lettre auffi chrétienne & auffi généreufe
étoit digne de fon Auteur, l'homme de fon
fiécle qui a fçu mieux réunir la nobleffe da
Chriftianifme à celle du Sang.

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Je joindrai à ces deux lettres une troifiéme Requête des piéce qui a le même objet. C'est une Requête de P.R.à l'At- Préfentée à M. l'Archevêque par des Dames chevêque. parentes des Religieufes, pour lui demander en leur faveur la permiffion de fe confeffer à tel Confeffeur approuvé qu'elles voudront, en vertu du Jubilé qui venoit d'être donné. La Requête fut préfentée le 24. Décembre.

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Elle eft courte, & fe réduit à préfenter au Préque le S. Pere accordant la liberté dans le tems de Jubilé, de fe confeffer à tout Prêtre approuvé, il feroit contre toute équité d'en exclure les Religieufes de P. R. qu'elles ne font pas de pire condition que des bateleurs, des ufuriers, des fimoniaques, & toute autre perfonne fi criminelle & fi infàme qu'elle puif, fe être, à qui on donne ce droit. On conferve encore un long récit manufcrit de l'entrevue & de la conférence de ces Dames avec l'Archevêque. Elles l'abordérent dans l'Hôtel-Dieu où il alloit dire la Meffe. Elles lui firent leur fupplique de vive voix. » Comment voulez» vous que je faffe, dit le Prélat? Elles font toujours rebelles & défobéiffantes. Madame » de S. Ange qui vient de mourir, n'eft-elle

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pas morte dans une opiniâtreté épouvanta-. »ble?» On lui répondit que M. Bail n'en jur geoit pas ainfi, puifqu'auffitôt après la mort il dit qu'il efpéroit bien de fon falut, parce qu'el le étoit morte en de trés-bonnes difpofitions. L'Archevêque dit qu'on avançoit des faufletés. On lui foutint la chofe dont on avoit des preu-ves certaines. Alors le Prélat prit congé des Dames pour le mettre en devoir de dire la Meffe, & leur dit de s'expliquer avec M. Boucher qui fe trouva là préfent. C'étoit un Docteur que l'Archevêque avoit qualifié trèshabile. Elles conjurérent donc ce Docteur de leur obtenir de M. l'Archevêque la grace qu'elles demandoient. Il dit que le Pape exclut de la grace du Jubilé ceux contre lesquels il y a quelque jugement. Les Dames lui répliquérent fort judicieufement qu'au moins le Pape ne leur défendoit pas de fe présenter à un Confeffeur, qui enfuite jugeoit ce que

XXVI.

méritoient ces personnes fuivant leurs difpofi

tions.

L'Archevêque ayant fini sa Meffe, dit à ces Dames de fe rendre à l'Archevêché l'après-diné, qu'il y feroit trouver M. Bail. Elles s'y rendirent. M. Bail nia avoir dit ce qu'on lui mettoit dans la bouche. Les Dames demandérent s'il foutiendroit bien fon déni en préfence de M. d'Epinoy, fils de Madame de S. Ange, à qui il avoit ainfi parlé. Le Docteur n'ofa pas perfifter, & dit pour s'excufer, qu'il avoit parlé ainsi pour confoler un fils affligé. Enfuite les Dames ayant recommencé à conjurer le Prélat, il fe mit en colere & leur tourna le dos. Elles demeurérent encore quelque tems avec M. Bail auquel fe joignit M. Grandin autre Docteur de la même doctrine. On difputa un peu vivement; mais ce fut fans aucun fruit.

Année 1668.

Nous commencerons l'Hiftoire de cette anProcédés ex- née par quelques faits & geftes tout-à-fait fintravagans du guliers du Prêtre qui alors deffervoit la maiSieur Rey Cha- fon fous la miffion de M. de Péréfixe. C'étoit pelain.

M. Rey. Les Sœurs Converfes qui étoient les feules qu'il eut pouvoir d'adminiftrer, ne voulurent bientôt plus de lui. Une d'entre elles fort âgée fe trouvant en grand danger d'une chute terrible qu'elle avoit faite, & qui obligea de la trépaner, fit demander un Confeffeur à M. l'Archevêque. Il voulut bien encore cette fois-ci déférer au défir de la Sœur malade, & lui envoya un M. Feu, ardent Vicaire de S. Médard, qui la confeffa & l'adminiftra. On le pria, avant que de s'en retourner, de confeffer les autres Sœurs qui ne s'étoient pas

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