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à leur juftification, elles s'avoueroient coupables, & dès-lors il ne feroit plus befoin de leur demander d'autre fignature du Formulaire. L'Archevêque convint que cela étoit vrai: mais auffi, reprit-il, elles font coupables d'une défobéiffance formelle à leur Supérieur. Comme il dit ceci d'un ton haut, & qu'il fembloit qu'il vouloit s'emporter M. de Meaux l'arrêta tout court, en lui difant qu'il n'étoit pas question de s'emporter que du côté des Religieufes, le refus ne ve noit point affurément d'obftination, mais de peine de confcience; mais que de fa part fes procédés contre. les Religieufes auroient bien de la peine à être juftifiés. Alors › prenant à fon tour le haut ton, penfez-vous donc, Mgr lui dit-il, que fi la chofe étoit portée devant des Juges vous puffiez la foutenir? Ce qui a empêché jufqu'ici qu'on n'ait poussé cette affaire, c'est le refpect qu'on a eu pour: l'autorité du Roi dont vous vous êtes fervi, & qu'on efpéroit toujours que cela finiroit. Mais préfentement nous ne pouvons plus y tenir. Nous poufferons l'affaire dans tous les Tribunaux où nous pourrons être entendus. Në croyez pas que nous ayons fi peu d'affection pour nos parentes, que nous foyons infenfibles à l'état où elles font. Nous les avons faites Religieufes pour vivre dans l'Eglife & pour mourir avec Dieu, & vous les féparez de Dieu. Je vous avoue que toute s les fois que j'ai appris qu'il étoit mort une fille de P. R. fans Sacremens cela n'a fait faigner le cœur. Enfin Mgr il faut faire une fin à cette affaire ; ou que vous déclariez ces Religieufes excommuniées, ou que vous les abfolviez.

La feconde difficulté de l'Archevêque étoit fur la maifon des Champs à laquelle il préten

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doit que les Religieufes renonçaffent. M. de Meaux lui fit voir que ce qu'il demandoit étoit contre toute juftice. » Celles, dit-il, qui font maintenant àP.R. desChamps ont porté de dot plus de 450000. livres qui ont fervi à bâtir »le Monaftére de Paris, & à groffir le revenu de l'Abbaye. Quoi ! M. voulez-vous que ces Religieufes s'en aillent comme de pau»vres filles profcrites fans titres & fans qua»lités? Et penfez-vous que nous autres parens qui avons donné la plus grande partie du »bien que pofféde l'Abbaye, puiflions nous » réfoudre de laiffer aller ainfi nos parentes? * L'Archevêque demanda trois jours à M. de Meaux pour fe confulter & délibérer avec fon Confeil. Les trois jours paffés, il rendit vifite. à M. de Meaux. Il lui dit que plus il penfoit à l'affaire de la tranflation, moins il la trouvoit faifable; qu'il falloit chercher quelqu'autre moyen d'accommoder les chofes ; qu'on pour roit peut-être par exemple ramener les Reli gieufes dans la maifon de Paris. M. de Meaux lui dit que s'il penfoit à cela, il falloit commen

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par arrêter les Bulles de la Sœur Dorothée. Puis M. de Paris lui donna un projet de Requête qu'il avoit dreffé pour lui être préfenté les Religieufes, afin de les retablir enfuite dans l'ufage des Sacremens. M. de Meaux prit la Requête & l'envoya à la Communauté. Le point critique de la Requête étoit de promettre à M. l'Archevêque qu'on le mettroit dans un état d'indifférence pour confulter Dieu, pour connoître fa volonté & la fuivre. Il arri va ce que M. de Meaux avoit dit d'avance à M. de Paris. Les Religieufes fe récriérent fur le point de l'indifférence, qui étoit précisément ce qu'on leur demandoit depuis quatre ans, qu'elles refufoient.

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XXXII. Paix de Clément IX.

Toutes ces négociations furent fufpendues par la rencontre de la paix générale de l'Eglife qui fut heureufement terminée dans ce temsci. Je vais en donner un récit abregé en reprenant les chofes de plus haut. La Bulle d'Alexandre VII. & le Formulaire de Rome étant arrivés au commencement de 1665. le Roi donna une déclaration fulminante pour faire figner le Formulaire du Pape dans tous les Diocèfes fous de très-grandes peines. Tous les Evêques publiérent la Bulle fans explication. ni reftriction, excepté un petit nombre, quatre furtout qui firent dans leurs Mandemens la diftinction du Fait & du Droit, fçavoir,les Evêques d'Alet, de Beauvais, d'Angers & de Pamiers.

La Cour en 1666. prend la réfolution de faire faire le procès aux quatre Evêques. Le Roi demande au Pape douze Commiffaires Evêques du Royaume, pour juger leurs quatre Confréres.. Le Pape en nomme neuf, & fait condamner par l'Inquifition les Mandemens des quatre.Ce Dé-cret eft de 1667. Plufieurs Evêques de Francefont indignés du procédé de Rome, & écrivent au Roi en faveur des IV. Alexandre VII. meurt, & Clément IX. qui lui fuccéde envoie un Bref confirmatif de tout ce qu'a fait fon prédéceffeur. L'Evêque deComminges ( Choifeul) & celui de Châlons-fur-Marne (Vialart)fe donnent beaucoup de mouvemens pour arrêter les grands coups. Enfin dix-neuf Evêques fe réuniffent pour écrire au Pape en faveur des IV. & s'avancent dans leur lettre jufqu'à dire que fi ce qu'ont fait les IV. dans leurs Mandemens eft un crime, ce crime leur eft commun à tous. Ils écrivent auffi au Roi dans les mêmes vues. Leur lettre eft fupprimée par Arrêt du Parlement. Les IV. Evêques de leur côté envoient: une lettre circulaire à tous les Evêques du

Royaume, & fe donnent enfuite l'honneur d'écrire au Pape. Arrêt du Confeil qui fuppri-me la lettre circulaire des IV.

Cependant le Nonce Bargellini avoit des ordres fecrets de Rome d'accommoder cette affaire à quelque prix que ce fût, pourvu que: l'honneur du S. Siége fût mis à couvert. En 1668. les Entremetteurs de l'accommodement de concert avec le Nonce propoférent pour dénouement que les IV. Evêques donneroient un nouveau Mandement pour la fignature, & feroient faire une nouvelle fignature, laquelle feroit au bas d'un procès-verbal où ils s'expliqueroient comme ils voudroient & qu'ils ne rendroient pas public. Tout ceci fe traitoit fort fecrettement. On dressa une lettre au Pape pourêtre envoyée par les IV. Evêques. M. d'Alet fait d'abord difficulté de la figner, n'étant pas content de la tournure: mais preffé fortement par l'Archevêque de Sens & M. Arnauld, il acquiefça.

Tout ce qui avoit été projetté s'exécuta. Les procès-verbaux furent faits dans les Secréta rias des IV. Evêques, & la fignature se fit au bas. Sur des bruits qui coururent que les IV. Evêques n'avoient encore figné qu'avec reftriction, le Pape en fait fes plaintes à fon Non-ce. L'Evêque de Châlons prend fur lui d'envoyer au Pape un certificat pour les IV. Evêques, dans lequel il déclare que ceux-ci ont rendu au S. Siege une déférence pleine & entiére pour le Fait. La Cour de Rome fut contente, & en conféquence le Nonce demanda une audience au Roi pour lui faire part de la conclufion de l'affaire, & pour prier fa Majefté de la notifier à tout fon Royaume. Le Roi le fit par un Arrêt du Confeil, & le Nonce reçu

XXXIII.

M. de Péréfixe fur la Paix.

les complimens de félicitation de tous les Corps Eccléfiaftiques de la Ville de Paris. Ceci fe paffa dans le mois d'Octobre 1668.

L'année fuivante il fut frappé une médaille à ce fujet, pour éternifer la mémoire de cet événement. La Légende étoit : Reftituta Ecclefia Gallicana concordia, c'eft-à-dire, Pour le rétablissement de la concorde dans l'Eglife de France. Cette médaille se trouve gravée en fon rang dans les Eftampes de l'Hiftoire de Louis XIV. par médailles, faite par l'Academie des Infcriptions.

Toute cette affaire avoit été négociée fans Sentimens de la participation de M. de Paris. Il n'ignoroit pas cependant ce qui fe paffoit. M. Hilaire eut en cette occafion plufieurs conférences avec ce Prélat. Elles fourniffent des chofes affez curieufes à fçavoir. M. Hilaire en a fait luimême la rélation dont voici l'extrait. Le Sieur Hilaire ayant dit à l'Archevêque que le bruit couroit que les affaires s'accommodoient, que le Pape étoit las de ces difputes, & que le Roi vouloit aufli que cela finît; apparemment il ne feroit pas fâché lui-même de fortir d'embarras. L'Archevêque lui dit que cela étoit vrai: mais qu'il attendoit pour voir ce que diroit le Pape. Ledit Sieur lui demanda fi une affai re de cette importance fe traitoit fans lui. It répondit qu'oui, & qu'il en étoit bien aise; parce que fi elle ne réuffiffoit pas, on s'ima gineroit que ce feroit lui qui l'auroit empêché; que n'y étant pour rien, il étoit à l'abri de tout reproche. Quant à P. R. lui dit le Sieur Hilaire, il vous feroit bien aifé, Monfeigneur, de vous tirer d'affaire : vous avez deux voies pour cela, ou consentir à la tranflation dans la terre de Mondeville, ou rétablir les Reli

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