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fucceffion d'Abbeffes triennales fe conferveroit dans cette Abbaye, me réservant le pou> voir d'y rentrer, s'il s'y faifoit quelque chan>gement.

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» Ce n'eft pas cela néanmoins, Sire, que » je défire d'obtenir de V. M. Je fçai trop par s expérience le peril de cette charge.... C'eft "pour des perfonnes affligées que je vous demande, Sire, un regard favorable... V. M. Sire, qui a autant de lumière que de justice » pour pacifier les chofes les plus difficiles » n'aura pas peine à mettre la derniére main à » ce grand ouvrage de la Paix de l'Eglife qui » lui a acquis tant de gloire,...& à répa>>rer les ruines que le feu des conteftations a » faites dans cette Maifon, afin les que per> fonnes qui la compofent & qui n'ont d'autre emploi que de bénir Dieu, foient conti>nuellement occupées à lui offrir leurs vœux pour la profpérité de votre Majesté. » La lettre eft dattée du 17. Novembre. Elle fut préfentée par M. de Lionne qui s'étant trou vé feul au Confeil avec le Roi, prit occafion de lui dire que M. de Meaux, lui avoir mis entre les mains une lettre de la Mere Agnès pour la Majefté. Le Roi la prit & la lut lui-même: mais il fe contenta de dire qu'il la trouvoit belle & bien faite.

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La feconde chofe qu'on fit à P. R. fut d'écrire une lettre à M. l'Archevêque pour lui repréfenter que la Paix de l'Eglife étant faite, il fembloit que celle de P. R. devoit fuivre. Ce fut encore la Mere Agnès qui l'écrivit en fon nom. J'en donnerai auffi le contenu prefqu'entier, parce qu'elle eft d'un goût auffi parfait que celle qui fut écrite au Roi.

Monfeigneur, Je n'avois que trop de fu

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jet par mon âge & par l'état où nous fommes de croire qu'il ne fe rencontreroit peutêtre plus jamais d'occafion d'importuner »Votre Grandeur par mes lettres. Je me fuis même vue plufieurs fois tout proche de » n'avoir affaire qu'à Dieu feul & à fon juge-ment fuprême, où les pauvres & les affligés » ont un droit particulier d'efpérer qu'ils ob» tiendront miféricorde. Mais quand on nous compteroit en effet au rang des morts, je penfe, M. qu'après que Dieu a parlé auffi favorablement qu'il vient de faire en rendant » la Paix à l'Eglife, on peut dire que ceux-mê-me qui font dans les tombeaux doivent revi-vre en entendant cette voix, & doivent parler pour dui témoigner leur reconnoiffance. Après quoi il eft bien jufte que je vous rende saufli, M.de très humbles actions de graces de ce » que vous daignez vous appliquer, comme on nous en affure, à chercher les moyens de nous faire avoir part à ce bonheur univerfel: Á quoi vous n'aurez jamais de peine, M. quand → vous voudrez bien n'écouter que les fenti» mens de votre bonté & de votre équité natu relle, & que vous ne donnerez plus de créance à ceux qui ont ofé encore depuis peu nous char» ger de calomnies dans des écrits publics,..... où il nous font paffer pour des perfonnes qui font une Eglife nouvelle des maîtreffes d'erreur qui dogmatifent comme les Hé, réfiarques & qui répandent dans les ames le » poifon de l'héréfie. Je vous avoue, M. que nous avons befoin de quelque modération M. Chamil-» pour pardonner de tels excès à un Prêtre & à un Docteur qui s'attribue d'avoir toujours »agi par vos ordres en ce qu'il a fait contre cette Communauté.... Je veux efpérer, M.

jard.

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55 de trouver encore affez de créance dans votre efprit pour ofer me promettre que vous me ferez la juftice de recevoir le témoignage que je vous rends en la présence de Dieu,comme de l'unique témoin de mon cœur & de la fincérité avec laquelle je vous parle. Il y a » plus de 60. ans que je le fers dans cette > maison : "'y ai vu établir la réforme par le zéle de feue la Mere Marie-Angélique ma Sœur qui en étoit Abbeffe. Elle a toujours eu foin depuis de procurer à fa Communauté » la conduite des Directeurs qui avoient réputa» tion d'être les plus faints & les plus éclairés. >> S. François de Sales a été de ce nombre.... » Le Pere Suffren Jéfuite nous a rendu beau-* >> coup d'affiftances fpirituelles, ainfi qu'ont fait plufieurs autres perfonnes de grand mérite & irréprochables qu'il eft fuperflu de nommer. Après avoir été inftruites de cette » forte tant d'années, il feroit impoffible qu'il fe fut fait un auffi grand changefût »ment dans l'efprit & la conduite de ce Monaftére, que d'y avoir renversé les fondemens mêmes de la foi, fans que pas une de nous s'en fût apperçue.... Que la fageffe & » la juftice de V. G. lui faffent appercevoir combien il a été facilè que la calomnie lui » ait fait paffer une peine de confcience pour »une opiniâtreté criminelle, en pofant ce » fondement fi faux, que nous avons de mau- vais fentimens contre la foi & que nous » n'avons pas été fincéres, quand nous avons » foufcrit entre vos mains, M. à la condamnation des erreurs que le Pape a condamnées. C'eft en ce point, M. que nul témoignage » n'eft recevable que celui que chacun rend de » foi-même &c. datée du 24. Novembre.

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XXXVI.

feffion de

l'Abbaye par

thée. Com

ment on

comportoit à

M. Hilaire qui porta cette lettre trouva le Prélat toujours s'embarrassant dans les mêmes difficultés, revenant à la fignature qu'il falloit queles Religieufes fiffent, héfitant fur la bonne volonté qu'auroit le Roi de confentir à la démiffion de la four Dorothée, & fur la bonne volonté de la four elle-même pour s'y rendre; retournant de tous les côtés la translation de Dorothée à la maifon des Champs, de l'Abbaye du Lys à Paris, & des Religieufes des Champs au Lys, & ainfi du refte; en un mot, partagé entre la mauvaise volonté · qu'il avoit toujours pour P. R. & la honte de fe montrer intraitable, quand toutes les Puifinces revenoient à la douceur.

Conime dans ces entrefaites on avoit fçu à Prife de pof- P. R. que la four Dorothée avoit pris poffeffion de fon Abbaye avec fes Bulles qui étoient la Sœur Doro arrivées, les oppofitions de la maifon étant venues à Rome trop tard, c'est-à-dire, après l'expédition des Bulles & le courier parti pourP. R.de Paris. la France, on examina ce qu'il y avoit à faire, & on réfolut de faire fignifier à la fœur prétendue Abbeffe, qu'elle eût à ne point recevoir à profeffion aucune de fes novices. Et ce fut la troifiéme démarche de précaution que l'on fit pour ménager toutes chofes à l'égard de la pacification qu'on efpéroit. M. de Meaux crut qu'il falloit que la fignification se fît au nom des parens. Elle fut faite ainfi non feulement à la fœur Dorothée, mais encore au Sieur Chamillard comme Supérieur à peine d'en répondre en fon propre & privé nom. On fit auffi entendre aux Novices de Paris de la part de la maifon des Champs, qu'elles priffent garde à ce qu'elles feroient: que fi elles étoient affez hardies pour faire profession fous la fœur.

Dorothée, elles ne feroient jamais regardées comme Religieufes, après le retour des Meres à Paris, & feroient rendues à leurs parens. On avoit encore dreffé une lettre pour le Pape au fujet des Bulles de la fœur mais toute réflexion faite, on ne l'envoya point de crainte de fe trouver engagé de nouveau à quelque chofe de fâcheux.

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La fœur Dorothée redoutoit extrêmement le fuccès des négociations pour la paix de P. R. parce qu'elle craignoit fort le retour des Religieufes des Champs à Paris. Elle faifoit faire des priéres à fes Novices pour obtenir que la paix ne fut point agréée de Rome, & que P. R. par conféquent ne profitât point de tout ce qui venoit de fe faire pour les IV. Evêques & pour les Meffieurs qui étoient dans la même caufe. L'Archevêque penfoit affez com. me elle cependant il n'étoit pas content d'elle, parce qu'il voyoit qu'elle n'étoit aimée de perfonne, & qu'elle ne rempliffoit pas bien fa charge. Quelques-unes des fœurs de Paris qui étoient bien revenues en faveur des Meres de P.R. des Champs, & qui converfoient quelquefois avec le Prélat, lui rendoient compte des déportemens de la prétendue Abbeffe: qu'elle n'affiftoit à l'Office que rarement, qu'elle ne paroiffoit prefque point aux obfervances, qu'elle fe faifoit apprêter à manger à part, & mangeoit toujours dans fa chambre. Le Prélat écoutoit & faifoit l'aveu ingénu à ces fœurs, qu'il avoit été étonné comment Dorothée avoit fihardiment accepté une telle charge. Ce qui le prévenoit encore contre elle & fes adjointes, c'eft qu'il fçavoit auffi qu'elles avoient fait réfolution d'aller dans d'autres Couvens, fi on ramenoit la maifon des Champs à Pa

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