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tres raisons qu'on avoit à leur alléguer pour leur faire goûter cet acte, on ajouta cette ré flexion, que les ennemis de la bonne caufe en étoient très-mécontens, & que l'Archevêque de Paris ne trouvoit pas de meilleur moyen de fe fauver de leurs reproches, qu'en difant qu'on avoit arraché l'approbation du Pape par l'appréhenfion qu'on lui avoit donnée de 80. Evêques qui étoient prêts de fe foulever, s'il ne finiffoit bientôt cette affaire. Toute la Communauté figna la déclaration le 14. & le 15. L'Evêque de Meaux la reimporta à Paris. Voici la tête & la queue de cette déclaration.

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Monfeigneur, Toutes vos filles les Religieufes de l'Abbaye de N. D. de P. R. qui, » font à préfent au Monaftére de P. R. des » Champs, repréfentent en toute humilité à votre charité paternelle que leur véritable » difpofition eft de n'avoir jamais eu que des >> penfées d'un très-grand zéle pour conservela foi de l'Eglife; » & le refte jufqu'à ces mots, ce qui a été décidé par les Papes à ce fujet. Enfuite » Ce confidéré, Monfeigneur, » & eu égard à notre fufdite déclaration, quelle nous apprenons être conforme à celle qui a été envoyée à N. S. P. le Pape au nom » de quelques-uns de Noffeigneurs les Evê၁၁ ques, & dont S. S. a été fatisfaite, il plaise » à V. G. d'avoir la bonté d'oublier ce que nous aurions pu faire indifcrettement dans

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la fuite de cette affaire, & de nous rétablir » dans l'état où nous étions avant notre dif-. » grace ; vous proteftant toutes que nous emploierons nos priéres & nos vœux pour attirer fur vous toute forte de bénédictions. Fair » en notre Monaftére de P. R. des Champs ce 14. Février. 1662..

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XXXVIII.

fes de P. R.

la paix leur eft

rendue.

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que

Le 17. on fut que M. l'Archevêque agréoit l'acte, & le 18. M. de la Brunetiere GrandLes Religieu- Vicaire vint à P. R. avec un Pere de l'Oratoifont rétablies re. Il fit affembler la Communauté & leur fit un dans leur pre- petit difcours pour leur annoncer la Paix qu'il mier état, & leur apportoit de la part de M. l'Archevêque. 11 eut grand foin de mettre à couvert l'honneur du Prélat en difant fa conduite a toujours été la même, & que comme il n'avoit fait que fuivre les intentions du Chef de l'Eglife par le paffé; ce qu'il faifoit maintenant, c'étoit de même pour s'y conformer. On fit enfuite la lecture de la Sentence de M. l'Archevêque. Le Prélat dans cette Sentence témoigne d'abord être content de la déclaration des Religieufes, qu'il rapporte en entier & mot à mot: en conféquence déclare qu'il les reftitue dans la participation des Sacremens dont il les avoit interdites par fon Ordonnance du. 16. Septembre 1665. les abfout de toutes les cenfures qu'elles pourroient avoir encourues par la contravention à fes Ordonnances précédentes, léve la défenfe qu'il leur avoit faite de chanter l'Office dans le chœur, & les déclare capables tant de former corps de Communauté, que de jouir du droit de voix active & paffive, quand befoin fera. Le Grand-Vicaire reprit la parole & exhorta les Religieufes à ne point parler du paffé, à ne pas s'amufer à raifonner & à difcuter pourquoi les Supérieurs paroifloient avoir varié & changé de conduite; que c'est toujours pour le bien de fes enfans, que l'Eglife change ou ne change pas fa difcipline.

Tout ceci fe paffa dans l'Eglife à la grille du chœur, les cierges étant allumés fur l'Autel, & toutes les Religieufes en grand habit de chœur. Le grand-Vicaire étoit en surplis &

en étole. Après le discours fini, la M. Abbesse pria M. le Grand - Vicaire de remercier M. I'Archevêque au nom de la Communauté, de l'affurer des fentimens de foumiffion que les Religieufes avoient pour S. G. Alors les Chantres entonnérent le Te Deum; on fonna les cloches, & on ouvrit les portes de l'Eglife pour le peuple. Tous les pauvres gens du voifinage accoururent, fort étonnés d'entendre fonner des cloches qu'ils n'avoient point entendu fonner depuis trois ans & demi. Après le Te Deum achevé, le Grand-Vicaire dit l'Oraifon d'action de graces, & tout le monde fe retira avec une modeftie & un recueillement auquel on ne fe feroit pas attendu dans une conjon&ture auffi fingulière. Le P. Bouchard de l'Oratoire confeffa enfuite toutes les Religieufes qui voulurent fe préfenter. Car c'étoit pour cela que M. l'Archevêque l'avoit envoyé, ne voulant rendre à la Communauté fes anciens Directeurs. M. Arnauld ne vint à PortRoyal que dix jours après, & même il ne fe montra pas de jour en arrivant.

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Le Grand-Vicaire fe chargea, en partant, d'une Lettre de remerciment de la Communauté à M. l'Archevêque. 11 fit efpérer aux Religieufes qu'elles pourroient obtenir les deux. points qu'elles demandoient, fçavoir, leur retour dans leur maifon de Paris & la fuppreffion du titre d'Abbeffe perpétuelle rétabli depuis peu. Mais il leur dit qu'il falloit avoir patience; que pour le premier article il ne fouffriroit pas grande difficulté, pourvu qu'elles fiffeat elles-mêmes les avances, & qu'elles fiffent fçavoir à leurs Sœurs de Paris qu'elles étoient difpofées à vivre en bonne intelligence: que pour le fecond article, comme c'étoit une af

faire qui touchoit l'autorité royale, il falloit bien du tems pour obtenir la chofe de S. M.Les Religieufes affurérent le Grand-Vicaire de leur fincére difpofition à vivre avec les Sœurs de Paris dans une entiere union.

Le lendemain 19. on chanta la Grand'Messe qui fut de la fainte Trinité, à laquelle tontes les Sœurs qui s'étoient confeffées communiérent. Le même jour les Religieufes écrivirent une lettre aux Sœurs de Paris. Elles les invitent en qualité d'amies & de voifines à prendre part à leur joie. Elles proteftent qu'elles les ont toujours tendrement aimées, & qu'elles ne fouhaitent rien tant que d'être réunies avec elles, fans excepter même les filles nouvelles venues qui ont été reçues dans la maifon de Paris depuis leur abfence : que fi les Sœurs de Paris fentoient quelque peine dans cette réunion, elles donneroient lieu de les foupçonner d'avoir fuivi quelques vues d'intérêt, pluτότ que la vue fimple de Fobéiffance dans la divifion qu'elles avoient faite. Il n'y eut point de réponse à cette Lettre de la part de la Communauté de Paris, où il y en avoit cependant quelques-unes qui fouhaitoient qu'on fit une réponse d'amitié.

Trois jours après M. Paftour qui étoit le dernier Chapelain envoyé par M. l'Archevêque, prit congé des Meres. Il le fit d'une maniére fort édifiante, demandant pardon de la conduite qu'il avoit tenue en trois ou quatre rencontres, en conféquence des préjugés qu'il avoit apportés, déclarant qu'il s'étoit bien détrompé, qu'il n'avoit trouvé dans la maifon qu'une grande édification, & qu'il avoit paffé bien de bons momens dans l'Eglife, depuis que Dieu lui avoit ouvert les yeux. Il ajouta

que c'étoit pour leur témoigner fes fentimens qu'il avoit voulu fervir la premiére Meffe qui s'étoit dite, afin d'être le premier à leur apporter la paix. Il demanda à la Mere Abbeffe un certificat dans lequel on témoigneroit qu'on étoit content de fa conduite, afin de s'en fervir auprès de ceux qui le prendroient pour un

ennemi de P. R.

Enfin pour couronner l'œuvre, le Curé de Magni (M. Ler) ce généreux ami de P. R. qui n'avoit point rougi de cette qualité pendant les quatre années de difgrace, qui recommandoit très-fouvent les Religieufes aux prières des fi déles dans fes prônes, & qui ne manqua jamais de faire un Service folemnel dans fon Eglife pour chaque Religieufe qui mouroit fans Sacremens, ce vertueux Pafteur, dis-je, voulut vifiter l'Eglife de P. R. en proceffion, & y chanter la Grand' Meffe. La proceffion arzy riva dans le tems que M. Arnauld y difoit la Meffe pour la premiére fois. Rien ne fut plus touchant que d'entendre ce Clergé entrer dans l'Eglife en chantant ces paroles: Omnes qui de uno pane & de uno Calice participamus: Nous tous qui participons au même pain & au même Calice; paroles qui convenoient avec tant de jufteffe à la circonftance préfente, auffibien que celles-ci du verfet de ce même répons qui fe rencontrérent dans le chant au moment que M. Arnauld en étoit à l'élévation de la fainte Hoftie: Parafti in dulcedine tuâ pauperi, Deus: Vous avez préparé, Seigneur, à l'humble pauvre une douceur toute divine. Pendant le court féjour que M. Arnauld fit à P. R. il fit quelques inftructions à la grille. Ce fut luk qui chanta l'Office le premier jour du Carême & qui donna des cendres à la Communauté..

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