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vint demeurer quelque tems à P. R. avant que
d'aller prendre poffeffion de fon Prieuré une
Abbeffe de S. Dizier avec trois Religieufes de la
même maison : une Coadjutrice du Couvent
de Nidoiseau, Soeur de Mademoiselle de Ver-
tus : une Abbeffe de Montargis: deux Dames
d'Humieres Religieufes de Jouarre : une Dame
d'Albert du même Couvent: Madame de
Chiverni Abbeffe de Gif, &c. Enfin on voyoit
regner une espèce d'émulation de s'unir à P. R.
finon durant la vie, du moins après la mort.
Un grand nombre de perfonnes demandoient
par leurs teftamens que leur cœur fût porté à
P. R. C'eft ce qu'ont fait Madame la Du-
cheffe de Longueville Princeffe du Sang en
1679. Madame la Princeffe de Conti qui vou-
fut qu'on y déposât fes entrailles en 1672,
Madame de Buzenval mere de M. l'Evêque de
Beauvais, Choart de Buzenval, en 1671, M.
Benoife Confeiller de Grand'Chambre, la mê-
me année M. le Duc de Longueville lui-mê-
me en 1672. & plufieurs autres particuliers.
Ajoutez à tout ceci les fréquentes vifites que
rendoient à ce Monaftére plufieurs grands Evê-
ques qui y officioient, portoient le S. Sacre-
ment à la proceffion, donnoient le Sacrement
de Confirmation. De ce nombre étoient l'Evê-
que
de Grenoble, l'Evêque d'Angoulême, l'E-
vêque de S. Pons, ceux de Châlons, d'Olon-
ne, de Beauvais, & furtout l'Evêque de Meaux
(de Ligny) qui y venoit plus fouvent que
tous les autres.

VIII. Réflexions fur la vie des

Il feroit à fouhaiter qu'outre les journaux Religieufes de qui font reftés pour ces dix années, il y eût P. R. & fur le des Relations auffi longues & auffi détaillées livre de leurs que celles que nous avons pour les tems qui Constitutions. ont précédé. Nous y trouverions le recit des

belles chofes qui s'y pratiquoient & qui fox

moient cette bonne odeur de J. C. qui attiroit tant de monde dans cette fainte maison. Ceux qui fouhaiteront s'édifier par cet endroit peuvent fuppléer à ce qui manquera ici, par la lecture des Conftitutions de P. R. Ce qui y eft ordonné apprendra ce qui s'y pratiquoit. Car ces Conftitutions ne font point des Réglemens formés d'abord en idée, & écrits fur le papier pour être enfuite mis en pratique. Ce font au contraire les pratiques du Couvent & les chofes qui y étoient établies par l'ufage, qu'on a enfuite converties en Réglemens: enforte que lire les Conftitutions, c'est lire la maniére dont on vivoit à P. R. avant qu'elles fuffent faites, & dont on a continué de vivre depuis en fuivant les ufages établis.

En effet il y avoit déja 40. ans que la Réforme fubfiftoit dans ce Monaftére, lorfqu'on préfenta en 1647. pour la premiére fois un cahier de Conftitutions à M. Jean-François de Gondy Archevêque de Paris pour avoir fon approbation. Ce qui montre qu'à l'exemple de J. C. on avoit commencé par faire, avant que d'ordonner, cæpit facere & docere. D'ailleurs, la perfonne qui a dicté le Réglement particulier des enfans, qui eft à la fuite des Conftitutions, déclare que ce qui lui avoit fait différer longtems de mettre ces régles par écrit, c'eft qu'elle avoit cru que l'intention de ceux qui l'en avoient chargée, étoit qu'elle mit par écrit comment il falloit conduire les enfans, & qu'elle s'eftimoit incapable d'une telle entreprife: mais que ce qui l'a tirée de peine c'eft qu'on lui avoit déclaré depuis qu'on ne demandoit autre chofe d'elle, finon qu'elle écrivit comment elle conduifoit. Cette méthode a été celle des plus fages Inftituteurs d'Ordres Religieux. Dans les maifons faintes

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d'hommes & de filles, dit la préface des » Constitutions, ce n'eft pas la Régle qui a » formé la pratique mais c'eft la pratique » qui a formé la Régle. On n'a pas commencé par preferire ce qu'on devoit obferver, mais par obferver ce qu'on a prefcrit depuis.... Ces » Saints Légiflateurs ne faifant que fuivre Dieu » fans le prévenir, ont évité par cette fage con» duite les engagemens téméraires en des cho»fes qui paroiffent belles en idée, & qui ne 5 fe peuvent exécuter; puifqu'ils n'ont fait >> leurs Régles que fur ce qui s'observoit déja par des perfonnes qui étoient ravies de s'impofer cette heureufe néceflité de perfévérer dans une manière de vie que la grace leur avoit infpirée. » L'Auteur de la Préface cite en particulier l'exemple de S. Céfaire d'Arles qui témoigne dans la Récapitulation de fa Régle, qu'il eut befoin d'expérience pour mettre la Régle qu'il a faite pour des Religieufes dans la forme où il voulut qu'elle de

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meurât.

J'ai infifté à deffein fur cet article, parce que c'eft un avis très-utile donné en paffant aux perfonnes qui fe trouveroient dans le cas. Je reviens à mon fujet, & je dis que la vie fervente, édifiante, angélique des Religieufes de P. R. fe trouve toute tracée dans les admirables réglemens que renferment les Conftitutions de ce Monaftére, auxquelles je renvois ceux des Lecteurs qui voudront fe donner cette fatisfaction. Ce n'eft pas, comme il est remarqué au commencement d'un des petits Traités qui compofent ce volume des Conftitutions que tout ce qui s'y trouve écrit, fe pratiquât à P. R. dans toute la perfection. Les Religieu-fes avoient trop d'humilité pour le penfer, mais c'étoit à quoi l'on tendoit & le but qu'on

fe propofoit, & qui en effet s'exécutoit en bonne partie par ces vierges pleines d'émulation pour le bien & zélées pour leur perfection. Pourfuivons l'Hiftoire.

IX.

M. Grenet

Depuis le rétabliffement des Religieufes de P. R. des Champs dans la participation des Sacremens, elles avoient eu pour Confeffeur le Curé de S. BePere Bouchard de l'Oratoire. Il avoit accom- noît, Supépagné le Grand-Vicaire dans le voyage qu'il fit tieur de P. R. des Champs. pour lever les interdits & les cenfures, & depuis ce tems-là elles l'avoient mandé de tems en tems pour venir les entendre en confeffion. Cela dura jufqu'à la Pentecôte. Il paroît par quelques lettres qu'on a de lui que c'étoit un grand homme de bien.

Dans les mois de Juin & de Juillet les Religieufes firent des Services pour les Sœurs qui étoient mortes dans les trois années de captivité, & qui ayant été privées des Sacremens à la mort avoient été aufli privées des priéres publiques après leur mort. Elles firent faire par les Eccléfiaftiques les cérémonies qui avoient été omifes aux enterremens, afperfion d'eau-bénite fur la foffe, encenfemens &c. Ce furent M. Arnauld & M. de Ste-Marthe qui officiérent en cette rencontre. L'Eccléfiaftique qui réfidoit chez elles pour la defferte du Monaftére fe nommoit M. Boisbuiffon.

Le 8. Juillet la Mere Abbeffe écrivit à M. l'Archevêque pour lui demander un Supérieur. Elle propofoit d'abord M. le Doyen, mais elle ajoutoit que ne fachant s'il pourroit en faire. les fonctions à caufe de fon grand âge, elle prenoit la liberté de lui demander M. Porcher. L'Archevêque en raifonna avec le Sr Hilaire porteur de la lettre, & fit difficulté d'agréer M. Porcher. Le Prélat propofa de fon côtéle

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X.

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Curé de S. Benoît, M. Grenet. Le Sieur Hilai-
re alla en rendre compte à M. Arnauld qui
trouva le choix bon, & fe transporta avec Mrs
Bourgeois & Boileau chez le Curé pour
lui ren-
dre vifite & le prier d'accepter l'emploi. Le 14.
le Curé alla à l'Archevêché où il étoit mandé
& reçut avec modeftie de M. l'Archevêque fa
nomination à la Supériorité de P. R. Après les
premiers complimens, il fe mit à genoux &
demanda au Prélat fa bénédiction. Puis pre-
nant la parole d'un air réfolu il lui dit :
Mgr, Je ne dois plus me regarder à l'égard des
Religieufes de P. R. comme le commun des
» autres hommes je fuis maintenant leur
→ pere & elles font mes filles par votre grace &
» par votre ordre. Permettez-moi donc, Mon-
feigneur, que pour ma premiére fonction je
faffe
un acte de pere. Vous fçavez tout ce qui
» s'eft paflé entre vous & elies: n'en avez-vous
plus rien fur le cœur? Ne puis-je pas les affu-
rer que tout eft effacé de votre mémoire
L'Archevêque répondit: Oui, de tout mon
» cœur. Le Curé le lui fit répéter à plufieurs
reprises; & fe mettant à genoux une feconde
5 fois, il lui dit : Donnez-moi donc, Mon-
feigneur, encore votre bénédiction pour el-
» les, que je leur porterai au plutôt de votre
» part. » Enfuite il fe retira. Ceci eft pris de la
Rélation qu'en avoit écrite le Curé lui-même
dans le tems.

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La Communauté ayant fçu que le SupéLa Mere du rieur étoit nommé & pourvu, la Mere Abbesse Fargis élue Abbeffe après lui faire les complimens requis, & pour le ne perdit point de tems. Elle lui écrivit pour prier de venir inceffamment procéder à l'élection d'une nouvelle Abbesse, fon tems étant fini. Il fit réponse qu'il viendroit le 22. Ainfi

la Mere de
Ligny.

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