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on commença fuivant l'ufage les priéres de quarante-heures. Le 23, l'élection fe fit, & cet fut la Mere Prieure Marie de Ste Madeleine du Fargis qui fut élue par 64. Religieufes vocales en préfence de Mrs Arnauld & Boisbuiffon & du Curé de Magny qui affiftérent comme témoins. La nouvelle Abbeffe fut inftallée, & on chanta le Te Deum d'un grand cœur. Elle écrivit deux lettres dès les premiers jours de fon installation, une à M. l'Archevêque dans » laquelle elle lui demande fa bénédiction qui » l'aidera, dit elle, à porter le poids qu'elle >> reconnoit au deffus de fes forces, mais pour » lequel elle efpére que Dieu aura plus d'égard à la difpofition des perfonnes qui ont fait le » choix, & à la foumiffion qu'elle rend à une » Puiffance qui vient de Dieu, qu'à son in» dignité & à fon incapacité. » Elle le remercie auffi du Supérieur qu'il a envoyé, dont elle l'affure que la Communauté eft très contente. M.I'Archevêque fit une réponse très-obligeante. L'autre lettre eft à M. Puffort, Rapporteur de la grande affaire qui venoit de fe terminer auConfeil du Roi, pour le remercier de la bonne volonté qu'il avoit témoignée envers la maifon dans l'affaire de l'Arrêt du Confeil, & lui en demander la continuation dans de nouvelles difficultés qu'on fufcitoit à la Maifon.

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Huit jours après, la Mere Abbeffe' nomma les Officières. La Sour Angélique de S. Jean fut nommée Prieure. Il y eut à la fin d'Octobre une occafion particuliere d'écrire à M.l'Archevêque pour lui faire les complimens de condoléance fur la mort d'un de fes neveux qui avoit été tué au fiége de Candie, combattant. contre les Turcs. La Mere Agnès le fit au défaut de la Mere Abbeffe qui étoit alors malade,

XI.

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Elle le fit dans fon goût de piété & de chriftianifme, exaltant beaucoup l'honneur qu'avoit le jeune militaire d'être mort au fervice » de la Religion, & moralifant très à propos > fur la vanité de toutes les efpérances que le » défunt pouvoit prétendre dans le fiécle, s'il avoit vécu, lefquelles font périffables & difparoiffent en un moment lorfque nous arrivons à l'éternité. » La Merè Abbeffe écrivit quelques jours après pour fe plaindre de ce qu'on vouloir leur faire un crime d'avoir reçu des Novices, & pour prier M. l'Archevêque de ne les pas priver de l'honneur qu'il leur avoit fait efpérer de leur rendre vifite, l'aflurant qu'il feroit content des raifons qu'elle lui donneroit de la conduite qu'elle avoit tenue.

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Année 1670.

Ce n'étoit pas fur cet article feulement Manœuvre qu'on cherchoit à inquiéter les Religieufes. de la Sœur On faifoit entendre en Cour que les gens fufniort de la pects continuoient de s'affembler à P. R. comSour Flavic. me auparavant. C'eft pourquoi comme on en

Dorothée &

eut avis à P. R. on écrivit à quelques amis · de Paris que peut-être il conviendroit qu'ils ne vinflent point à P. R. à la prochaine fête qui étoit celle de la Touffaint, afin de ne point donner lieu de parler: qu'il valoit mieux avoir patience & attendre ce que deviendroient tous ces bruits. On n'eut pas le même égard pour un autre avis qui fut donné par un anònime, parce qu'on le regarda comme un piége tendu aux Religieufes par quelque perfonne non amie. C'étoit une lettre adreffée à la Mere Abbeffe dattée de S. Germain du 2. de Mars 1670. fans fignature. On marquoit qu'on pens

foit en Cour à donner l'Abbaye de P. R. de Paris à une Dame de condition qu'on difoit être Madame de Mortemar, ou quelque autre du même rang, en plaçant la Soeur Dorothée dans quelque autre Abbaye: que l'intention de la Cour étoit d'établir cette Dame Abbesse des deux Maifons & de rendre P. R. des Champs dépendant d'elle, pour parvenir par la fuite peu à peu à l'anéantirentiérement:qu'ainfi on confeilloit aux Religieufes des Champs de fe remuer & d'employer ce qu'elles avoient d'amis puiffans pour parer le coup. On communiqua la chofe à Mademoiselle de Vertus qui fit réponse qu'il n'y avoit aucune vraifemblance dans ce qu'on leur mandoit; que 'Madame de Mortemar étoit destinée à Fontevraud: que comme ce bruit avoit déja couru de la part d'un foi-difant coufin de la Sœur Dorothée, c'étoit apparemment cette Sœur qui faifoit cette manoeuvre, parce que craiIgnant pour elle-même d'être déplacée, elle vouloit engager par fineffe P. R. des Champs à agir, pour empêcher ce qu'elle appréhendoit. Ainfi on ne tint compte de l'avis du charitable anonime, & on demeura en repos.

Mais deux mois après on donna dans un autre piége par un excès de zéle & de charité. On apprit de Paris que la Soeur Flavie, cette fille fi connue par fes intrigues contre les Meres, étoit malade très-dangereusement. On voulut tenter fi on ne pourroit pas lui ouvrir les yeux fur la conduite qu'elle avoit tenue. 'M. Deffaux fon neveu, mais fort homme de bien, parut propre à être employé dans cette démarche. Il vint à Paris, demanda des nouvelles de fa tante, & pria qu'on allât la faJuer de fa part, & favoir d'elle fi elle n'avoit

rien à lui dire dans l'état où elle étoit. On re

la Sœur vint à M. Deffaux & on lui dit que Flavie le chargeoit de témoigner à la Mere Agnès qu'elle fe jettoit à fes pieds & lui demandoit très-humblement pardon de tout ce qui s'étoit paflé. Les Meres crurent qu'il falloit profiter de cette bonne difpofition présente, & qu'une lettre de la M. Agnès ferviroit à y confirmer de plus en plus la pauvre malade. La Mere Agnès écrivit donc une lettre pleine de tendreffe où elle affure la Sœur que toute la Communauté lui pardonne de bon cœur, qu'elle eft en priére jour & nuit pour lui obtenir du Seigneur le pardon de toutes les fautes qu'elle a faites: elle l'exhorte à le demander elle-même à Dieu avec humilité & avec confiance. La réponse qui vint un mois après, la Sœur Flavie s'étant mieux portée, ne fut pas telle qu'on l'attendoit. La Sour Flavie remercie d'abord la Mere Agnès de fon bon cœur: mais elle lui déclare qu'elle ne fe reproche rien de ce qu'elle a fait ; qu'elle ne doute point qu'ayant pris le parti de fe foumettre à fes Supérieurs, elle ne foit dans la bonne voie ; que ce font les Religieufes défobéiffantes à l'Eglife qui font vraiment à plaindre, & non pas elle & autres chofes femblables.

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La Mere répondit quatre jours après pour s'expliquer plus clairement avec elle. Elle lui repréfente qu'elle (Sour Flavie) n'a pas bien compris le fens de fa lettre; qu'elle (Agnès ) n'avoit point prétendu lui parler de fa fignature pour lui en faire des reproches, qu'elle ne Jui en a pas dit un feul mot: mais que ce qu'elle avoit eu uniquement en vue étoit de lui remontrer avec cordialité le tort qu'elle avoit eu dans toutes les calomnies qu'elle avoit débitées

contre la Communauté & contre fes Sœurs, & T'obligation où elle étoit de les réparer, pour obtenir de Dieu miféricorde. M. L'Archevêque fut informé de ce qui fe paffoit, & l'on avertit les Meres des Champs qu'il étoit trèsmécontent de ce qu'on s'ingéroit de pervertic les filles de Paris & qu'on vouloit ainfi troubler la paix de l'Eglife. La Mere Agnès écrivit au Prélat pour fe juftifier, & pour le défabufer à ce fujet. Elle lui expofe 1. que les lettres qu'elle a écrites à la Sœur Flavie ont été occafionnées de la part de la Sœur par des avances qu'elle avoit faites la premiére; 2°. qu'il n'étoit point du tout question dans fes lettres de ce qui concerne la paix de l'Eglife, mais des fautes que la Sour Flavie avoit commifes contre la charité, & dont elle avoit paru témoigner quelque regret; qu'au refte puifque la Soeur prend fi mal ce qui eft tout fimple & très-railonnable, elle ne l'inquiétera pas & fe contentera de la plaindte en filence. Cela en demeura là, Madame la Duchesse de Longueville ayant aufli parlé de cette affaire à M. l'Archevêque. Mais deux jours après on apprit avec douleur la mort de la Sour Flavie. On dit une Oraison pour elle pendant les 30. jours, & le premier jour on récita les fept Pleaumes à fon intention, la Communauté profternée fuivant l'ufage.

XII.

tés du Cloître qui man

Sur la fin du mois de Mai on avoit commencé une grande entreprise qui étoit de bâtir Les trois côtrois côtés du Cloître qui manquoient. M. Arnauld bénit la premiére pierre du premier, & quoient, bâr ce fut la Mere Agnès qui la pofa. Deux mois tis. après, la premiére pierre fut pofée pour le fepar la Mere Abbelle, après avoir été bénite par M. de Ste-Marthe. Enfin dans

cond côté

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