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le mois d'Août la premiére pierre du troifiéme
côté fut bénite par M. le Curé de S. Benoît
Supérieur de la maison, & pofée par Madame
de Sevigné. Le Curé après la cérémonie parla
à la Communauté & l'affura M. l'Arche-
que
vêque l'avoit chargé de dire à fes filles qu'il
étoit très-content & très-édifié d'elles. En
fouillant la terre pour établir les fondations,
on trouva fous celles d'un vieux mur de clôtu-
re, d'un côté deux petites tombes, & àun au-
tre endroit deux corps dont il ne reftoit que
os avec les femelles de cuir & de liége de
leurs fouliers, qui étoient toutes entiéres &
qui paroiffoient être de Religieufes, étant
d'une médiocre grandeur. On enterra ces os
dans le Cimetière avec quelque folemnité dans
l'incertitude de ce qu'étoient ces corps connus
de Dieu feul.

les

Dans le mois d'Octobre il fe fit une cérémonie qui, quoique finguliére en foi, ne l'éP. R. Ce fut une protoit pas tout-à-fait pour feflion faite dans le lit. Une novice, nommée Sœur Perpétue, finiffant fon noviciat fut attaquée d'une maladie violente dont elle mourut. On voulut lui procurer la confolation de mourir profeffe. Voici comment fe fit la cérémonie. On tranfporta la malade dans un lit qui avoit été dreflé dans le dortoir. On avoit pratiqué un autel dans l'enfoncement d'une fenêtre, fur lequel étoient placés le S. Sacrement, la Ste Epine & la vraie croix. Les Sœurs étoient en haie à droite entre le lit & l'autel : les Eccléfiaftiques & les témoins étoient à gauche formant une autre haie. M. le Curé de S. Benoît commença pour plus grande fùreté par communier la malade; & tout de fuite la ma→ lade prononça fes vœux. La cérémonie se fit après

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après cela tout entiére. Le Supérieur fit l'exhortation, puis les priéres ordinaires furent récitées fans chant, & les Sœurs allérent les unes après les autres embraffer la nouvelle profeffe, qui dit à chacune felon l'ufage : Ora pro me: priez pour moi. M. le Nain & M. de Sévigné fervirent de témoins.

Année 2671.

XIII.

M. de Péréfixe Archevêque de Paris mourut le premier de Janvier 1671. on lui fit le, Mort deM. 16. un Service folemnel à P. R. On avoit

de Péréfixe & de la Mere

déja envoyé les Complimens de la Commu- Agnès.
nauté au Succeffleur, qui étoit l'Archevêque
de Rouen, M. de Harlai. Ce fut M. le Curé
de S. Benoît qui en fut le porteur. Il fut bien
reçu & rapporta à la Maifon les complimens
réciproques du nouvel Archevêque.

Le 18. Février deux cérémonies concoururent, qui faifoient un fort contraste : l'une étoit toute de joie, & l'autre très-trifte. La premiére étoit la Meffe folemnelle d'actions de graces pour l'anniversaire de la réhabilitation des Religieufes dans le tems de la paix : la seconde fut l'administration des derniers Sacremens à la chere & vénérable Mere Agnès qui fe mouroit. Elle alla au Seigneur le 19. Le récit de fa vie & de fa mort fe trouvera plus bas. Nous dirons feulement un mot de fes obfeques. M. Arnauld & M. de Saci avoient été mandés, quand on avoit vu le péril imminent. Ils ne purent point cependant arriver à tems pour recevoir fes derniers foupirs. M. Arnauld fut le célébrant à tout l'Office de la fépulture. Il s'y trouva quinze Eccléfiaftiques qui ne furent pas fimples fpectateurs ; car quand Tome II.

X

XIV.

Champs.

le choeur en fut à l'In exitu pour l'enterrement les Religieufes ne pouvant plus retenir leurs larmes, le Choeur manquà tout court, & ce qui reftoit fut chanté par ces Meffieurs. Pendant ce chant, toutes les Religieufes allérent T'une après l'autre baifer la main de la défunte. L'après midi M. de Saci fit fon oraifon funébre devant les Religieufes, & le lendemain M. Arnauld en fit autant. Quant à l'Anniverfaire folemnel d'actions de graces pour le rétabliffement des Religieufes qui fe fit dans le même tems j'obferverai qu'il n'a jamais manqué de fe faire, & que ce ne fut pas la feule fête annuelle établie par ces faintes filles, que la piété rendoit attentives à tout.

و

Pareil Anniverfaire fe célébroit dans le Multiplica- mois de Juillet en mémoire du retour & de la tion d'offices réunion de toutes les Religieufes dans la Mai& de prières à P. R. des fon des Champs en 1665. Troifiéme Anniver faire au jour que la Communauté prit l'habit du S. Sacrement & l'Inftitut de l'adoration perpétuelle nuit & jour. Quatriéme Anniverfaire pour le premier miracle de la Ste Epine. De plus en 1668. la Communauté s'engagea par un vœu à faire à perpétuité un obit folemnel pour les Religieufes mortes fans Sacremens pendant la captivité. On le faifoit tous les ans au jour marqué. Il y avoit encore un jour de dévotion & de prières qui avoit été établi dans le même tems pour cinq ans en l'honneur de S. Jofeph, comme protecteur des Vierges; il s'exécuta pendant les cinq années, & après une courte interruption on le reprit & on l'a continué depuis. Il faut joindre à toutes ces fêtes & à tous ces offices les priéres qui fe faifoient en commun à l'Eglife pour chaque malade qui étoit à l'extrémité, les recommanda

tions de l'ame, les fept Pfeaumes, &c. De plus les fervices fréquens qu'on chantoit pour les morts, fçavoir, les vigiles la veille accompa gnées quelquefois des fept Pfeaumes, la Communauté étant profternée, le fervice du jour de la mort, grand'Meffe fouvent, & enterrement; le fervice du troifiéme jour après la mort; & ce n'étoit pas feulement pour les Religieufes & pour les bienfaiteurs de la Maifon qu'on en ufoit ainfi ; on faifoit de même pour tous les Meffieurs qui demeuroient au dehors, pour tous les domeftiques communé→ ment, & même pour des perfonnes étrangères qui demandoient en mourant les priéres de la Communauté. Ainfi on ne fe laffoit point de prier dans cette fainte Maison. Il ne tint point aux Religieufes qu'on ne rétablit l'ufage ancien de l'Ordre de Citeaux, de réciter le Pleautier toutes les femaines outre l'Office. Le Supérieur à qui elles en firent la propofition, ne leur confeilla point de le faire, du moins fur le champ, craignant qu'elles ne fuffent furchar gées: il dit qu'il falloit prendre du tems pour examiner murement ce qui feroit convenable.

Ces faintes filles étoient merveilleufement foutenues dans cet efprit de prière par l'exemple & les inftructions de perfonnes qui en étoient bien remplies. Elles avoient auprès d'elles un nombre d'Eccléfiaftiques & de Solitaires très-vertueux qui affiftoient à tous leurs Offices. Très-fouvent il en venoit d'au-' tres de Paris qu'il fuffira de nommer pour la plûpart, pour en annoncer le mérite. M. Arnauld & M. de Saci ne manquoient point de s'y trouver à toutes les grandes fêtes, & trèsfouvent en d'autres tems. C'étoit l'un des deux qui officioit toujours. On ne fera pas fâché

XV.

de trouver ici la lifte de tous ces vertueux Eccléfiaftiques & même des pieux Laïques, qui fervoient chacun en leur façon aux Offices de I'Eglife & aux différentes Cérémonies, telles que les Proceffions, les Administrations des Sacremens, les Enterremens. Voici les noms des principaux que j'ai trouvés dans les Jourpaux de P. R. depuis 1669.

ECCLESIASTIQUES

Meffieurs Arnauld,

Lifte des gens Arifte, Supérieur des
de bien, Ec- filles de Lieffe,
cléfiaftiques & de Beaubrun
Laïques qui Boisbuiffon, Chape-

fréquentoient

Port-Royal.

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lain ordinaire,

de Beaupuis,

Blondel,

Bocquillot,

Borel,

Dolé,

Eart,
Des Effarts,
Euftace, Confeffeur
Feydeau

Flambart,
L'Abbé de Flécelles,
Floriot,

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Bourgeois, Docteur de Gays,

Sorbonne,

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neviève,

De la Grange, Victo

rin

Boileau, de la Sainte L'Abbé de Pontcha

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