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plus fidéles chrétiens qui mettent après Jefus » Chrift leur confiance en elle,& qui s'adressent » même à elle pour avoir accès à lui, comme » nous l'exprimons encore dans une prière que 5 nous faifons tous les jours devant & après » notre conférence, en difant tout haut une oraifon de faint Bernard qui commence par » ces mots : Per te acceffum habeamus ad Filium » &c. Enfin nous la prions jufqu'à la mort ; & → les derniéres paroles qu'on répéte à nos Sœurs lorfqu'elles expirent, c'eft, In manus » tuas &c. Maria mater gratiæ &c.

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"Quant à ce qui regarde le culte des Saints, » il faudroit que je m'étendiffe encore beaucoup pour dire tout le détail des dévotions, >> des prières, des litanies, des reuvaines, des proceffions que nous faifons très-souvent » dans les befoins publics & particuliers. Mais » ce qui eft convaincant pour l'honneur que → nous rendons à leurs reliques, c'eft que nous » avons fait une chapelle dans l'Eglife qui eft → derriére notre chœur, qui porte le nom de chapelle des Saintes Reliques, où il y a deux Autels remplis d'un affez grand nom bre de Reliques toutes enchâffées fort dé→ cemment, fi ce n'eft pas fort richement >> qui nous ont été données par des perfonnes de piété, l'une defquellés y a fondé une lam» pe perpétuelle qui brûle toujours. Il n'y a » pas encore plus de fept mois que nous avons >> reçu de Rome deux infignes Reliques de » deux Saints martyrs, tirés de la Sacristie du Pape, que nous révérons publiquement avec » grande cérémonie, & que le peuple vient honorer dans notre Eglife. Aux grandes fêtes l'on expofe toutes les Reliques, & il y a toute la journée quatre cierges allumés de

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vant. On en fait autant de chaque Saint dont » on a quelque relique, au jour de fa fête, & >> on y chante un Salut.

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Pour ce qui eft des tableaux & des images de la fainte Vierge & des Saints, il y en a » & dans l'Eglife, & dans tous les lieux réguliers, & dans toutes les cellules, & dans tous » les paffages. Aux côtés du grand Autel il y a » deux ftatues, l'une de la fainte Vierge & l'autre de faint Jean-Baptifte; & dans l'Eglife, deux chapelles, l'une de la fainte Vierge & l'autre de faint Laurent, ou l'on dit fouvent la Meffe; & pour marquer que dans les chofes même qui ne font point d'obligation, nous nourriffons notre piété par toutes les pratiques qui peuvent fervir à l'exciter, pendant les 40. jours depuis Noël jufqu'à la Purification, nous faifons tous les ans une repréfentation de la crêche dans l'une des ailes du Choeur, où il y a de grandes figures de cire au naturel qui repréfentent l'enfant Jefus, la fainte Vierge & faint Jofeph; & tous les jours nous y allons après Vêpres chanter un >> Salut pour adorer ce mystére & invoquer la fainte Vierge par l'interceflion de laquelle » nous espérons d'avoir part aux graces que Jefus-Chrift nous apporte.

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Après tant de preuves qui juftifient l'éloignement que nous avons de l'impiété qu'on nous attribue, il me femble que nous pouvons efpérer d'avoir quelque part à la promeffe de Jefus-Chrift qui affurent que nous ferons heureux, quand les hommes diront » toute forte de mal de nous en parlant contre la vérité: & nous regardons comme un effet de la bonté de Dieu envers nous de ce qu'il: fe fert de l'injuftice qu'on nous fait pour

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دو

XXII.

ment IX. Clé

nocent XI.

nous donner un droit à son Royaume, que » nous ne faurions prétendre par notre justice, étant auffi imparfaites que nous fommes.

Il n'y a point d'autre réflexion à faire fur cette lettre, finon celle que nous avons déja faite, qu'il n'y a qu'une malice bien déterminée qui ait pu s'obftiner à foutenir une calomnie auffi oppofée, je ne dis pas à la charité, mais à tout bon fens & à toute vraisemblance. C'étoit donc une haine irréconciliable contre P. R. qui animoit fes ennemis à renouveller à quelque prix que ce fût la perfécution. Ils en trouvérent cette année une grande facilité dans la mort de Madame la Ducheffe de Longueville, dont la protection avoit mis la Communauté à l'abri pendant les dix années qui avoient fuivi la paix de Clément IX. Il ne falloit pas moins qu'un crédit tel que celui de cette Princeffe pour fauver P. R. dans des événemens critiques qui avoient de tems en tenis porté de rudes atteintes à la paix de l'Eglife.

En 675. quelques Eccléfiaftiques du DioEtat de lacèle d'Angers fe plaignirent en Cour que leur paix de l'Egli- Evêque ôtoit la liberté à fes Diocéfains de le fous Clé figner le Formulaire chacun felon fes lumiément X.& In-res, & qu'il ne vouloit point recevoir la fignature pure & fimple. Le fait étoit faux. M. d'Angers comprenant que ce procédé annonçoit la mauvaise volonté des ennemis de la paix qui cherchoient à l'anéantir, pria M. l'Evêque de Châlons qui en avoit été le principal médiateur, de lui délivrer une atteftation de ce qui s'étoit paffé dans les négociations de 1668. pour conftater la vérité des faits & la réalité de la paix. M. de Châlons la lui donna, &-il s'en fervit en tems & lieu, comme nous le

verrons. Cependant l'Archevêque de Paris, on ne fçait par quel motif, fe mit en tête de traverfer aufli la paix, & follicita l'année fuivante 1676. un Arrêt du Confeil contre M. d'Angers daté du Camp de Ninove en Flandre, dans lequel fa Majefté déclaroit que »fon Arrêt de 1668. ne devoit point être tiré à » conféquence pour l'ufage général des fignatures avec reftriction, & que c'étoit par con» descendance & en faveur de quelques particuliers feulement, pour les mettre à couvert de leurs fcrupules & des peines portées » par les Conftitutions, que le S. Siége avoit » admis quelques fignatures du Formulaire avec une explication plus étendue.

M. d'Angers crut devoir fe juftifier des fuppofitions fauffes que renfermoit contre lui l'Arrêt du Confeil de 1676. Il donna une Ordonnance dans laquelle il s'explique, & déclare qu'il n'a pas eu deffein de condamner ceux qui fuivant leurs lumiéres voudroient figner le Formulaire fans explication, mais feulement faire jouir les autres de la liberté si sage & de la condefcendance fi jufte avec laquelle le Pape & le Roi ont autorifé les fignatures expliquées, dans le tems de la pacification, & depuis en tant d'autres occafions.

Le Pape Clément X. étant mort cette année; fut remplacé par Innocent XI. L'Evêque de Châlons écrivit au nouveau Pape une lettre de congratulation, dans laquelle il fit mention de ce qu'avoient fait fes prédéceffeurs Clément IX. & Clément X. pour pacifier les troubles de l'Eglife de France. Il reçut un Bref de remerciment de S. S. en 1677. où elle témoigne être contente de la conduite de M. de Châlons dans l'affaire de la paix, & déclare qu'elle veut

affermir ce grand ouvrage. Le Prélat récrivant au Cardinal Cibo par qui le Bref lui avoit été adreffé, ne manqua pas de faire fentir à ce Cardinal que l'Eglife de France étoit fur le point de fe voir replongée dans les anciens troubles, & qu'il étoit de la derniere importance que le S. Pere prévînt les mauvais deffeins de ceux qui contrevenoient en toute occafion à ce qui avoit été arrêté dans la paix de Clément IX.

M. d'Angers qui s'étoit contenté de gémir fur les traitemens injuftes qu'il effuyoit, & d'employer auprès du S. Siége la follicitation de M. de Châlons, s'adressa lui-même au Pape en 1678. pour lui repréfenter la perfécution qu'il fouffroit; l'entreprise de l'Univerfité d'Angers qui avoit obtenu de la Puissance séculiere la permiffion d'exiger des fignatures telles qu'il lui plairoit, au mépris de l'autorité épifcopale; les exils d'un grand nombre de bons Miniftres qui lui étoient très-néceffaires & qu'on lui enlevoit; les défenfes faites d'expédier aucun brever pour des bénéfices de nomination royale qu'à ceux qui auroient par leur fignature répudié la Formule de foufcription approuvée par le S. Siége dans les IV. Evêques. Il fe plaint amérement des calomnies dont on ne ceffe de charger les IV. Evêques, comme s'ils avoient trompé le Pape Clément IX. en 1668. pour parvenir à la paix. Il déclare nettement qu'ils ont à la vérité admis des explications dans leur fignature, ce qui est toujours permis; mais qu'il eft faux qu'ils aient admis des exceptions & des reftrictions, comme on les en accufe; que leur fignature accompagnée d'explications a été connue de la Cour de Rome dans le tems & de M. le Nonce qui

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