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>> l'amour de cette Vérité & inébranlables » dans l'union de la Charité. Elles félicitent la » défunte du bonheur qu'elle a d'être délivrée » des filets des chaffeurs, & la prient de » s'employer, après que Dieu lui aura fait » miféricorde, pour obtenir de lui qu'il l'é» tende fur toute la famille, & qu'il ne la laifpas fans conduite, livrée à des Pasteurs » qui ne pourroient que l'égarer. » Cette espéce d'Appel fut relevé 30. jours après par un acte pareil dreffé dans le même goût, & déposé comme le premier dans la foffe de la même défunte, après les priéres du trentin, c'eft-à-dire, du trentiéme jour.

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*

Le fecond acte étoit le Mémoire que l'Archevêque avoit agréé qu'elles lui préfentaffent, contenant les raifons qu'elles le prioient d'expofer au Roi pour fléchir fa Majefté. Ce fut M. de Saci qui le dreffa. On y marquoit avec fimplicité 1°. que depuis la paix rendue à l'Eglife, jamais perfonne n'avoit fait aucu» ne plainte des Religieufes, ni de leurs Con» feffeurs. 2°. Que leur Supérieur, homme de mérite placé par l'Archevêque, avoit fait >> chez elles une vifite dans laquelle il n'avoit » trouvé rien à reprendre dans la conduite, » comme il l'avoit certifié à la fin de la vifite. 30. Que M. l'Archevêque lui-même n'avoit jamais fait donner aucun avis ni aux Religieufes ni à leurs Directeurs : ce qu'il n'au» roit pas manqué de faire, s'il y avoit eu lieu. Elles prient enfuite M. l'Archevêque de re» préfenter à fa Majefté que l'ordre de renvoyer » les enfans alloit à déshonorer & à perdre de réputation une Communauté entiere de bon. nes Religieufes, qui dès lors deviendroient fufpectes dans le public ou de vices fcanda

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Da leux, ou d'erreurs pernicieufes vu qu'oir fçait que la fuprême puiffance des Rois ne leur donne de pouvoir fur l'honneur & la » vie de leurs Sujets, qu'autant que ceux-ci » ont mérité par leurs crimes de perdre l'un ou » l'autre. Quant à ce qui concerne les Directeurs de P. R. que c'est aux Supérieurs Ec»cléfiaftiques à en connoître; qu'il y a des >> Canons dans l'Eglife, fuivant lefquels les » Prêtres doivent être jugés, fans qu'on foit > en droit de leur ôter leurs fonctions, s'ils ne » s'en font rendus indignes : qu'au furplus fa

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Majefté pourroit être touchée de compaffion » fi on lui représentoit combien il est dur à des » filles qui ont renoncé à tous les plaifirs » pour fe confacrer à Dieu, d'être privées de l'unique fecours qu'elles ont dans leurs Di»recteurs pour s'avancer dans les voies de la » piété, & d'être réduites à ouvrir leurs confciences à des gens qu'elles fçauront ne leur être → donnés que pour épier leur conduite & pour leur tendre des piéges, comme elles l'ont » déja éprouvé par le paffé.

Le Mémoire fut envoyé, & M. le Curé de S. Benoît écrivit le 23. à P. R. que M. l'Archevêque tenoit toujours ferme, mais: qu'il lui avoit promis de parler au Roi fuivant le défir des Religieufes. Il marque dans fa lettre que M. le Nain avoit été voir M. l'Archevêque pour fçavoir s'il falloit retirer fur le champ la petite Demoiselle Guignonville de P. R. & pour lui faire les excufes de M. de Tillemont qui n'avoit manqué de le faluer à P. R. que parce qu'il n'avoit point fçu fon arrivée. On fçut à P. R. le même jour que l'Archevêque avant que de parler au Roi, devoit avoir une conférence aux Grands-Jéfuites

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avec le Pere de la Chaife, & que huit jours
auparavant il avoit été aux Récollets, & que
le bruit couroit dans le Couvent qu'il devoit
mander fix des meilleures têtes de la Maison
pour conférer avec autant de Peres Jéfuites fur
ce qu'il y avoit à faire à P. R. Joignez à cela
que l'on envenimoit beaucoup les chofes dans
le public, & que des mal-intentionnés débi-
toient que M. l'Archevêque avoit trouvé so.
Eccléfiaftiques à P. R. & un très-grand nom-
bre de laïques. Il n'y avoit dans ce nombre de
so. qu'un zero de trop. Ainfi les apparences
n'étoient point du tout favorables, & l'on n'ef-
péroit rien. C'eft pourquoi on fe réduifit à
prier beaucoup & à vivre dans l'attente. On ne
laiffa pas de faire ufage de l'unique liberté qui
étoit reftée de faire des Profeffes. La Sour
Darie qui étoit prête, fit fa profeffion. La Mere
Angélique en fon particulier s'occupoit fuivant
le mouvement de fon cœur. Elle écrivit trois
belles lettres, l'une à M. l'Evêque d'Angers
où elle lui fait le récit de tout ce qui s'eft paffé,
& fe recommande à fes priéres. La feconde
eft adreffée au Pape, pour fe mettre fous fa
protection. Elle fait dans celle-ci de fort belles
applications de l'Ecriture Sainte. Ce fut M. de
Pontchâteau qui fe chargea de la porter à

Rome:

XXVII.

Après une courte félicitation à l'Eglise du digne Chef que le Seigneur lui a donné, elle Lettre de la fe jette aux pieds du S. Pere pour les arrofer Mere Angélide fes larmes, gémiffant fur le renouvellement que de S. Jean d'une perfécution qui dure contre le Monafté au Pape innore de P. R. depuis 40. ans. Elle représente à Sa Sainteté que depuis dix ans que la paix a été rendue à l'Eglife, les Religieufes de P. R.. fe font conduites de telle maniére qu'il n'y a

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» pas eu le moindre prétexte de les calomnier, » comme on avoit fait auparavant sur la doc» trine : qu'ainfi les défenses infamantes qu'on » leur fait aujourd'hui de recevoir des postu»lantes ou de prendre des penfionnaires, ne "font que l'effet d'une mauvaise volonté de » certains hommes dont l'Ecriture Sainte dit » qu'ils cherchent querelle à de bonnes gens » qui paffent leur chemin dans une grande fimplicité, eos qui tranfibant fimpliciter conver» tiftis in bellum : qu'il eft de la bonté du Pa»fteur commun de prendre dans fes bras & de » porter dans fon fein les agneaux & les brebis » foibles qu'on opprime; & que, quoiqu'il ne "s'agille point ici d'accufation fur la Doctri»ne, la charité & la puissance du Vicaire de Jefus-Chrift, qui n'eft point restrainte à ce » feul objet, encourage ces pauvres filles à folliciter fa protection: Tantummodò invocetur nomen tuum fuper nos: Aufer oppro brium noftrum: Qu'il nous foit permis feule>ment de nous couvrir de votre nom; daignez » lever l'opprobre dont on nous charge. >> Cette lettre fut bien reçue du Pape, & quelque tems après la Mere reçut un billet d'un ami réfident à Rome qui lui marque que dans l'audience qu'il a eue du S. Pere, il lui a témoigné beaucoup de compaffion pour leur fâcheux état : qu'il les exhorte à beaucoup prier, comme il faut toujours faire, & furtout pour certaines affaires aufquelles on ne voit aucun reméde de la part des hommes; parce que Dieu fe plait quelquefois à faire voir quòd eft Deus in Ifraël: qu'au furplus il ne voyoit pas préfentement qu'il y eût rien à faire: que S. S. avoit donné ordre qu'on examinât les Conftitutions de la Maison,& qu'on les lui préfentât traduites

enftalien qu'elle affuroit les Religieufes de fa protection, fuppofé que le Roi voulût entre-prendre quelque chofe contre leurs droits, où il auroit befoin du faint Siége pour la confirmation. Il y a auffi apparence que M. d'Angers avoit auffi recommandé au Pape les intérêts de la Maifon. On a un Bref du faint Pere adreffé à un Evêque, conçu en ces termes :» Notre Vénérable Frere, falut & bénédiction Apoftolique. Ce que votre fraternité nous » a mandé avec étendue fur la finguliére piété >> & l'excellente difcipline des Religieufes de >> P. R. de Cîteaux ne nous étoit pas inconnu. » C'eft pourquoi nous fommes difpofés à leur >> accorder de bon cœur tout ce que notre » amour paternel pourra contribuer à leur → avancement & à leur utilité.

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Un petit mot qu'on lit dans la lettre de l'a-mi de Rome, (apparemment M. de Pontchâteau) qui vient d'être rapportée, nous ap prend une anecdote que la Mere avoit pris la liberté de faire préfenter au Pape les Conftitutions du Couvent, pour tâcher d'avoir l'approbation du faint Siége. Il en a été question encore dans d'autres lettres poftérieures: mais l'affaire ne réuffit pas, les Romains n'ayant pas goûté l'article des dots. Ce n'étoit pas manque de bonnes raifons de la part de la Mere Angélique. Voici comment elle plaide facaufe. 1. La réception gratuite eft une chofe ordonnée formellement par les Saints Canons, & autorifée par une déclaration du » Roi qui défend d'exiger de l'argent. 2". L'Or» dre de Cîteaux mérite quelque exception, parce que rien n'eft plus recommandé par fon Saint Fondateur que l'amour de la pauavreté & la confiance en la Providence. 30.

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