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Autre lettre

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Port-Royal en particulier a une raison propre & perfonnelle d'exception, fçavoir, l'expérience de 70. ans du bien fpirituel & temporel qu'a procuré à la Maison son défintéreffement. Elle observe fort judicieusement que Dieu leur a accordé ce que lui demandoit Salomon, l'honnête médiocrité ; que quand on leur a donné beaucoup, elles n'ont pas » été plus riches, parce qu'elles ont fait plus » d'aumônes; & que quand on a voulu les 30 dépouiller de leur temporel, elles n'ont pas »été plus pauvres, la Providence leur ayant procuré des fecours inefpérés ; le monde. » étant auffi porté à donner aux vrais pauvres, qu'il eft fcandalifé de l'intérêt qu'il voit regner dans les Couvens. 40. L'expérience notoire du préjudice que porte au fpirituel de beaucoup de Couvens Favarice qui fe prati» que à ce fujet. » Ces raifons ne perfuadérent pas les Romains qui craignoient de condamner l'ufage des dots exigibles, reçu prefque.

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partout.

J'ai dit que la Mere avoit écrit en fon parXXVIII. ticulier trois lettres fur la crise présente : nous de la Mere avons vu les deux premiéres: la troifiéme eft Angélique de fans adresse, c'est-à-dire, fans nom de celui faint-Jean fur pour qui elle eft. On peut dire que cette excella préfente lente fille s'y furpaffe elle-même : j'en rappor terai la meilleure partie.» On ne croiroit pas,

perfécution.

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dit-elle, que les mêmes perfonnes (les Religieufes de P. R.) puiffent revoir deux fois pendant leur vie ce qui ne s'eft point vu dans I'Hiftoire pendant plufieurs fiècles. Cepen» dant de la maniére dont on s'y prend, ce qui fe paffe eft quelque chofe de plus extraordinaire que ce que l'on a déja vu ; & je ne. doute point que l'on ait deffein de le pouffer.

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» plus loin. Cependant on ne se met pas en pei-
»ne d'y chercher aucun prétexte. Car quand
» on parle d'un parti redoutable à l'Etat, c'eft
»fe jouer du monde qui ne croira pas que
» fous un Prince qui fait trembler toute l'Eu-
rope on ait à craindre les troupes
de nos pe-
» tits enfans & quatre ou cinq Prêtres qui con-
。 duifent une Communauté de Religieufes

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qui ne peut être terrible qu'au diable; par» ce que graces à Dieu elle est une armée bien rangée, l'union, la paix & la régularité s'y étant toujours maintenues depuis 62. ans

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qu'il y a que la feue Mere Angélique y a » établi la Réforme. Mais ce qui ne fe voit que » trop, quoiqu'on ne le dife pas tout haut, c'est » que cette affaire-ci eft l'effet du reffentiment » du Démon, qui ne fouffre pas qu'on veuille » le bannir du cœur d'une infinité de pécheurs » où il repofoit doucement à l'ombre des mé» chantes maximes qui affuroient leur conf»cience, & que le Pape vient de condamner dans les 65. propofitions : & ne fachant à qui s'en prendre, il a obtenu permiffion de s'en vanger fur nous, & il le fait. Mais nous espérons fort de la bonté de Dieu qu'en lui accor» dant cette liberté de nuire à nos biens, à no» tre maison, à nos enfans, & peut-être mê»me à nos corps, il aura mis la même condi» tion qu'il mit autrefois:verumtamen animam illius ferva.... Ne s'il vous plait, prenez pas, » pour une fimple conjecture ce que je vous dis, » que le Décret du Pape nous attire cette perfé>>cution. Cela fe fçait très-bien.... Le Prélatmême, le jour qu'il étoit ici, ne put s'empêcher de témoigner à une perfonne de fa » connoiffance que les Janfénistes avoient triomphé de ce Décret, & qu'ils l'avoient

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fait imprimer pour le répandre de tous côtés. On fçait que dans faint-Lazare où les » Ordinans fe préparent à la Prêtrife, ils firent » leur entretien avec joie de tout ce qui s'étoit paffé la veille dans la vifite de M. l'Archevêque à P. R. ajoutant qu'on fçavoit bien à qui >> l'on avoit affaire, & qu'on n'attribuoit nulle» ment au crédit de trois ou quatre Docteurs » de Louvain le fuccès d'une affaire de cette » importance, mais à la conduite & à l'adresse » des Janfénistes de France qui s'étoient servis » de leur nom pour fe mettre à couvert ; & ils >> difoient que c'étoit comme en avoit parlé le » Prélat. On pourroit bien demander encore quand ils s'imagineroient être bien fondés » dans cette penfée: Qu'est-ce que cela a de → commun avec des Religieufes qui n'ont ja» mais lu aucun Cafuiste, ni connu ces abominables maximes, & qui ne fe mêlent » demander à Jesus-Chrift dans leurs priéres que de » continuelles qu'il le faffe paroître l'Agneau de » Dieu en ôtant les péchés du monde, & en envoyant à fon Eglife plufieurs Pasteurs qui > imitent le zéle du faint Pape que Dieu nous a » donné, & qui prennent l'emploi qu'auront » aux derniers tems les Anges, d'ôter tous les » fcandales du Royaume de Dieu ? C'est-là ce qui fait notre crime, nous l'avouons ; & en » duffions-nous périr, nous dirons avec Sam» fon : Moriatur anima mea cum Philiftiim.

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J'efpére même que nous aurons de la joie de » voir périr notre Maifon pour un fi bon fujet, fi Dieu permet qu'on en vienne à bout. Car » on ne craint point les deffeins des hommes » quand ils ne fe rencontrent pas avec celui de >> Dieu ; & fi c'eft lui qui l'a ordonné, nous ne » contredirons pas aux paroles du Saint, &c. »

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Voilà comment penfoit cette grande ame. De tels fentimens annoncent une belle réfiftance.

XXIX.

dre donné aux

Le 28. Mai, les Meres donnérent à M. Hilaire, leur homme d'affaire, un Mémoire pour Mémoire des le diriger dans ce qu'il auroit à dire à M. l'Ar- Religieuses à chevêque, en réponse à l'ordre que le Prélat M. l'Archevêavoit fait donner à la Maison, de lui pré- que fur l'orfenter plufieurs Confeffeurs, parmi lefquels il Confefleurs & choifiroit celui qui lui conviendroit. Il eft à tous les Ecporté dans ce directoire qu'on repréfentera à cléfiaftiques M. l'Archevêque la rigueur d'un tel ordre qui de fe retirer. ôte irrévocablement aux Religieufes les perfonnes en qui elles avoient confiance: Qu'on ne comprend pas dans le monde combien cette peine doit être fenfible à des perfonnes qui font mortes à tout le reste : Qu'il n'est pas aisé aux Religieufes de trouver des Sujets qui remplacent les premiers, tant parce qu'elles n'ont que fort peu de connoiflances au dehors, que parce qu'elles craignent extrêmement de fe méprendre, après les horribles expériences qu'elles ont vues de ce qui peut arriver de la part des perfonnes qu'on ne connoit point affez, par ceux que feu M. l'Archevêque avoit mis à la Maifon; gens dont l'ignorance & la ftupidité étoient au-deffus de tout, & dont la vie étoit telle, du moins pour quelques-uns, que l'on fe referve, s'il le faut, à raconter les faits de vive voix, n'ofant pas les déposer fur le papier Qu'elles béniffent tous les jours la divine Providence de la protection miraculeufe dont elle affifta la Maifon pour la préferver des périls dont elle étoit environnée. M. l'Archevêque voulut garder le Mémoire, & dit que les Eccléfiaftiques de P. R. pouvoient ne fe point retirer, avant qu'il y en eût d'autres à. leur place; mais que la Maison pensât au plût

tôt à lui nommer des Sujets. Il demandoit qu'on lui préfentât une lifte de huit. Ceci n'étoit qu'une feinte, car le même jour un honnête Eccléfiaftique ayant été chez le Vice-gerent pour le prier de le préfenter à M. l'Archevêque pour une des places de P. R. celui-ci fit refus, difant que M. l'Archevêque vouloit connoître par lui-même ceux qu'il mettroit dans ces places, parce qu'il vouloit avoir des gens sûrs, par qui il pût favoir tout ce qui fe pafferoit dans la Maison, cela étant de la derniére importance.

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Je ne crois pas devoir avancer plus loin, fans obferver que le public étoit très-étonné de ce procédé de M. de Harlai qui auroit du ce femble, ou ne point maltraiter ainfi le Couvent de P. R. ou le protéger même contre fes ennemis, après la part qu'il avoit prife à la Paix de Clément IX. étant alors Archevêque de Rouen. Car ce fut lui qui en 1668. au mois de Décembre écrivit au Cardinal Rospigliofi pour certifier à la Cour de Rome que la déclaration de M. de Châlons fur la fincérité de la foumiffion des IV. Evêques étoit conforme à la vérité. Ce fut encore lui qui en 1675• obligea par ordre du Roi l'Evêque de Cou-. tance de fe contenter de la fignature dans le fens de la Paix de Clément IX. & dans le fens des IV. Evêques, de la part d'un Curé de fon Diocèfe, nommé M. Vibet. Cette fignature fe fit à l'Archevêché de Paris en présence de M. de Harlai & de l'Evêque; & M de Harlai en donna acte figné de fa main. Mais le caractére & la conduite toute politique de ce Prélat firent voir qu'il n'avoit point agi dans cette affaire avec la droiture dont il faifoit montre, & qu'il fe prêtoit fourdement à la mau

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