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XXII.

Religieufes au point qu'il fouhaitoit, de leur faire demander la tranflation. Mais il n'y réuflit point. Il fe fâcha beaucoup, parla bien haut, & ne conclut rien. Enfin il trancha l'affaire, & vint le Vendredi fuivant chaffer de haute lutte toutes les Religieufes, & les faire entrer dans des caroffes pour les faire conduire à la maison des Champs. Elles firent à l'ordinaire leurs proteftations contre la nouvelle violence qu'on exerçoit envers elles. Il en resta feulement douze que l'Archevêque retint de force. Mais ces derniéres, peu après, allérent auffi à P. R. à diverfes reprises.

Je continuerai le récit des événemens de P. R. depuis cette tranflation aux Champs, lorfque j'aurai fait la rélation des différentes captivités, c'eft-à-dire de l'état où ont été dans les maifons étrangères, les Religieufes qu'on y avoit enfermées l'année derniére 1664. Si j'ai différé jufqu'ici de le faire, c'est d'un côté pour ne point interrompre la narration de tous les grands événemens qui appartiennent à la Communauté entiére ; & de l'autre, j'ai voulu raffembler toutes ces différentes captivités, pour en donner le fpectacle tout de fuite. Il y a de quoi faire un livre entier, qui fera le fuivant. Avant que de finir celui-ci, il eft à propos de donner une idée des Ouvrages, c'est-à-dire des Ecrits qui ont été faits pour les Religieufes de P. R. en 1664. & 1665. C'est un point qui peut être intéressant pour une louable curiofité de quelques Lecteurs. Ceux qui n'auront pas de goût pour ces chofes pourront paffer l'endroit.

Deux fortes d'Ecrits ont été faits pour les Ecrits jufti- Religieufes de P. R. pendant la grande crife, ficatifs desRe- à laquelle elles fe virent expofées durant cos

deux années. Les uns étoient des Ecrits jufti- ligieufes. Exficatifs de la conduite de ces Religieufes au traits de çes tribunal du public. Les autres étoient des Ecrits. Ecrits inftructifs pour leur fournir des régles de conduite ou des fentimens de piété convenables à leur fituation. Voici ceux de la premiére claffe.

I. Les Imaginaires de M. Nicole, au nombre de dix, dont la premiére parut au come mencement de 1664. & la derniére à la fin de 1665. Il n'y en a qu'une des dix qui ait pour fujet principal les Religieufes de P. R. c'est la neuviéme. L'Auteur entreprend de lever le fcandale que plufieurs perfonnes, d'ailleurs défintéreffées, prenoient du refus fait par les Religieufes de la fignature, regardant leur conduite comme une défobéiffance, une rébellion, une opiniâtreté criminelle. Il y traite de la matiére de l'obéiffance aveugle, & prouve que quand il s'agit de fermer les yeux à l'amour propre, l'obéiffance aveugle eft une vertu mais qu'elle eft forte & criminelle, quand elle fait injure au prochain, ou qu'elle tranfgreffe la loi de Dieu. Il en fait l'application aux Religieufes de P. R. & montre leur innocence. Il fait enfuite l'examen de la conduite de la Mere Eugénie & des Filles de Sainte Marie, grandes zélatrices de l'obéiffance aveugle. Il releve les traitemens pleins de dureté que ces Filles ont exercés contre celles de P. R. pendant qu'elles avoient le gouvernement de la Maifon, & ce que les mêmes Filles de Sainte Marie, les Annonciades, les Urfulines, ont fait fouffrir à quelques-unes des Sœurs de P. R. reléguées chez elles. Les autres Lettres Imaginaires fervoient auffi indirectement à la juftification des Religieufes,

parce qu'elles traitoient des matiéres conteftées; pour lefquelles on les perfécutoit.

II. Mémoire pour les Religieufes de P. R. Il eft du 13. Juin 1664. Il étoit adreffé à M. de Péréfixe Archevêque de Paris, pour prévenir l'exaction qu'on ne doutoit point qu'il ne fit de la fignature auprès de ces Filles. On lui repréfentoit que puifqu'il n'y avoit ni loi ni raifons qui puflent induire à propofer à ces Filles la fignature du Formulaire; s'il l'exigeoit, on feroit en droit de penfer qu'il y au roit été pouffé par une infpiration étrangére, ou qu'il s'y feroit porté lui-même par une violente paffion de les perfécuter: que ces Filles ayant foufcrit en 1661. à la condamnation des cinq Propofitions, elles croyoient avoir fait tout ce qu'on étoit en droit de demander d'elles; enforte qu'elles efpéroient que M. l'Archevêque ne voudroit pas les inquiéter pour une nouvelle fignature.

III. Examen de la conduite des Religieufes de P. R. touchant la fignature du Fait de Janfénius, fuivant les Régles de l'Eglife & de la Morale Chrétienne. Les Religieufes avoient fait présenter à M. l'Archevêque le 5. Juillet, un grand Acte Capitulaire figné de toutes, dans lequel elles fe juftifioient de tous les reproches. qu'on leur faifoit, tant fur leurs fentimens. que fur leurs procédés. M. Chamillard & d'autres, dont la conduite ne paroiffoit pas dans ces actes fous un point de vue avantageux & honorable pour eux, voulurent perfuader aux. Religieufes qu'elles étoient obligées en confcience d'empêcher que cet acte & d'autres femblables, devinffent publics. On fit paroître à cette occafion le préfent Ecrit, où l'on montre: que rien n'eft plus injufte que de vouloir fer

mer la bouche à l'innocence opprimée, & de T'empêcher de donner des témoignages publics de fa foi, quand elle eft attaquée par des calomnies & des vexations publiques : & on faifoit voir que ce que faifoient les Religieufes, étoit dans l'ordre & conforme à toures les régles.

IV. Apologie pour les Religieufes de P. R. contre les injuftices & les violences dont on a ufe contre ce Monaftére. I. Partie. L'Auteur dans cette premiére Partie repréfente 1o. le défintéreffement, l'union, la charité & les autres vertus des Religieufes, auffi bien que le bon ordre de cette Abbaye, avant qu'on y parlât de la fignature. 2°. Le renverse ment & les défordres que l'exaction de la fignature y avoit caufés. 3. Que tout le crime de ces Religieses a été de ne vouloir pas parler autrement qu'elles penfoient, ni jurer ce qu'elles ne favoient pas ce qui fuffit pour faire connoître qu'elles n'ont été persécutées que pour la juftice. 4°. Que le dogme qui veut que l'on foit obligé de croire de foi divine le Fait de Janfénius, eft fi évidemment. faux & impie qu'il ne fe peut pas foutenir. 5°. Qu'encore que les Religieufes ne cruffent pas le Fait de Janfénius, même d'une foi humaine, après que M. l'Archevêque avoit ordonné qu'on le crût & qu'on le fignât, ce n'étoit ni entêtement ni défobéiffance dans ces Filles de ne le pas croire. 6°. Que l'opinion du P. Annat, qui prétendoit que la volonté commandoit à l'entendement, n'étoit recevable que dans ce qui appartient à la foi. 70. Que la régle générale par laquelle le même P. Annat établiffoit qu'il faut toujours obéir à fes Supérieurs dans le doute, même à l'égard du

Fait de Janféñius, eft fauffe. 8°. Que ce qu'on appelle opiniâtreté dans l'ufage du monde peut être un défaut, mais n'eft pas toujours un crime. 9°. Que le doute que les Religieufes de P. R. ont formé du Fait de Janfénius, n'eft ni opiniâtreté, ni imprudence, ni une chofe déraifonnable. 10°. Que la violence dont on a ulé pour le leur faire figner, n'étoit nullement propre à le faire croire. 110. Qu'il étoit au moins très-probable à ces Filles, qu'il n'étoit pas vrai que les cinq Propofitions fuffent dans Janfénius. 12o. Qu'il n'y a pas la moindre apparence d'erreur à ne le pas croire. 130. Que la fignature du Formulaire n'auroit pas été une preuve de la catholicité de ces Religieufes.

V. Lettre d'un Ecclefiaftique d'Alet, fur le fentiment de M. d'Alet touchant le refus de figner que font les Religieufes de P. R. Les Religieufes de P. R. avoient conçu une finguliére vénération pour M. Pavillon Evêque d'Aler, & une grande confiance dans fes avis. On les avoit quelquefois preffées pour la fignature par l'autorité de ce Prélat, qu'on favoit être grande dans leur efprit. On leur faifoit entendre qu'il n'approuvoit pas le refus qu'elles faifoient de figner. Ce fut pour les confoler, & pour inftruire le public de la vérité de la chofe, qu'on donna cet Ecrit, par lequel il paroiffoit que ce faint Evêque louoit la fermeté des Religieufes, approuvoit leur conduite, & étoit fenfiblement touché des véxations qu'on leur faifoit.

VI. Réflexions fur une déclaration de M. de Paris aux Religieufes de P. R. Dans la fuite de l'Hiftoile, on a fait mention de cette déclaration qu'on appelloit le Billet d'acquiefce

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