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il ne veut pas qu'aucune périffe; que vous rouvrirez la porte de la bergerie à plufieurs » d'entre elles que l'air du monde peut tuer, » fi elles ne trouvent une retraite ; & que Vous » ne permetterez pas que celles qui y font ren>> fermées y manquent de la nourriture fpirituelle qui doit les fortifier & les engraiffer. >> Car c'est votre intérêt, Monfeigneur, que l'augmentation de votre troupeau, & vous perderiez un grand fujet de confiance auprès de Dieu, fi vous fermiez la bouche à » plufieurs perfonnes qui pourroient fans cefle » le prier pour vous, & arrofer de leurs larmes

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tout le bien qui fe fait dans votre Diocèfe & » fous vos ordres. Car c'eft à quoi font obli»gées toutes les perfonnes de notre profeffion, » & particulierement celles de notre Inftitut. » La lettre eft datée du 6. Août 1680.

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Cette derniére réflexion fe trouve encore dans une autre lettre poftérieure: mais elle y eft tournée d'une autre façon, quoique dans le même goût d'une liberté refpectueufe. » Notre » falut,dit-elle, eft en la main de Dieu. Nous le >> lui demandons, Monfeigneur, & pour vous » & pour nous. Car nous avons befoin les uns » des autres. Pardonnez-moi une parole de liberté, que j'explique, s'il vous plaît, en ce fens, que comme nous ne pouvons être du troupeau de Jefus-Chrift qu'en vous rendant » la foumiflion & le refpect que nous vous de→vons en la place où il lui a plu de vous éle»ver, vous ne pouvez aufli exercer le minifté» re qu'il vous a confié, qu'en paiffant fes bre» bis & fes agneaux qui font toutes les richeffes des vrais Pafteurs ; dont la plus grande "joie fans doute eft de voir augmenter tous » les jours le nombre de ceux qui doivent être

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VII.

champ par la

Cour.

fauvés fous leur conduite; & de pouvoir le » promettre d'être aidés par leurs pénitences par lears priéres à fe fauver eux-mêmes » de tous les dangers aufquels leur charge & la » conservation du monde les expofe.

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A la fin du mois d'Août la Communauté qui avoit pris le nouveau Bréviaire de Paris, que M. de Harlai venoit de donner, lui présenta une Requête, ou après l'avoir remercié du préfent qu'il avoit fait à fon Diocèfe, on lui demande une grace qu'il foit permis de ne pas fuivre le rit du Bréviaire pour les Pleaumes propres à chaque fête de Saints; mais de dire tous les jours, fête ou non, les Pleaumes de la Ferie. Il y avoit déja longtems qu'elles avoient penfé à demander cette permiffion parce qu'elles défiroient fe conformer au chap. 18. de la Régle de faint Benoît, qui laiffant la liberté de fuivre telle diftribution des Pleaumes qu'on voudra, prefcrit de réciter tout le Pleautier chaque fenaine. La permiffion leur fut accordée au commencement d'Octobre.

M. l'Hermite étoit toujours feul à P. R. Bon Confef- mais le 14. Novembre M. l'Archevêque enfeur de P. R. voya un Ecclefiaftique, nommé M. le Moirenvoyé fur le ne, qui lui avoit été préfenté par M. le Curé de S. Louis en l'Ifle. Il eut une longue converfation avec ce Prêtre lorfqu'il lui donna fes pouvoirs en préfence du Curé de S. Benoît.Pour lui donner les inftructions néceffaires à la conduite de P. R. il lui détailla tous les griefs qu'il avoit contre la Maison : que ces filles avoient été conduites jufqu'ici par des perfonnes peu religieufes fur l'obéillance due aux Pafteurs: que c'est ce qui avoit foultrait les Religieufes à ce devoir que S. Benoît &

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S. Bernard néanmoins recommandent à leurs Religieux l'obéiffance prefqu'aven gle: que S. Bernard même vouloit qu'on » obéît lorfqu'il y avoit une opinion probable » pour le Supérieur: que par condescendance »l'ordre public avoir cédé à ces filles dans la » tems de leur révolte, mais qu'elles en » avoient fait trophée & qu'on trouvoit dans » leurs Apologies imprimées, les femences de cette indépendance. M. Grenet fit obferver à M. l'Archevêque que ces écrits étoient antérieurs au gouvernement de fa Grandeur. Le Prélat reprit & dit que toutes les Requêtes qu'elles lui avoient préfentées de tems en tems, reffentoient toujours le même efprit: qu'on affectoit de le confulter fur des bagatelles, mais que pour des chofes importantes on n'avoit aucune relation à lui : que les Religieufes faifoient courir le bruit que dans ce qu'il avoit fait l'année paffée, il n'étoit mu que par une baffe complaifance » pour le Roi, ce qui étoit faux ; & qu'il avoie cru tout cela néceffaire pour le bien spirituel de la Maison. » Après quoi il exhorta M. fe Moine à travailler ferieufement avec difcrétion cependant & modération, à ramener les efprits à la fubordination & à la dé, pendance. Cet Eccléfiaftique vint à P. R. qu'il trouva avantageufement prévenu en fa faveur, fur le bon témoignage que M. le Curé de S. Louis en avoit rendu, & de vive voir, & par une lettre écrite à la Maifon: on en fut aufli fort content & fort édifié.

Année 2681.

Mais ce contentement fut de courte durée.

Le 14. Février un Commiffaire vint à P.R. pour donner ordre à M. le Moine de fe tranfporter en Cour fur le champ, & d'aller fe préfenter à M.de Château-neuf Miniftre. Il monta à cheval, & partit avec le Commiffaire pour S. Germain. M. de Château-neuf le questionna sur plufieurs chofes, mais furtout fur l'envoi qui avoit été fait à Pamiers d'une fomme de 6000. liv. Alors fe paffoit la grande affaire de M. l'Evêque de Pamiers fur la Régale, dont cet Evêque comme plufieurs autres du Languedoc prétendoient leurs Eglifes exemptes. C'étoit s'expofer & fe rendre fufpect, que d'envoyer du fecours à cet Evêque difgracié. M. le Moine avoua le fait, & rendit compte trèsingénument comment la chofe s'étoit paffée : que c'étoit un de fes amis qui de fon chef & fans connoître l'Evêque de Pamiers, l'avoit prié d'envoyer cette fomme à l'Evêque, qu'il avoit appris être dans le befoin & forcé de fupprimer fon Seminaire faute de moyens. II refufa longtems de déclarer cet ami dont le Miniftre vouloit abfolument favoir le nom. Sur la parole que lui donna le Miniftre qu'il n'arriveroit point de mal ni à lui ni à l'ami, il le nomma. Selon les apparences c'étoit M. des Touches: car M. le Moine dit qu'il avoit fait cet ami à S. Ciran, où il l'avoit vu pendant quelques jours qu'il avoit paffés dans ce Monaftére. Or M. des Touches a demeuré plufieurs années à S. Ciran. M. de Château-neuf congédia M. le Moine, & le renvoya à M. l'Archevêque qui étoit à S. Germain. Celui-ci le reçut fort mal, difant qu'il l'avoit trompé, qu'il ne lui avoit pas dit qu'il avoit été employé à Alet dans la place de Supérieur duSeminaire ; qu'il lui défen doit de retourner à P.R,& lui or

VIII.

Lifte de tou

tes les Reli

donnoit de la part du Roi de fe retirer dans fon Diocèse. L'Eccléfiaftique obtint grace de l'Archevêque fur ce dernier article, mais à condition qu'il fortiroit du Diocèfe de Paris dans la huitaine & qu'il n'y rentreroit pas. Celui-ci écrivit à la Mere Abbeffe pour l'informer de ce qui étoit arrivé, & pour lui faire fes adieux. Ce ne fut pas fans de grands regrets de part & d'autre. Ainfi M. l'Hermite qui avoit ceffé de confeffer à l'entrée de M. le Moine, reprit le Confeffionnal, fe trouvant de nouveau feul & il refta ainfi feul pendant quelque tems. Le Curé de faint Benoît vint à P. R. au commencement de ce mois de Mai pour y faire quelque fejour. Il fit le treize Mai l'ouverture ques rafd'une vifite que la Maifon le pria de faire. femblées dans Elle ne finit que plus de deux mois après, le tréfor de P. parce qu'il fut obligé de l'interrompre pendant R. deux mois de maladie qu'il eut à la Maison. Pendant ce tems-là la Communauté reçut un préfent de dévotion fort du goût des filles de P. R. c'étoient des Reliques envoyéesd'Utrecht par M. l'Evêque de Caftorie, de Saints de fon Diocèfe, entre autres du célébre faint Boniface Apôtre de ces Provinces. Ce fut un furcroît de richeffes pour le tréfor de P. R. qui étoit déja très-riche en ce genre. Nous verrons à l'occafion de la mort de M. de la Potterie en 1670. que les Religieufes avoient conftruit dans leur Eglife du dedans une chapelle des Saintes Reliques, dans laquelle elles avoient raffemblé toutes les différentes Reliques, dont elles avoient une grande quantité, qu'elles révéroient avec une finguliére piété, & qui étoient leur recours ordinaire dans toutes les conjonctures fâcheufes où elles avoient befoin de confolation & de fecours du Ciel,

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