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Année 1683.

XV. Au commencement de cette année, la Maifon fit faire un autre pélerinage à la Merci- lerinages pour Différens péDieu pour y prendre des Reliques que M. Bour- laCommunaugeois, Abbé Commendataire du lieu, avoit té. apportées de Rome, & dont il vouloit gratifierP.R. Le même commiflionnaire qui fit ce pélerinage, alla à Notre-Dame de Chartres faire dire une Meffe pour l'acquit d'un vou fait pat

la Communauté dans le tems de la maladie de M. Hamon. Il alla auffi à Tours au tombeau de S. Martin pour implorer la protection du Saint fur la Communauté. Pendant ce temslà les Religieufes pour s'unir au pélerinage du dehors, faifoient de fréquentes Proceffions. C'étoit, comme nous l'avons vu, une dévotion fort du goût de ces pieufes Meres. Elles en firent encore plufieurs dans le même-tems en l'honneur de faint Yves au fujet d'un procès que le Couvent avoit avec le Curé de Magni pour les droits de Paroiffe. L'affaire fut jugée dans le mois de Mars, & les droits Paroissiaux furent adjugés à P. R. hors les Baptêmes & les Mariages qui furent laiffés au Curé de Magni. Le Curé ne fe rendit pas d'abord: car on voit qu'en 1686. il refufa pour parrein d'un enfant à baptifer uu domeftique de P. R. difant qu'ayant fait fes Pâques à P. R. fa Communion étoit nulle, & que d'ailleurs M. l'Archevêque lui avoit défendu de communiquer avec qui que ce fût de P. R.

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La Mere Angélique ne perdant pas de vue l'affaire du Confeffeur qui ne finiffoit point, ni l'état en général de la maifon, ne manquoit aucune occafion d'en faire reffouvenir M. l'Ar

XVI.

La Mere Anque preffe

M. l'Archevêque pour le

Confeffeur, & chevêque. Elle lui écrivit à Pâques pour l'inpour la per- former du gain du procès, & pour lui réitémillion de fairer les offres que la Maifon avoit faites de rere des Novi cevoir trois autres Religieufes de Lieffse qui ne

ces.

fe trouvoient pas bien dans leur maison : & tout de fuite elle toucha les points critiques. Elles les amene dans fa lettre fort fpirituelle ment. Les Evêques font l'image de Jefus Chrift reffufcité: c'eft pourquoi on demande à l'Archevêque la paix que Jefus-Chrift reffufcité donna à fes difciples: on croit mériter la paix pour foi-même, quand on la procure aux autres: on l'offre en particulier pour les bonnes filles de Lieffe. Sur la fin de la lettre, la Mere propofe un Sujet qu'elle croit convenable pour la place de Confeffeur. Nouvelle tentative pareille à la fin de l'année dans une autre occafion. Le Roi s'étant défifté du deffein qu'il avoit eu de prendre quelques bois appartenans à P. R. la Mere écrivit des lettres de remerciement à M. de Louvois, & enfuite à M. l'Archevêque, voulant bien fuppofer que le Prélat les avoit aidées de fa protection dans cette affaire. Elle lui marque qu'un autre bien beaucoup plus confidérable les touche, favoir, ce que demandait Abraham quand il difoit : Prenez tout, mais donnez-moi les ames. Elle follicite donc le rétabliffement de la maifon dans le droit de procurer le falut à des filles en les recevant à la profeffion. Elle ne parle plus de Confefleur, parce que deux mois auparavant M. Euftace dont il a été parlé ci-deflus avoit été enfin agréé par M. l'Archevêque pour Confeffeur, & étoit établi à P. R. en cette qualité. Quant à la réception des filles, on eut en ce tems-là une petite confolation. Madame la Ducheffe de la Feuillade,autrefois Ma

demoiselle

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demoiselle de Roannes dont il a été parlé ailleurs,avoit laiflé,comme nous l'avons vu, 3000. liv. pour la dot d'une Sœur Converse qui tiendroit dans la maifon la place qu'elle-même, Ducheffe, auroit du y occuper, fuivant l'obli gation d'un vou qu'elle avoit fait de fe faire Religieufe, & auquel elle avoit contrevenu en fe mariant. Le Duc fon mari en conféra avec M. l'Archevêque. Celui-ci demanda au Roi fi on pouvoit exécuter le vœu. Sa Majefté le permit, pourvu qu'il y eût à P. R. quelque place vacante par mort. Le Prélat confentit donc à la chofe; & les Religieufes craignant les fuites d'un délai qui auroit pu amener du changement, fe prefférent de confommer l'affaire, & firent prendre l'habit à une Sœur Juftine qui étoit toute éprouvée, laquelle fit sa profeffion au bout de l'année.

Année 1684.

XVII.

Cette année commença par deux pertes très-fenfibles à la Maifon; celle de M. de Mort de M. Saci, mort à Pomponne le quatre Janvier, & de Saci, de la Mere Angélicelle de la Mere Angélique de faint-Jean que de faint. Abbeffe, morte le 29. du même mois. Une jean & de M. troifiéme mort affligea encore beaucoup les Grenet SupéSœurs : : ce fut celle de M.de Luzanci qui arriva rieur. le 10. Février. Le récit de ces trois morts fe trouvera plus bas dans la lifte des personnes mortes tant du dedans que du dehors. Le jour même que la Mere Angélique mourut, la Me re Prieure écrivit à M. l'Archevêque pour luiannoncer cette mort, & en même-tems pour lui demander fon agrément pour faire l'élection fous la préfidence de M. Euftace qui étoit fur les lieux. L'Archevêque l'accorda, & enTome II.. Bb

voya fon Secrétaire pour affifter à la cérémonie. Elle fe fit le deux de Fevrier après la Messe de Primes où toutes les Sœurs élifantes communiérent. Ce fut la Mere Prieure, Marie-Madeleine du Fargis, qui fut élue. La nouvelle Abbeffe nomma quelques jours après la Mere Agnès de fainte-Thécle Racine Prieure.

La femaine de Pâques M. Grenet Curé de S. Benoît, fut attaqué d'un gros rhume auquel fe joignit le lendemain une forte fiévre. Comme le danger fe déclara bientôt, on penfa par avance qui on pourroit demander pour Supérieur, le Curé venant à manquer. Avant que

de rendre compte des démarches l'on fit,

que

je rapporterai une précaution que prit de fon côté le bon Curé, qui fentit bien qu'il ne releveroit pas. Il écrivit une lettre à M. de Harlai pour la justification des Religieufes de P. R. Elle eft longue & parfaitement belle. Il y a bien de l'apparence que fon intention étoit qu'elle fut rendue à l'Archevêque après la mort. On ne fait pas fi cela fut exécuté. Quoiqu'il en foit, elle mérite de trouver ici fa place, aumoins par extrait. Il dit qu'étant prêt d'aller rendre compte à Dieu de toute la conduite, il croit devoir auffi rendre compte à son Ar» chevêque de l'exercice d'une charge qu'il te>> noit de lui & de fon prédéceffeur; fçavoir, la fupériorité du Monaftére de Port-Royal des » Champs; qu'il a pris la conduite de cette » Communauté au commencement d'une paix, » à laquelle le Prélat a concouru & qu'il la » laiffe au commencement d'une perfécution à » laquelle il fouhaite que le Prélat n'ait point » de part: Qu'ii fe croit obligé en mourant de » lui rendre témoignage de la parfaite inno» cence tant des Religieufes que de leurs Ec

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cléfiaftiques fur tous les points fur lefquels on les calomnie: Qu'il n'y a point de Reli»gieufes plus régulieres pour les devoirs de » leur état, plus capables d'élever les en» fans, plus irréprochables en tout point: Qu'elles attendent depuis longtems quelqu'adouciffement de celui qui peut le leur donner; & qui le doit comme étant leur Pe»re, leur Pasteur, & comme s'étant toujours » dit leur ami: Que s'il est excusable d'avoir » été lui-même le porteur d'ordres très-rigou>> reux dans les premieres impreffions qu'avoit » pu faire la calomnie fur fon efprit, il fe per» droit d'honneur & devant Dieu & devant les » hommes, s'il ne venoit au fecours de ces » pauvres affligées, & donneroit lieu de croire qu'il eft d'intelligence avec leurs ennemis : Qu'il eft intéreffé pour ce monde-ci & pour » l'autre à faire cefler au plutôt le bruit qui >> commence à courir , que c'eft lui-même » qui travaille à difperfer & livrer le troupeau, » lui qui devroit être prêt à donner son sang » pour le délivrer, &c.

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J'ai dit que les amis de la Maifon prirent les devans pour procurer aux Religieufes un bon Succeffeur du Curé de faint Benoît, dès qu'il auroit les yeux fermés. M. le Duc de Roannès voulant bien fe charger de voir M.. l'Archevêque, & de lui propofer trois perfonnes fur qui on avoit jetté les yeux, M. l'Abbé de Lamet, M. de Chassebras & M. le Curé de faint Louis. Ils furent rejettés; le premier parce qu'il étoit parent du Cardinal de Retz; le fecond, parce qu'il avoit fervi le même. Cardinal; & le troifiéme, parce qu'il l'avoit trompé au fujet de ce M. le Moine qui avoit été quelques mois Confeffeur de P. R. Les

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