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fur la tombe du cœur de la Mere Angélique qui étoit au haut du Choeur; pendant qu'au Chapitre on lifoit le Nécrologe qui ce jour-là étoit de la Mere Angélique. S'y étant mife à genoux profternée, & faisant sa priére en cet état, elle fut fur le champ fi parfaitement guérie, qu'elle fe releva aifément fans appui & fans bâton. Elle le laiffa fur la tombe & s'en alla d'un pied ferme au Chapitre où les Sœurs qui achevoient l'Office, furent dans la derniére furprife de la voir. Sur le champ on entonna le Te Deum. La guérifon s'est toujours foutenue depuis aufli parfaite.

Deux célébres Médecins ont donné leur attestation où ils reconnoiffent le furnaturel de la guérifon. Voici comment M. Hecquet, l'un de ces deux Médecins, s'explique en finiffant fon certificat: » Les circonftances de » la maladie, tant de remédes tentés inutile»ment, le parfait rétabliffement où on la voit aujourd'hui, & dont le monde eft té» moin, enfin l'inftant qui a fuffi pour faire »ce que fept mois de remédes n'avoient pu → commencer nous font reconnoître ici le doigt de Dieu, qui n'avoit rendu nos remédes inutiles, que parce qu'il avoit refervé cette guérifon à l'interceffion de la Mere Angélique. C'eft le témoignage que ma confcience m'oblige de rendre à la vérité de » ce miracle. Signé Hecquet. Le 31. Août 1689. Le fecond Médecin eft M. Dodart Médecin de la Princelle de Conti, qui avoit vu la malade devant & après fa guérifon. 11 finit ainfi fon certificat: » Vu toutes ces circonftan

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ces, je fuis obligé d'avouer que je ne con» nois rien dans la nature, qui puiffe expli5 quer un événement accompagné de toutes

» ces circonftances ; & qu'ainfi je ne puis le » confidérer que comme un effet miraculeux

de la Toute-puiffance de Dieu obtenu par la » foi qu'il 'a donnée à ces bonnes Religieufes » par l'interceffion de fa fervante. Le 29. Jan»vier 1690. Signé Dodart.

L'Acte que la Communauté en fit au bout de huit mois, le 17. Avril 1690. finit d'une maniére très-édifiante. » Nous n'avons jamais » souhaité de faire savoir dans le monde ce » miracle que Dieu a fait pour notre confola» tion: mais nous nous fommes crues obligées » d'y rendre le préfent témoignage que nous fignons toutes, comme étant très-véritable; & laiffant l'acte que nous en dreffons pour » une marque de notre gratitude envers Dieu » & envers notre Mere, qui nous témoigne

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encore après la mort le foin qu'elle prend de » fes filles. Nous ne ferons aucune avance pour » la vérification de cette merveille; mais nous

croirions manquer à notre devoir fi nous » n'en laiffions cette reconnoiffance à la postérité, & pour le tems qu'il plaira peut-être » à Dieu pour fa gloire manifefter celle de fa » fervante. » L'acte eft figné de quarantehuit Religieufes.

Année 1691.

XXI.

tits événe

mens.

En Janvier Madame Hippolite morte à Pomponne, fut apportée à P. R. par les or- Plufieurs pødres de la famille de Pomponne, & préfentée par M. Ravechet Précepteur de M. l'Abbé de Pomponne, qui fit l'éloge de la défunte. C'est ce même M. Ravechet qui eft devenu fi célébre par l'acte d'Appel de la Sorbonne de la Bulle Unigenitus en 17178

ce Docteur étant Syndic de la Faculté.

Année 1692.

Cette année P. R. perdit l'illuftre Mademoiselle de Vertus. Son cœur fut porté à Malnoue dont Madame fa four étoit Abbeffe.

s-là

Les Religieufes crurent dans ce tems-1 avoir une raifon décifive à propofer à M. l'Archevêque, pour obtenir de lui la main-levée de la défenfe faite en 1679. de recevoir des Novices. Nous avons vu qu'alors l'Archevêque avoit déclaré que cette défense ne subfifteroit que jufqu'à ce que la Communauté fut réduite à so. Religieufes. Or en cette année 1692. la réduction à 5o. fe trouvoit faite & au-delà par toutes les morts qui étoient arrivées dans l'intervalle. La Communauté préfenta au Prélat une Requête qui concluoit à ce que la raifon de la défense ne fubfiftant plus, la défenfe fût levée conféquemment, & la liberté rendue de recevoir des filles à profeffion. L'Archevêque répondit la Requête par un nouveau fubterfuge, difant que le Roi comprenoit aufli les Sœurs Converses dans le nombre de so. auquel il vouloit réduire la Communauté, & que fi l'on comptoit les Converses, le nombre des Profeffes furpaffoit encore de beaucoup celui de so. Que dire à cela & que faire Garder le filence & prendre patience. Auffi c'eft ce que l'on fit.

Année 2693.

L'élection fe fit à l'ordinaire le jour de la Chandeleur, & la Mere Ste-Thécle fut continuće.

M. de Pomponne avec fa famille, le Marquis, l'Abbé, &c. vinrent le 16. Novembro pour le fervice qui fut célébré pour le Chevalier de Pomponne mort à Mons. Il eft remarquable que M. de Pomponne ne manquoit point de venir à P. R. autant de fois qu'il y avoit ou enterrement ou fervice pour quelqu'un de fa famille; ce qui eft arrivé plufieurs fois depuis fa difgrace de la Cour

en 1679.

Année 1694.

Le 16. Mars la Mere Abbeffe écrivit à M. l'Archevêque pour le remercier de ce que la Maifon n'étoit taxée au Clergé qu'à 21. liv. dequoi elle fuppofoit qu'on avoit l'obligation à la bonne volonté du Prélat : elle finit fa let tre par le refrain ordinaire, que c'est ce qui donne lieu d'efpérer qu'il voudra bien étendre fa protection fur des chofes qui intéreflent encore plus la Maifon, que le temporel elle fouhaite que Dieu en infpire la bonne volonté à fa Grandeur.

Sur la fin d'Octobre & au commencement de Novembre la Maifon reçut deux vifites de conféquence. L'une de Madame la Princeffe, qui vint fans être attendue & fans autre compagnie qu'une Demoifelle & fon Ecuyer dans deux caroffes à fix chevaux. L'autre eft tout d'un autre genre; c'eft le cœur de M. Arnauld mort le huit Août hors du Royaume, lequel fut apporté par Madame de Fontpertuis & deux Eccléfiaftiques, M. Erneft Chanoine de Bruxelles, & M. des Effartz. Celui qui étoit le porteur de la précieufe dépouille fit une petite harangue en la préfentant, à la louange

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de l'illuftre défunt, qu'il compare à Moïfe par ce trait fingulier, que l'un & l'autre font » morts hors de la patrie, & que le tombeau » de l'un & l'autre eft ignoré. » M. Euftace répondit & témoigna la vénération que la Maifon avoit pour ce cher dépôt, & la joie qu'elle reffentoit de le pofféder. L'année fuivante à pareil jour les Religieufes célébrérent un fervice pour cet incomparable Docteur auquel toute fa famille aflista.

Année 1695.

Sur la fin de l'année précédente M. de la Grange ayant été pourvu de la Cure de Villersle-Bel, ne put pas continuer les fonctions de Supérieur de P. R. Ainfi l'on penfa à en demander un autre. On propofa à M. l'Archevêque M. du Tronchai, Chanoine de la fainte Chapelle. M. Racine alla voir M. l'Archevêque, & en conféra avec lui. L'Archevêque demanda du tems pour s'informer de ce qu'étoit ce Monfieur. Il en parla à M. l'Abbé Dongois, qui lui dit toute forte de bien de fon confrereM. du Tronchai; mais il ajouta qu'il étoit perfuadé que jamais il n'accepteroit la place. En effet le vertueux Chanoine, à qui on communiqua les vues de P. R. fur lui, s'en défendit fortement, & déclara qu'il ne pouvoit point accepter l'honneur qu'on lui faifoit. M. de Tillemont qui lui avoit écrit à ce sujet, ne réuffit point à l'engager dans la bonne œuvre. La Communauté le tourna d'un autre côté, & fit propofer M. de la Barde Archidiacre de Notre-Dame & M. le Caron Curé de faint Pierre-aux-Boeufs. M. Racine fe chargea de la commiffion auprès de M. l'Archevê

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