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vole. C'étoit une Déclaration du Roi qui pa rut alors, laquelle donnoit aux Eccléfiaftiques & aux Religieux la faculté de rentrer dans leurs biens aliénés, en payant le huitiéme denier; ce qui n'avoit nullement trait au cas des Religieufes de Paris. Car un partage fait entre deux Communautés Religieufes, ou plutôt entre deux Maisons d'une même Communauté, n'est pas ce qu'on appelle aliénation. Elles furent donc déboutées de leur demande, & condamnées aux dépens, par Arrêt rendu à l'audiance le 22. Février 1703.

XXIX. Pour dédommager le Lecteur du grand vuide Réglement que laiffe l'Hiftoire pendant ces neuf années dep. R. Pour depuis 1696. jufqu'en 170s, je l'entretiendu Cérémo- drai des ufages de cette fainte Maifon tant nial.

l'office,extrait

pour le culte Divin, que pour les obfervances du cloitre. Si les actions édifiantes des membres nous manquent, nous nous édifierons de la conduite générale du Corps. Ce que je préfenterai au Lecteur, eft l'extrait du Cérémonial de P. R. & des Conftitutions de ce Monaftére. Je ne rapporterai que les chofes les plus remarquables. Commençons par le Céré

monial.

Les Matines fe difoient à deux heures après minuit. En été elles étoient fuivies deLaudes.En hiver les Laudes se disoient à fix heures. On fe couchoit après Matines. La premiére Meffe, quand il y en avoit deux, fe difoit à la fuite de Laudes en hiver; pendant laquelle fe faifoit l'Oraifon qui duroit une demi-heure foit qu'il y eût Meffe ou non. Puis on récitoit Prime, à la fin de laquelle on alloit au Chapitre, pour l'Office qu'on appelle du Chapitre. Après la lecture du Nécrologe on disoit l'Oraifon pour la perfonne nommée. Cette prière

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fpéciale pour un particulier nommé dans le Nécrologe devoit le continuer pendant un fiécle. Le Chapitre des Coulpes fe tenoit une ou deux fois par femaine, les jours que l'Abbeffe Jugeoit à propos.

Tierce & la Mefle de Communauté à neuf heures. Il y avoit toujours, autant que cela fe pouvoir, quelque communiante à chaque Meffe. La plupart des Religieufes étant toujours en état de s'approcher de la fainte Table, la Prieure marquoft fur le tableau de la Communion celles qu'elle choififfoit pour cette picufe action. Toutes les autres qui avoient dévotion de Communier, fe faifoient marquer." Le jour de Noël à la Meffe de minuit, le Célébrant alloit Communier les malades dans leur lit après avoir communié le Chœur. On les Communioit auffi tous les quinze jours, dans un tems où toute la Communauté pou voit y affifter. Les Religieufes avant que de recevoir la fainte Hoftie, fe profternoient & difoient: Approcherai-je de mon Seigneur, mot qui ne fuis que cendre & pouffiere?

Les Dimanches, les Fêtes & les Jeudis, il y avoit après la Meffe, & de même après Vêpres, ce qu'on appelloit l'Adoration. C'étoit une Antienne au faint Sacrement, & la bénédiction du faint Ciboire. Sexte fe difoit un quart d'heure devant onze heures, fuivie d'un examen qui duroit l'efpace de deux miferere. Le réfectoire étoit à onze heures. Il étoit fervi entiérement en vaiffelle de terre. S'il y avoit des pénitences impofées, elles fe faifoient après le benedicite, la Communauté étant affife avant qu'on dépliât la ferviette, & que ture commençât. Les Pfeaumes qu'on récitoit après graces, en allant à PEglife, varioient

la lec

felon les tems. Aux grandes Fêtes on prenoit des Pfeaumes propres à la fête. La Conférence fe faifoit après le dîner, mais non pas tout de fuite: c'étoit depuis une heure jufqu'à deux. Chacune avoit la liberté de parler, de faire quelque queftion à laPréfidente pour s'inftruire. Ordinairement la Mere entretenoit les Sœurs de quelque hiftoire, ou autre chose édifiante. Enfuite chacune fe retiroit dans fa cellule pour la méridienne qui étoit d'une demi-heure. Elle n'avoit lieu que depuis Pâques jusqu'à la fainte Croix.

None fe difoit à deux heures, & Vêpres à quatre. Lorfqu'il y avoit Sermon, il fe faifoit avant Vêpres. Pendant le Sermon toutes les Religieufes étoient affifes fur des bancs devant la grille; & pour n'être point vues des féculiers, elles tiroient devant la grille un rideau de toile noir qui les cachoit à une certaine hauteur. Complies fe difoient à fix heures trois quarts. Avant Complies , on faifoit dans le Choeur une lecture d'une demi-heure, & après Complies un examen de deux Miferere. On fe couchoit à huit heures.

Tous les Jeudis, fi ce n'eft qu'il y eût une fête double, on faifoit l'Office du S. Sacrement: mais c'étoit toujours les Pleaumes du. jour qu'on difoit. Tous les Vendredis après la Meffe, on faifoit une prière à la Ste Epine : certains jours de l'année, on en faifoit une aux Stes Reliques.

Outre les Proceffions ordonnées dans le Diocèfe, les Religieufes en avoient plufieurs de dévotion très-folemnelles, le jour de NotreDame de Monferrat, parce qu'elles étoient aggrégées à la Confrerie de ce nom:le jour de l'Inftitut du faint Sacrement établi à P. R. le

jour de leur réunion en 1665. de leur rétabliffement en 1669, &c. Et de plus tous les Samedis des quatre-tems, pour demander à Dieu fes graces pour ceux qui reçoivent les Sts Ordres. Dans certaines occafions pour les be foins publics ou particuliers, ciles faifoient des neuvaines de vœux, c'est-à-dire, des priéres, & mêmes des proceflions pendant neuf jours.

A la fin de chaque mois en fortant de l'Office chacune tiroit le Saint du mois. La Sacriftine fe tenoit à la porte du chœur, portant un panier rempli de petits bulletins ou étoient les noms des Saints ; & chaque Sœur en paflant prenoit celui qui lui tomboit fous la main. Aux grandes fêtes on tiroit autre chofe à la Touffaint, les huit beatitudes; à l'Afcenfion, les myftéres de la vie de JefusChrift: à la Pentecôte, les dons du Saint-Elprit, &c.

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L'affiftance du faint Sacrement nuit & jour, confiftoit en ce que deux Religieufes étoient en priére devant le faint Sacrement durant une demi-heure dans le jour, & durant deux heures pendant la nuit. Celles qui fouhaitoient faire la veille de la nuit, fe marquoient fur une table & la Prieure choififfoit celles qu'elle jugeoit à propos.

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Le Vendredi-faint on jeûnoit au pain & à l'eau. On alloit pieds nuds à l'adoration de la Croix, auffi-bien que le jour des Cendres, pour recevoir des cendres. Les douze Sœurs à qui la Mere lavoit les pieds le Jeudi-faint ne devoient point laver elles-mêmes leurs pieds avant la cérémonie.

Les priéres de quarante-heures qui fe faifoient en certaines rencontres entre autres.

dans les tems d'élection d'Abbeffe, le faifoient devant les faintes Reliques qui demeurolent exposées à la Chapelle où elles étoient placées. Le faint Sacrement n'étoit pas expofé fréquemment à P. R. parce qu'on croyoit que d'en agir ainfi, c'étoit chofe plus conforme à l'efprit de l'Eglife.

Lorfqu'on adminiftroit une Sœur malade, toute la Communauté s'y trouvoit. On y portoit le Cierge Pafcal; & lorfqu'on adminiftroit quelqu'un du dehors, la Communauté étoit en prière dans le Chœur pendant tour le tems que duroit la cérémonie. Les priéres des Agonifans fe difoient aufli dans le Choeur par la Communauté.

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Au moment qu'une Sœur étoit morte y avoit jour & nuit deux Sœurs au tour du corps qui récitoient le Pfeautier. Lorfque les prières qui précédent l'inhumation étoient achevées, toute la Communauté le profternoit & disoit tout haut: Miferere, Domine, fuper ifta peccatrice, ou peccatore; Faites mifericorde, Seigneur, à cette péchereffe, ou à ce pécheur : enfuite on defcendoit le corps. Les Religieufes étoient enterrées découvertes. Elles n'avoient point de biere, mais le corps étoit placé fur un ais, auquel il étoit attaché avec des bandes à certaines diftances. On fai→ foit pour chaque Religieufe un Trentin, c'eftà-dire, des priéres communes durant les trente jours qui fuivent le décès. Tous les jours on alloit en proceffion à la foffe ; & la portion de la défunte étoit fervie au réfectoire, & enfuite diftribuée aux pauvres. On faifoit auffi pour chaque défunte la cérémonie de la miféricorde auffitôt après la mort : cela confiftoit en ce qu'une Soeur à genoux dans le Chapitre de

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