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baffe idée de sa vertu infinie. Une miette de ee Pain feroit capable de nourrir un monde entier.

Toute l'Eglife eft fanctifiée par le Corps de p. 236. Jefus-Chrift qu'elle reçoit. Qu'importe, pour ainfi dire, par quelle porte il est entré, fi c'eft auffi pour moi qu'il eft entré? Je n'en jouis pas moins. Tout ce qui eft à l'Eglife eft à nous..... Les vertus de nos freres, fi nous les aimons, font nos vertus..... Nous communions donc en effet lorfque nos freres com

munient.

A toutes ces réfléxions de M. Hamon, j'ajouterai celle-ci qui eft de M. Arnauld, dans une Lettre qu'il écrit à une Sœur de P. R. à ce fujet : » Nul homme ne peut nous ravir » la charité, qui eft ce qui nous rend vrai»ment Chrétiens; deforte que fi une Sainte

ofa bien dire autrefois que fi on faifoit violence à fon honneur, elle en feroit plus chafte devant Dieu ( caftitas mihi duplicabitur) vous pouvez dire auffi que fi on vous prive par force de la participation à la chair de Jefus-Chrift, vous y participerez plus divinement, parce qu'il vous comblera plus → abondamment de fon Efprit en recompenfe de votre fidélité. »

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V. De la difperfion & Séparation.

Notre maison n'eft que comme notre manreau qui nous couvre au-dehors..... Les Sacremens nous étoient quelque chofe de plus intime que notre maison..... C'étoit, fi vous vou lez, notre robe. Si après nous avoir pris cette robe de falut, on veut encore prendre notre manteau, nous n'avons qu'à nous tenir aux

s. Agnès.

P. 262

263.

p. 269.

P. 276.

279.

termes de l'Evangile: Si quelqu'un veut vous prendre votre robe, laiffez-lui encore emporter

Votre manteau.

L'union des cœurs n'eft point empêchée par la diverfité des lieux... L'intervalle qui eft entre les cordes d'un Luth, n'empêche pas qu'elles ne raifonnent & qu'elles ne concourent ensemble pour former l'harmonie. Quand ces cordes ne font pas tendues, & qu'elles s'entre-touchent, ou que n'étant pas fur le Luth elles font pliées enfemble, on peut dire que dans cette grande union, elles n'en ont plus aucune pour la mufique..... Il faut donc les féparer pour les unir; & c'eft cet éloignement & cette jufte proportion qu'on leur donne, qui les rend capables de produire cette belle harmonie.

Dieu nous ôte tout, afin de nous faire méprifer tout..... Plufieurs qui auroient été vaincus dans leur maison, deviendront victorieux hors de leur maifon..... Saint Augustin nous apprend que le Démon qui avoit vaincu Adam dans le Paradis terreftre, a été vaincu par Job fur fon fumier.

On fait à préfent une efpéce d'idole de l'intérêt des Communautés. On croit qu'il y a de la vertu à faire tout pour la confervation d'une maison. Ce que nous ne croyons pas pouvoir faire pour nous, nous croyons le pouvoir faire pour elle..... Toutes nos cupidités nous paroiffent innocentes, lorfqu'elles vont fe perdre dans cette grande mer qu'on appelle l'intérêt de la Communauté..... La meilleure fatisfaction pour réparer un tel' fcandale, c'eft la difperfion..... Nous en voyons qui aiment leurs maifons jufqu'au mépris de Dieu; que devons-nous faire, finon d'aimer Dieu jufqu'au mépris de notre maison ?

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Ce feroit un embarras, d'être avec toutes les perfonnes de fa connoiffance toutes ensemble outre que cela ne fe peut pas : nous ne les voyons que les unes après les autres. A préfent que notre conversation eft devenue toute fpirituelle, nous pouvons nous trouver toutes enfemble. Il y en a toujours quelqu'une avec nous, qui pense à nous, & qui prie pous nous... Celles même que nous ne connoiffons pas & que nous n'avons jamais vues, & qui font leur caufe de la caufe de Dieu, nous voient devant Dieu, & nous confolent par leurs priéres..... Mais que notre vue eft bornée de ne voir que les Saints de la terre qui s'intéreffent pour nous ? Si nous avions les yeux invifibles de la foi, nous nous verrions environnés de toute la milice du ciel : les collines qui environnent notre maifon, nous paroîtroient couvertes de chariots de feu pour notre défense. Les Saints du ciel honorent en nous la Croix de J. C. Ils fe réjouiffent pour nous,

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VI. De la privation de la Meffe, & de la néceffué d'un facrifice perpétuel pour les perfonnes qui font fincèrement à Dieu.

P. 291.

Nous coopérons avec le Prêtre, en offrant p. 329. & avec lui Jefus-Chrift..... Que perdrai-je, s'il 330. n'est pas en mon pouvoir d'affifter au Sacrifice dans le lieu particulier où J. C. eft offert par le Prêtre, lorfque je fçais qu'on l'offre par toute la terre? J'y affifte en efprit; je trouve les autels de toutes les Eglifes qui font pour moi. Quand on a l'autel de J. C. dans le cœur, on les a tous.

Nous offrons ce facrifice fans espéces & fans p. 333. autel matériel. Mais il n'y a pas non plus

140.

P. 344.

357.

P. 359.

d'autel ni d'espéces dans le Ciel, où J. C. eft: offert avec plus de perfection.

VII. De la privation du Viatique..

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C'eft un grand abandonnement de se vorr réduit à mourir fans Viatique..... Nous éprou vons quelque chofe de semblable à ce faint abandonnement que Jefus-Chrift éprouva luimême à la Croix, lorfqu'il dit: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ! ... Mais comme certainement il n'étoit pas abandonné, & qu'il étoit intimement uni à fon Pere dans fon plus grand abandonnement, ચ્ eft certain qu'il ne nous abandonne pas à la mort, qu'il nous y protége d'une manière toute particuliére.

Si vous me privez de mon Viatique, la vé rité fera mon Viatique, la juftice fera mon Viatique, la charité, &c... Après cela dites tout ce que vous voudrez, je ne mourrai point sans Viarique.

Ce qui doit beaucoup adoucir nos peines dans l'impuiffance de recevoir le Viatique, c'eft que nous fommes fur le point d'aller trouver Jesus-Chrift pour n'être plus feparés de lui. Quand l'Epoux arrive, l'Epoufe n'a plus: tant de peine de n'avoir pas reçu de lettres de lui pendant fon abfence: elle ne s'étonne pas du bruit qu'elle entend, quand elle apprend que c'est lui qui frappe à la porte.... Il eft bien aifé de fe confoler de ne voir plus JefusChrift fous les efpéces, quand on eft fi près de le voir fans aucune espéce, face à face.

Souvenez-vous qu'il n'y a pas une meilleure viande que de faire la volonté de notre Pere, & que ç'a toujours été là l'Eucharifte de J.. C. Ma nourriture, dit-il, eft de faire la vo-. lonté de celui qui m'a envoyé.

VIII. De la privation de l'Extrême-Onction.

IX. De Agonie.

Si je meurs entre les mains de perfonnes qui P. 399 m'infultent, je ferai d'autant plus heureufe que ma mort aura plus de conformité avec celle de J. C. qui fut un fpectable d'opprobre à toute la terre. On a infulté à Jefus-Chrift jufqu'à la mort..... Si l'Epoufe eft abandonnée, & qu'ik ne fe trouve perfonne qui la confole, elle aura plus de reffemblance avec fon Epoux, lorsqu'ib fouffrit l'agonie... L'Ange qui lui fut envoyé, nous apprend que nous recevrons la confola→→ tion du Ciel, quand celles de la terre nous manqueront....... Que l'Epoufe ne s'effraie point de le voir fans Prêtres à cette derniére heure, puifqu'elle y voit fon Epoux avec fes Apôtres..... Entrons feules comme lui & avec lui dans le Jardin des Oliviers, où la joie de la foi peut fubfifter avec la tristesses des fens.

X. Privation de la Sépulture Eccléfiaftique. ·

Les gens du monde ont quelquefois la foi P. 413ble & vaine gloire en mourant, de- laiffer' des monumens de leur gloire dans la vue de fe faire encore admirer après leur mort. Il me femble que les amatears de Jéfus-Chrift ont une raifon bien folide de se réjouir à la mort, quand ils penfent qu'ils auront encore le bon→ heur de fouffrir en quelque façon pour lui; même après leur mort..... Ils continuent leur victoire après leur vie..

Qu'on ne nous menace plus qu'on ne chan 4

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