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PENSÉES ET NOTES

RELATIVES

AUX JESUITES, AUX JANSÉNISTES

ET

AUX PROVINCIALES.

Ce chapitre, dans lequel nous avons recueilli une foule de fragments et de notes qui se rattachent à la lutte mémorable de Pascal contre les Jésuites, peut être considéré comme un Appendice des Lettres Provinciales.

La plupart de ces fragments sont extraits du MS. autographe. C'est avec un sentiment de bien vive curiosité que nous avons retrouve ces ébauches jusqu'à présent inconnues, ces indications rapides qui se pressaient pêle-mêle sous la première inspiration du génie pour devenir bientôt le chef-d'œuvre de notre langue. Fidèle à notre intention de conserver religieusement jusqu'à la moindre relique d'un si grand esprit, nous ne craignons pas de livrer au lecteur les notes mêmes les plus informes.

Ces notes ont d'ailleurs un intérêt historique, puisqu'elles montrent que Pascal écrivant les Lettres au Provincial n'était pas, comme on l'a quelquefois prétendu, l'instrument de la pensée d'autrui. Elles attestent avec quel soin il étudiait par lui-même les doctrines qu'il a combattues; elles nous font entendre le premier cri de sa conscience. MM. de Port-Royal, et particulièrement Arnauld, aidaient l'auteur des Provinciales dans ses recherches; ils lui donnaient des conseils et lui fournissaient des matériaux. C'est ainsi que parmi les fragments que nous publions se trouve une page de citations écrite de la main d'Arnauld et annotée de la main de Pascal. Mais si Pascal trouva à Port-Royal l'occasion des Provinciales et une partie des documents dont il se servit, son immortelle éloquence naquit de sa conviction, non moins que de son génie.

P. F.

PENSÉES

SUR LES JESUITES ET LES JANSENISTES.

1. State super vias et interrogate de semitis antiquis, et ambulate in eis. Et dixerunt: Non ambulabimus, sed post cogitationem nostram ibimus. Ils ont dit aux peuples Venez avec nous; suivons les opinions des nouveaux auteurs. La raison sera notre guide; nous serons comme les autres peuples qui suivent chacun sa lumière naturelle. Les philosophes ont

(Barré.)

Toutes les religions et les sectes du monde ont eu la raison naturelle pour guide. Les seuls chrétiens ont été astreints à prendre leurs règles hors d'euxmêmes, et à s'informer de celles que Jésus-Christ a laissées aux anciens pour être transmises aux fidèles. Cette contrainte lasse ces bons Pères ils veulent avoir, comme les autres peuples, la liberté de suivre leurs imaginations. C'est en vain que nous leur crions, comme les prophètes disaient autrefois aux Juifs: Allez au milieu de l'Église; informez-vous des lois que les anciens lui ont laissées, et suivez ces sentiers. Ils ont répondu comme les Juifs: Nous n'y marcherons pas;

La phrase est interrompue et tout le paragraphe est barré, dans le MS.

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mais nous suivrons les pensées de notre cœur. Et ils ont dit Nous serons comme les autres peuples.

*

:

II. Ils ne peuvent avoir la perpétuité et ils cher-442 chent l'universalité; et pour cela ils font toute l'Église corrompue afin qu'ils soient saints.

III. Peut-ce être autre chose que la complaisance 440 du monde, qui vous fasse trouver les choses probables? Nous ferez-vous accroire que ce soit la vérité, et que si la mode du duel n'était point vous trouveriez probable qu'on se peut battre, en regardant la chose en elle-même ?

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IV. S'ils ne renoncent à la probabilité leurs bounes 99 maximes sont aussi peu saintes que les méchantes; car elles sont fondées sur l'autorité humaine, et ainsi si elles sont plus justes elles seront plus raisonnables, mais non pas plus saintes. Elles tiennent de la tige sauvage sur quoi elles sont entées.

- Si ce que je dis ne sert à vous éclaircir, il servira au peuple.

-Si ceux-là se taisent, les pierres parleront.

Ce chiffre 3 écrit au haut de la page par Pascal, semble indiquer que ce fragment n'était que la suite d'un autre fragment que nous n'avons pas retrouvé, Il est entièrement écrit de la main de Pascal et c'est un des moins lisibles. Nous donnons à la fin de ce volume un fac-simile de la page 100 du MS. laquelle contient la seconde partie de ce fragment, qui est publié pour la première fois dans son intégrité.

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