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Le livre de M Claude était fort bien écrit et fort séduisant. M. Arnauld, le voyant, fut surpris et jugea que M. Menjot l'avait trompé. Cependant il dit que puisque Dieu par cette occasion l'engageait à travailler, il fallait obéir et que cet écrit avait besoin de réponse. Alors il fit imprimer le petit écrit entier, sous le titre de la Perpétuité de la Foi, en un petit in-12, avec la réfutation de l'écrit de M. Claude. M. Claude ensuite et les autres hérétiques l'ayant attaqué, il entreprit avec M. Nicole les grands ouvrages qu'on a vus sur cette matière. Il fit venir les certificats des évêques grecs par plusieurs personnes; et M. de Ponponne, en lui envoyant de Suède quelques-uns de ces certificats, lui mandait qu'il n'avait point vu en France de meilleurs catholiques que ces évêques grecs, excepté un certain filioque qu'ils oubliaient toujours dans leur Credo, et que lorsqu'il leur avait dit la raison pour laquelle il leur demandait ces certificats et quelle était la créance des huguenots sur la présence réelle, ils s'étaient emportés avec des gesticulations extraordinaires, montrant par là l'horreur qu'ils en avaient.

N° IV. Extrait d'un écrit intitulé: Relation de l'état présent du jansénisme en la ville de Clermont, en 4664 1.

Le jansénisme n'a pas plutôt paru en France qu'il a eu des sectateurs dans Clermont, et si l'Auvergne a fomenté cette secte dans sa naissance, ayant été le lieu d'origine de Mrs. Arnauld, Bourzez, Brousse, Rebours, Laporte, Mauguin et Pascal, la ville de Clermont contribue beaucoup à son progrès et à sa conservation.

Car comme les esprits de cette province pour l'ordinaire s'attachent avec obstination aux sentiments dont ils sont une fois prévenus, les décisions de l'Eglise et les ordonnances du

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III recueil MS. du P. Guerrier, pag 198. Note du P. Guerrier: «On trouve une partie des calomnies que cet écrit contient dans l'ordonnance de M. Louis Destaing, évêque de Clermont, publié en son synode, le 9o jour de juin 1661. »

roi n'ont pas tellement étouffé les semences de cette erreur qu'il ne reste encore quelques personnes qui non-seulement en conservent les impressions secrètes, mais qui même en font une profession publique. La secte est composée de plusieurs laïques des deux sexes les plus considérables sont le sieur Montorcier, président en la cour des aides; le sieur Perier, conseiller en la dite cour, et la demoiselle Pascal sa femme, le sieur Guerrier, avocat, et la nommée Baudoin, sagefemme'; mais le plus signalé est le sieur Domat, avocat du roi au présidial du dit Clermont, lequel, ayant quelque vivacité d'esprit et s'étant employé uniquement à l'étude de ces matières, passe pour le plus habile, fait leçons à ses confédérés et corrompt une partie de la jeunesse qui fréquente le palais. Il ne paraît pas que les ecclésiastiques soient engagés dans ce parti, à la réserve du sieur Courtin, doyen de l'église collégiale de St-Amable à Riom, lequel est un fameux janséniste, et qui vient souvent à Clermont pour rendre ses assistances à la cabale. Il faut faire quelques communautés ecclésiastiques dont plusieurs particuliers donnent sujet d'un juste soupçon... etc...

Note du P. Guerrier. « J'ai trouvé cette pièce parmi les papiers que Me Perier a donnés à la bibliothèque des PP. de l'Oratoire de Clermont. Je ne sais qui en est l'auteur; mais je conjecture qu'elle peut bien être l'ouvrage de quelque jésuite du collège de Montferrand, »

No V. Lettre du R. P. dom Antoine-Augustin Touttée, religieux bénédictin, à M. l'abbé Perier 2.

Monsieur,

J'ai l'honneur de vous renvoyer les trois écrits que vous avez bien voulu me communiquer. Au bas des deux petits

1 Note du P. Guerrier : « J'ai vu plusieurs lettres de M. Arnauld à M. Perier, où ce docteur la salue. » Le docteur Vallant faisait beaucoup de cas de Made Baudoin; et l'on trouve dans ses portefeuil

les un traité composé par elle sur l'art des accouchements.

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Ir Recueil MS. du P. Guerrier, pag. DCCCLXXIV.

écrits j'ai mis le titre qu'on pouvait à peu près leur donner; j'ai mis aussi à la marge du grand quelques observations. Il y en a une générale à faire, qui est que cet écrit, promettant de parler de la méthode des géomètres, en parle à la vérité au commencement, et n'en dit à mon avis rien de particulier; mais il s'engage ensuite dans une grande disgression sur les deux infinités de grandeur et de petitesse que l'on remarque dans les trois ou quatre choses qui composent toute la nature, et l'on ne comprend pas assez la liaison qu'elle a avec ce qui fait le sujet de l'écrit. C'est pourquoi je ne sais point s'il ne serait point à propos de couper l'écrit en deux et de faire deux morceaux séparés car il ne me semble pas bien qu'ils soient faits l'un pour l'autre. Au reste cette seconde partie m'a paru contenir beaucoup de belles choses, parmi quelques-unes qui sont assez communes. Je voudrais communiquer cet écrit à M. Varignon pour en dire son sentiment.

Je travaille à rédiger en ordre les pensées contenues dans les trois cahiers que vous m'avez laissés. Je crois qu'il ne faudra comprendre dans ce recueil que les pensées qui ont quelque chose de nouveau, et qui sont assez parfaites pour faire concevoir au lecteur du moins une partie de ce qu'elles renferment. C'est pourquoi je laisserai celles qui n'ont rien de nouveau soit pour le sujet, soit dans le tour et dans la manière, et celles qui sont trop informes, en sorte qu'elles ne peuvent présenter assez parfaitement leur sens. Je me recommande à vos saints sacrifices et à votre souvenir. Je suis avec estime et avec respect.

Saint-Denis, ce 12 juin 1711.

No VI. Lettre de M. l'Evêque de Comminges à M. Etienne Perier, sur les Pensées de Pascal.

De Paris, ce 21 janvier 1670.

Monsieur, un voyage que j'ai fait m'a empêché de faire réponse plus tôt à la lettre que vous m'avez si obligeamment

écrite; je ne mérite aucun remercîment de l'approbation que j'ai donnée aux pensées de M. Pascal, mais je vous en dois beaucoup de l'honneur que vous m'avez fait de vouloir que mon nom parût dans cet excellent ouvrage. Pour les endroits, Monsieur, sur lesquels j'ai proposé des doutes, j'ai sujet de me louer de la bonté de ceux qui ont pris soin de l'impression, et ils ont bien voulu avoir assez de condescendance pour faire les changements qui m'ont paru nécessaires : je vous supplie d'excuser en cela ma faiblesse, et d'être persuadé que je n'ai pas eu la présomption de croire que mon sentiment dût prévaloir; mais j'ai pensé devant Dieu être obligé de l'exposer sincèrement. Au surplus, Monsieur, je vous dis en vérité que je n'ai jamais rien lu qui m'ait paru si plein de lumière que ces pensées. Nous n'étions pas dignes de la perfection de cet ouvrage. Je suis, etc.

GILBERT DE CHOISEUIL, Evêque de Comminges.

No VII. Lettre de M. de Brienne à Made Perier 1.

Ce 16 novembre (1668).

On ne peut pas, madame, avoir céans M' votre fils qui nous fait l'honneur de coucher ce soir chez le mien après y avoir dîné ce matin et avoir travaillé tout le jour céans pour mettre enfin la dernière main aux fragments de Monsieur votre illustre et bien heureux frère, après qu'il ont subi tous les examens de M' Roannez, ce qui n'est pas peu de chose; et ne veux pas dire un mot d'une si agréable occupation que nous avons présentement. Mr de Roannez est très-content, et assurément l'on peut dire que lui et ses amis ont extrêmement travaillé. Je crois que vous l'en devez remercier. Nous allons encore faire une revue, Mr votre très-cher fils et moi, après laquelle il n'y aura plus rien à refaire, et je crois que notre dessein ne vous déplaira pas, ni à M' Perier que je salue ici avec votre permission, puisque nous ne faisons

II Recueil MS. du P. Guerrier, pag. 71.

autre chose que de voir si l'on ne peut rien restituer des fragments que Mr de Roannez a ôtés. Demain nous achèverons ce travail, s'il plaît à Dieu. J'ai présentement de la tête et de la santé à revendre, grâces à vos prières et à celles de nos amis et amies à qui j'attribue ma guérison, car j'ai été trop mal et mes incommodités avaient duré trop longtemps pour que j'eusse osé espérer d'en être quitte si tôt, ce qui fait que je regarde ma guérison comme un petit miracle. Notre bon Dieu en soit béni, et qu'il me fasse la grâce s'il lui plaît, de mieux user de ma santé que je n'ai fait par le passé. Je ne sais, madame, comment vous remercier de vos. belles pommes; vous moquez-vous de faire de tels présents? Je ne sais ce qui me tient que je vous gronde au lieu de vous remercier. Car je suis encore trop glorieux pour pouvoir souffrir qu'on me donne, sans rendre un présent qui puisse égaler celui qu'on m'a fait, et par malheur je n'ai ni pommes ni poires à vous envoyer. Je ne me vante de rien, mais j'ai bien envie un de ces jours de vous faire aussi quelque trait à mon tour. Au moins ne refusez pas des livres de ma façon et de la nature de celui qui est maintenant sous la presse, ni mes chères sœurs que je vous supplie aussi d'embrasser pour moi et de les assurer que je ne les oublierai jamais devant notre Seigneur. Comment va la tête de M' Domat, je le salue avec votre permission, comme aussi Mrs vos fils et Mr leur précepteur que j'aime à cause d'eux et de vous plus que je ne puis dire. Je voudrais que vous nous les envoyassiez tous je vais établir un petit collége chez mon fils, et Mr de Rebergue ne serait pas un de nos moindres maîtres, vos deux enfants de nos moindres écoliers; au moins ne m'en saurait-il venir qui me soient plus chers. Auriez-vous espéré de me voir jamais principal de collége? Envoyez-nous au plutôt les cahiers de M. Pascal qui vous restent, et qui nous manquent, et mandez-nous votre dernière volonté : nous l'exécuterons très-ponctuellement. Quelle joie n'ai-je point de trouver une fois en ma vie une petite occasion de vous servir, en la personne du monde qui vous était la plus chère et qui aussi était la plus digne d'être

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