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Que Phébus adressoit à l'ombre d'Hyacinthe.
Ainsi mille zéphyrs portoient jusques aux cieux
Du maître de Bacchus les chants mélodieux,
Quand la nuit, terminant ce beau jour avec peine,
Sépara les pasteurs de l'aimable Silene.

NOTES.

SILENE instruit deux bergers; il leur chante l'origine et la formation de l'univers, né du concours fortuit des atomes, selon le systême d'Epicure. Il leur raconte ensuite différents traits de l'histoire des siecles fabuleux. Quelques critiques condamnent encore ici Virgile, et prétendent que la matiere de ce poëme est trop élevée pour l'Eglogue: d'autres justifient le poëte, et pensent qu'aucun sujet n'est audessus de la poésie bucolique, quand est présenté aux yeux sous un voile pastoral. Je me rangerois volontiers à ce dernier sentiment, sur-tout pour le Silene. Cette piece ne renferme rien qui ne soit à la portée des bergers qu'on doit supposer cultivés, polis, et d'une imagination exercée aux idées poétiques, tendres et riantes.

Premier imitateur du berger dont la muse...
Théocrite.

Apollon, peu facile à ces hardis projets...

Auguste avoit ordonné à Virgile d'écrire dans le genre pastoral. Ce prince aimoit à se voir désigné sous le nom et les attributs du dieu de la poésie.

Que d'autres, ô Varus, plus chers aux doctes fées...

Quintilius Varus s'étoit acquis quelque réputation dans les armes au temps que Virgile écrivoit ce poëme. Il fut ensuite célebre par ses malheurs et par la perte des trois légions qu'il commandoit en Allemagne, et qu'Arminius défit dans la forêt de Tomberg.

Des filles de Prétus les fureurs sont connues.

Lysippe, Ipponcé, et Cyrianesse, filles de Prétus et de Stenoboé, se vanterent d'être plus belles que Junon. La déesse, jalouse et irritée, les frappa d'un genre de folie qui leur fit croire qu'elles étoient métamorphosées en vaches.

Il chante aussi Gallus, des rives du Permesse...
Cornelius Gallus, poëte, ami de Virgile.

Quand l'heureux Eurotas, arrêté sur ses bords...
Fleuve voisin de Lacédémone.

MÉLIBÉE.

DISPUTE PASTORALE.

CORYDON, TYRSIS, MELIBÉE.

MÉLIBÉE.

Sous de frais alisiers Daphnis étoit assis :
Près de lui deux bergers, Corydon et Tyrsis,
Gardoient tranquillement, couchés sur des feuillages,
Leurs troupeaux réunis dans les mêmes herbages;
Tous deux jeunes encor, nés aux mêmes hameaux,
Dans l'art de bien chanter furent toujours rivaux.
Ils alloient commencer leur dispute incertaine,
Le hasard m'amena vers le lieu de la scene:
(Je cherchois mon bélier égaré dans ces champs,

«

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Tandis que je plaçois mes myrtes loin des vents.)

Venez, me dit Daphnis, j'ai vu dans cette route

« Un bélier vagabond, que vous cherchez, sans doute ;

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Soyez moins inquiet, il suivra les troupeaux

Que le soir va conduire aux sources de ces eaux :

Partagez avec nous sur ces rives fécondes

« Le plaisir d'un concert et la fraîcheur des ondes.
<< Ce beau fleuve, en baignant ce bocage secret,
<< Coule plus lentement, et s'éloigne à regret;
<< A nos yeux enchantés son cristal représente
« D'un ciel riant et pur la peinture flottante;

« Là le bruit de l'abeille errante sur les fleurs

<< Joint aux chants des oiseaux des sons doux et flatteurs. »
Il dit. De tant d'attraits pouvois-je me défendre ?
D'autres soins m'appeloient; mais fallut me rendre.
Déja l'heure approchoit de fermer mon bercail;
En faveur des bergers je remis ce travail.
Soumis aux doctes lois des muses pastorales,
Tour-à-tour ils formoient des cadences égales;
Dans ses chansons Tyrsis parut trop plein d'aigreur :
Le chant de Corydon avoit plus de douceur.

CORYDON.

Vous qui formez Codrus, déités d'Hippocrene,
Formez aussi mon goût aux plus aimables vers;
Je suspends pour toujours ma flûte à ce vieux frêne,
S'il ne m'est point donné d'égaler ses beaux airs.

TYRSIS.

Vous, dont l'art aux beaux vers donne l'ame et la vie,
D'un lierre immortel, muse, parez mon front;

Que le pâle Codrus en expire d'envie ;

Que pour lui mes honneurs soient un mortel affront.

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