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Je le porte trois fois autour de trois autels;
Ce nombre fut toujours chéri des immortels.

<< Charmes impérieux, puissance enchanteresse,

<< Ramenez mon berger, ou chassez ma tendresse.»> Forme trois nœuds, Isis, et chante en les formant,

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Que Vénus soit propice à ce lien charmant. »

« Charmes impérieux, puissance enchanteresse,

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Ramenez mon berger, ou chassez ma tendresse. >>
L'argile s'endurcit à ce feu de lauriers,

La cire s'attendrit près des mêmes brasiers;
Ainsi, que pour moi seule attendri, doux, sincere,
Daphnis soit endurci pour toute autre bergere.
Cieux, enfers, unissez vos secours à mes vœux;
Et toi, puissant Amour, porte-lui tous tes feux.
<< Charmes impérieux, puissance enchanteresse,
<< Ramenez mon berger, ou chassez ma tendresse. »
Non, non; perdons l'ingrat; qu'il éprouve à son tour
Le tourment de m'aimer sans me donner d'amour:
Qu'il souffre, sans me voir sensible à son supplice,
Ce que souffre un taureau que fuit une génisse,
Quand, las de la poursuivre, il tombe au bord des eaux,
Et ne peut vers la nuit rejoindre les troupeaux.
J'en jure ces autels, s'il résiste à mes charmes,
Ses jours sont dévoués à d'éternelles larmes.
Pourquoi garder ses dons autrefois si chéris?
Il n'a plus de tendresse, elle en faisoit le prix

De la foi des amants trompeurs et foibles gages,
Que sert votre secours contre des cœurs volages?
Brûlez, disparoissez, chers et tristes présents,
Puisque je perds un cœur dont vous m'étiez garants.

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Charmes impérieux, puissance enchanteresse,

<< Ramenez mon berger, ou chassez ma tendresse. >> Un savant enchanteur aux rives de Colchos

M'a cueilli ces poisons nés du sein des tombeaux.
Le pouvoir redouté de ces fatales herbes
Fléchit des noirs torrents les déités superbes :
Par leur secours vainqueur l'amante de Jason
Conquit à son héros la brillante toison:

Souvent au fond des bois, par leur vertu suprême,
J'ai vu Moris en loup se transformer lui-même ;
Dans l'horreur de la nuit autour des monuments
Il erre, il soumet tout à ses enchantements;
Des portes du trépas et des royaumes sombres
Aux ordres de sa voix j'ai vu sortir les ombres;
Vers leurs sources j'ai vu les fleuves remontés,
Et dans d'autres guérets les épis transplantés.
<< Charmes impérieux, puissance enchanteresse,
<< Ramenez mon berger, ou chassez ma tendresse. »
Le cruel ne vient point. Que servent mes accents ?
Un Dieu plus fort rend-t-il mes efforts impuissants?
Tentons un dernier charme : Isis, prends cette cendre;
Dans le ruisseau voisin nous devons la répandre ;

Répands-la loin de toi, sans y porter les yeux:
Ici peut-être enfin le ciel m'aidera mieux.

« Charmes impérieux, puissance enchanteresse,

<< Ramenez mon berger, ou chassez ma tendresse. » Que vois-je ? dieux du Styx, seriez-vous moins cruels? Quel présage brillant embellit ces autels!

La cendre de ces fleurs se ranime elle-même :

Dois-je m'en croire ? Hélas! on croit tout, quand on aime!
Non, ce n'est point l'erreur d'un trop crédule amour;
Le chien de mon berger m'annonce son retour.
Aux charmes infernaux d'un magique mystere
Fais succéder, Amour, les charmes de Cythere.

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SOUTIENS

NOTES.

ENS mes foibles chants, ô toi que la victoire... Octavien-César; il venoit de la bataille de Philippe, dans laquelle il avoit défait l'armée de Brutus et de Cassius, meurtriers de Jules-César.

Mais avant que sa voix sur de plus nobles airs...

Il annonce l'Enéïde. J'ai cru pouvoir mettre ici Homere, au lieu de Sophocle que porte le texte.

Il répéta ces vers qu'avoit dits la bergere.

Cette piece a beaucoup de l'air de la seconde idylle de Théocrite, où Siméthée, abandonnée aussi de son amant, pratique dans un sacrifice nocturne les mêmes cérémonies à-peu-près que la magicienne de Virgile.

ÉGLOGUE IX.

MOERIS.

LYCIDAS, MOERIS.

LYCIDA S.

UEL sujet, cher Maris, vous conduit à la ville?

MOERIS.

Hélas! ici bientôt je n'aurai plus d'asile.
Ciel! à tant de malheurs si j'étois réservé,

A des ans si nombreux pourquoi suis-je arrivé ?

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« Fuis, m'a dit un cruel, fuis, cherche une autre terre;

Ton champ devient le mien par les lois de la guerre. >> Berger, tel est mon sort: vous voyez ces chevreaux, Malgré moi je les porte à l'auteur de mes maux; Mais plaise aux dieux pasteurs, souverains des prairies, Que ce présent forcé nuise à ses bergeries!

LYCIDAS.

Un berger m'avoit dit qu'en faveur des beaux vers,
Par votre fils Ménalque au dieu de Rome offerts,
On vous laissoit un champ depuis cette colline
Jusqu'à ce plant d'ormeaux que le fleuve termine.

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