CLÉON. Sans doute; il ne faut que le cœur. GÉRONTE. J'avois grande raison de prédire à ta mere VALERE. On reçoit donc ici quelquefois des nouvelles ? GÉRONTE. Qui sont-elles? Nous est-il arrivé quelque chose d'heureux ? Car, quoique loin de tout, enterré dans ces lieux, Julie a pris Damon, non qu'elle l'aime fort; Elle est bien, mais ma foi d'une horrible bêtise; Et le pauvre garçon n'y pouvoit plus tenir. CLÉON, bas à Valere. Très bien; continuez. VALERE. J'oubliois de vous dire Qu'on a fait des couplets sur Lucile et Delphire : GÉRONTE. Quels diables de propos me tenez-vous donc là? VALER E. Quoi! vous ne saviez pas un mot de tout cela ? GÉRONTE. Parbleu! dans ma maison, M'embarrassant fort peu des intrigues frivoles D'un tas de fréluquets, d'une troupe de folles; Aux gens que je connois paisiblement borné. Eh! que m'importe à moi si madame Phriné Ou madame Lucile affichent leurs folies? Je ne m'occupe point de telles minuties, Et laisse aux gens oisifs tous ces menus propos, Ces puérilités, la pâture des sots. Nous avons, je le vois, la tête un peu légere, Et je sens que Paris ne t'a pas mal gâté : Mais nous te guérirons de ta frivolité. Ma niece est raisonnable, et ton amour pour elle VALER E. C'est moi, sans me flatter, qui vous corrigerai Je t'en dispense. GÉRONTE. VALERE. On peut vous rendre un homme aimable, Mettre votre maison sur un ton convenable, Vous donner l'air du monde au lieu des vieilles mœurs: On ne vit qu'à Paris, et l'on végete ailleurs. CLÉON. (bas à Valere.) (bas à Géronte.) Ferme!... Il est singulier. GÉRONTE. Mais c'est de la folie. Il faut qu'il ait... VALERE. La niece est-elle encor jolie? GÉRONTE. Comment encor! je crois qu'il a perdu l'esprit; Elle est dans son printemps, chaque jour l'embellit, Elle étoit assez bien. VALER E. CLÉON, bas à Géronte. L'éloge est assez mince. VALERE. Elle avoit de beaux yeux pour des yeux de province. GÉRONTE. Sais-tu que je commence à m'impatienter, VALERE. Vous voulez des fadeurs, de l'adoration ? Je l'aime... sensément. GÉRONTE. Comment donc ? |