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loigne. Le bruit de la canonnade devient plus violent que jamais.)

NAPOLÉON.

Mon empire détruit !... ma dynastie chassée!.... mon nom couvert d'ignominie !... la France abattue !... la colonne jetée à terre, et demain peutêtre mes cendres jetées au vent... Ah! pourquoi ne m'a-t-on pas laissé à Sainte-Hélène !

(Napoléon s'assied auprès de la grille qui entoure le soubassement de la colonne, et reste longtemps à cette place, abîmé dans ses réflexions. - Quatre heures sonnent. Le jour commence à paraître. Un bataillon de fédérés arrive par la rue de la Paix et traverse la place Vendôme aux cris de Vive la Commune! A bas la Colonne!)

UN FÉDÉRÉ, Secouant Napoléon par le bras.

Hé mon brave, que faites-vous là à cette heure?

(Napoléon se redresse; il veut jeter un dernier regard sur la colonne, mais le courage lui manque, et, sans oser lever les yeux, il reprend le chemin des Invalides).

LA BARQUE

VII

LA BARQUE*

Caron, Mercure, plusieurs morts, Proudhon. Le Bœuf, Marguerite Bellanger, l'empereur Guillaume, le prince de Bismark, Rouher, Renan, le prince de Hohenzollern, le comte de Moltke, Garibaldi, Littré, Victor Hugo.

Sur la rive du Styx.

CARON.

Sachez où nous en sommes. Ma barque est petite, usée; elle fait eau presque de toutes parts. Pour peu qu'elle penche d'un côté, elle chavirera. C'est qu'aussi vous arrivez tous ensemble et tous chargés de bagages! Oui, si vous montez avec tous ces paquets, je crains fort que vous n'ayez à vous en repentir, surtout ceux d'entre vous qui ne savent point nager.

Comment faire ?

LES MORTS.

1 Voyez Lucien, Dialogues des Morts, X: Caron, Mercure, plusieurs morts, Menippe, Charmoleus Lampichus, Damasias, un philosophe, un orateur.

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