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VOLTAIRE.

« O Paris! ô Paris! sois digne, si tu peux, du vainqueur que tu recevras dans ton enceinte (1).» Quel bonheur, monsieur le comte, de pouvoir dans quelques instants redire à votre roi Guillaume ces paroles que j'adressais un jour à mon roi (*), à Frédéric le Grand : « Sire, me voilà dans Paris; c'est, je crois, votre capitale (3).»

(Le soleil se lève et dore de ses premiers rayons le toit de la mairie du XIe arrondissement, la mairie du citoyen

Mottu.)

VOLTAIRE.

Voici le jour. Adieu, mes amis.

(Son ombre s'évanouit dans les airs. Le bruit de la musique se rapproche).

M. ABOUT, portant les mains à son front. Ah! malheureux que je suis! Qu'ai-je fait? (I s'évanouit sur le pavé.)

M. DE BISMARK, très-légèrement ému.

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Pauvre garçon! (Relevant les yeux vers la statue de Voltaire.) Toutes réflexions faites, je la laisserai ici : cette statue, au cœur même de Paris, n'est pas pour me déplaire. Un homme n'a cessé,

(1) Op. cit., 1er septembre 1740. (2) Op. cit., 11 mars 1737:

Vous êtes fait pour être mon roi, bien plus assurément que saint François d'Assise ou saint Dominique ne sont faits pour être mes saints; c'est donc à mon roi que j'écris..

(3) Op. cit., juin 1742.

pendant toute sa vie, de dénigrer la France devant les étrangers; il a applaudi aux victoires de la Prusse, il a revendiqué comme un titre de gloire le nom de Prussien, et c'est à cet homme, au Prus

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sien Voltaire, que les Français élèvent une statue, et ils choisissent pour cela l'heure où la Prusse victorieuse envahit la France ! Ces Welches me font toujours rire!

(Il allume un cigare, et, après avoir salué de la main 1 statue de Voltaire, remonte les boulevards jusqu'à la hauteur de la rue de la Paix, passe devant la colonne Vendôme et se dirige, par la rue de Rivoli, vers les Champs-Elysées où, de l'Arc-de-Triomphe aux Tuileries, retentit la marche prussienne Pariser Einzug.)

A LA PORTE DE LA CHAMBRE

II

A LA PORTE DE LA CHAMBRE

M. Glais-Bizoin, M. de Tillancourt, le marquis d'Andelarre, le vicomte de Meaux, M. Victor de Laprade, M. Vitet, premier huissier, second huissier, groupes de députés.

La scène se passe au Grand-Théâtre de Bordeaux, dans la salle des Pas-Perdus, le jour de l'ouverture de l'Assemblée nationale (12 février 1871).

SCÈNE PREMIÈRE.

M. GLAIS-BIZOIN, entrant par la gauche; PREMIER HUISSIER, auprès de la porte de droite.

M. GLAIS-BIZOIN.

Personne encore!

PREMIER HUISSIER, s'approchant.

Bonjour, monsieur Glais-Bizoin..... Est-ce que vous ne me remettez pas ? Nous sommes pourtant

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