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NOUVELLES

LITTERAIRES.

Es Affemblées de Sorbonne dont

"LES j'étois bien aife de donner une re

lation exacte & détaillée, m'ont obligé à renvoyer à ce troifiéme volume l'éloge hiftorique de M. l'Abbé Boileau. L'empreffement avec lequel on me le demande, fait plus d'honneur à ce Docteur celebre, que toutes les louanges que je pourrois lui donner. Ce fera donc proprement l'hiftoire de fes Ouvrages que je ferai, conformément au plan que je me fuis propofé dans la Préface, qui eft à la tête du premier volume de ce Recueil. La veritable maniere de bien louer les Sçavans, c'eft de faire connoître leurs Ouvrages.

Mcflire Jacques Boileau, Docteur en Theologie, & Doyen de la Faculté de Paris, Senieur de la Maifon de Sorbonne, & Chanoine de la Sainte Chapelle du Palais, mourut après une longue doulourcufe maladie, le premier jour de mois d'Août 1716. à onze heures du na tin, âgé de 83, ans. Il étoit fils de Gilles Boileau

Boileau, Greffier de la Grand'-Chambre du Parlement de Paris, d'une ancienne & honorable *Famille de la Robe, & qui fut tres-eftimé en fon tems, pouf fa probité & la candeur de fes mœurs (a).

M. l'Abbé Boileau nâquit le 16. Mars 1635.il fit fes Humanitez avec beaucoup de fuccès, au College d'Harcourt, & fon cours de Philofophie à celui de Beauvais (b), fous le fameux Regent Omoloy, alors l'oracle de la Philofophie. Il ne parut pas avec moins d'éclat fur les Bancs de Sorbonne ; il fut Prieur de fa ; Licence depuis le mois de Mars (c) de l'an 1660. jufqu'au même mois de l'année fuivante, & il reçut le Bonnet de Docteur le 22. Mai 1662. M. de Gon

(a) Voici la jolie Epigramme que Gilles Boileau, fon fils, avoit fait étant encore tres-jeune, quoyque déja Avocat au Parlement, pour mettre au bas de fon Portrait après la mort ; elle eft connue de tout le monde.

Le Greffier dont tu vois l'image,

Travailla plus de foixante ans ;

Et cependant à fes enfans

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Il a faiffe pour tout partage,
Beaucoup d'honneur, peu d'heritage,
Dont fon fils l'Avocat enrage.

(b) Deux Colleges celebres de l'Univerfité.

(ufage eft different à prefent ; les Licences comacent, & l'élection des Prieurs fe fait le fecond jour de l'année. M. Boileau fit fa Licence avec le celebre Charles ô Molony, Irlandois, & depuis Evêque de Limerik en Irlande, avec qui il a toujours depuis été lié d'unq Sétroite amitié.

Pieces Fug. Tam, HI.

F

drin (d), Archevêque de Sens, qui a été tant qu'il a vêcu, à la tête de toutes les affaires ecclefiaftiques, & qui calma par fa prudence & par fon autorité, les orages qui s'éleverent en ce tems-là, dans Eglife de France, s'attacha M. l'Abbé Boileau, & le fit Doyen de Sens. On fçait affez la part qu'il eut pendant & après la vie de ce Prelat, à tout ce qui fe paffa dans cette Eglife particuliere; ainfi il eft inutile d'en rappeller ici le souvenir: il fuffit de remarquer qu'il y merita l'eftime & la veneration du public par fa vertu & par fon merite, & qu'il fut enfin rendu à fa patrie en 1694. le feu Roi lui ayant donné, à la priere de fon frere M. Boileau Defpreaux, un Canonicat à la Sainte Chapelle, dont il a joüi jufqu'à la mort.

M. Boileau n'a été Doyen de la Facul té de Paris qu'un peu moins de trois mois, c'eft à dire, depuis la mort de Mre François Huart (e), Docteur de la Maison de Navarre, arrivée le 2. Mai dernier. Mre Antoine Bouzier d'Etoüilly,Senieur(f)

(d) Grand Oncle de M. le duc d'Antin, 2. des plus habiles Prelats de fon tems,

(e) Docteur depuis le 10. Mai 1660 & qui avoit éc ci-devant Chanoine & Archidiacre de Coutances.

(f) C'est à dire ancien, qui eft comme le Chef de la Maison de Sorbonne. Feu M. d'Etoüilly, étoit frere de

de Sorbonne,à qui M.Huart fucceda dans le Decanat, mourut le 11. Mars 1716. M. l'Abbé Boileau étoit frere de Gilles Boileau, dont j'ai déja parlé, & mort en 1669. & de Nicolas Boileau Defpreaux mort le 13. Mars 1711. tous deux de l'Académie Françoise & tous deux fort connus par le genie qu'ils avoient pour la Satyre, furtout le dernier, que perfonne n'a encore égalé en ce genre, & qui a lui-même furpaffé les Anciens.

Voici un détail exact & circonftancié des Ouvrages de M. l'Abbé Boileau. Le premier qu'il publia en François (g) à Mons, fut un éclairciffement d'un paffage de S. Auguftin, cité dans ce qu'on appelle la petite perpetuité de la foi, fous le nom du Sieur Barnabé. Il le donna en 1667. étant Doyen de l'Eglife de Sens. Il fit imprimer peu de tems après, & dans la même année, deux autres Ouvrages: 1. Un Recueil de diverfes pieces touchant les cenfures de la Faculté de Theologie de Paris, contre Vernant & Amadée (b) Guimenius. 2. Un Ecrit

M. d'Etouilly, Maître des Comptes, & fils de M. d'Etouilly, Maître des Eaux & Forêts de Chaunes en Picardie. (g) Eclairciffement fur un paffage de S. Auguftin. (b) Thomas de Moya, Jefuite Portugais, qui fe cas ha fous ce nom. Parmi ces Pieces, il y a des Confide

Latin fous ce titre : De Marcelli Ancyrani (i) ad Decretalem fuperfpecula de magifiris, pour faire voir que les Profeffeurs en Theologie des Univerfitez, në font point compris dans cette Decretale, & qu'elle ne leur accorde point le privilege de pouvoir jouir du revenu d'une Prébende fans y réfider. Cet Ecrit contient trois Differtations, dont les deux premieres regardent la queftion dont je viens de parler, je veux dire la réfidence des Chanoines; mais ce n'eft que la premiere de ces deux qui fut publiée en 1667. La feconde n'a paru (k) qu'en 1695. avec la troifiéme Differtation qui eft fur les attouchemens deshonnête De tactibus impudicis (1), & à laquelle il a joint unDialogue critique des bévûës (*) rations refpectueufes fur un Bref d'Alexandre VII. dont M. l'Abbé Boileau eft Auteur. Quoy que ce Recuëil eut déja paru en François à Munster en 1666 il eft pourtant certain que l'E lairciffement fur le paffage de S. Auguftin, eft le premier de fes Ouvrages; mais il ne fut imprime qu'après la premiere édition de ce Recueil, &c.

(i) y a un Ecrit de feu M. de la Morliere, DoAteur de Sorbonne, & ami de M. Boileau, fur cette Disertation, dans les Effais de Litterature ou le Supplement de ces Effais ; je ne me fouviens pas précisément les quel c'eft.

(k) En cette année il fit réimprimer fa pr Differtation: Ad Decretalem fuperfpecula, & y ajo. une feconde Differtation [ qui eft fur le même fujet fut } la Decretale: Ad audientiam de Clericis non refidentibus. (4) Il y prouve que ces fortes d'attouchemens font des pechez mortels : on n'en a jamais trop douté.

Colloquium criticum de Phalmatis virorum in re lite

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